La Voix De Rokugan

Retsu s'inclina respectueusement et adressa un courte prière à Osano-wo, le remerciant silencieusement pour les bienfaits qu'il avait la bonté d'accorder aux hommes.

Il se dirigea ensuite vers les appartements qu'il partageait avec Kei-chan, jetant un coup d'oeil rapide à la lune alors qu'il sortait du sanctuaire...

Appartements où il donna l'impression à sa jeune épouse de voir arriver un chargement de saké...

Le bruit du brûle-encens en céramique qui éclata sur le plancher réveilla Kei, qui avait déjà eu du mal à s'endormir. Puis vint l'odeur : une affreuse odeur de tripot. Un heimin arrosant largement la fête du riz (nombreux sont ceux à l'apprécier avec du saké... un bien pratique "produit dérivé" de la céréale) n'aurait pas senti moins fort. Il aurait fait plus chaud, elle y aurait cru. Elle vit cependant la silhouette de Retsu, accroupi par terre qui tentait de ramasser les morceaux de faïence.

L'odeur commença à lui porter au cœur. elle se redressa sur le futon en essayant d'y voir clair dans la pénombre.

- Tu pues la vinasse, commença-t-elle aimablement. T'es tombé dans un fût bon sang?!

"J'en sais rien..." repondit Retsu d'un air piteux.

"Je me souviens d'avoir discute avec Kuni Shinichi et puis plus rien... Je me suis reveille devant la statue d'Osano-wo-okami..."

"La seule fois ou cela m'est arrive c'est quand Bayuri nous a drogue...."

- J'ouvre les shoji sinon je vais rendre mon dîner.

Kei se leva en repoussant les draps et marcha précautionneusement pour ne pas s'entailler la plante des pieds. Elle fit glisser le panneau de bois et un filet d'air frais s'engouffra dans la chambre, ainsi qu'une douce clarté de lumière lunaire. Elle apporta la bassine d'eau près de la porte pour que Retsu l'ait à portée de main, recula et lui jeta un mouchoir en tissu.

- Débarbouille toi ou dors dehors, tu sens comme lors d'une journée de paye...

Il a juste du boire de trop avec Shinichi... On est loin des intrigues d'avant la catastrophe tour de même. Qui ferait ça ?

- Shinichi tu dis? Il va bien?

Retsu s'executa, honteux.

"Pas terrible. Il a ete defigure... Il m'a dit qu'il avait perdu sa femme et la boutique qui devait les faire vivre tous les deux... Bref il est en difficulte et il voulait savoir si il etait possible de l'aider a entrer au dojo en tant que sensei. J'ai dit oui..."

- Je suppose que ça ne devrait pas trop posé de souci. Peut-être qu'on aura l'occasion de le revoir sous peu.

J'aime autant être là. Si c'est pour finir rond comme une queue de pelle quand ils sont tous seuls...

- Vous êtes allés où ?

"On s'est retrouvé à la taverne des ombres..." fit Retsu en ôtant son kimono pour se rafraîchir.

"Mais je ne sais rien de la suite... C'est le néant absolu."

- Franchement vu ton haleine et ta diction, je dirais que ton amnésie ne m'étonne pas vraiment...

Pas que son mari ait l'habitude de se souler, ni même ne tienne mal l'alcool mais force était de constater que cette fois c'était malgré tout ce qui restait le plus plausible.

- Je veux bien t'accorder le bénéfice du doute mais franchement... Tu te rappelles de quelque chose de bizarre ?

Il se rinçait le visage mais rien n'y faisait, il y avait toujours cette horrible odeur. Kei s'approcha encore un peu plus des shojis extérieurs. C'est elle qui allait dormir dehors, au moins il y aurait des courants d'air. Mais là c'était beaucoup pour elle*.

* Allez utilisons donc ce cliché de l'odorat surdéveloppé des femmes enceintes

"Non. De rien..."

Avisant Kei qui s'avancait vers les shoji, il dit :
"Je vais dormir dehors Kei-chan. Je suis vraiment desole de t'avoir reveille..."

- Va juste te laver... Crétin... Je laisse ouvert en attendant.

Le capitaine de la garde dort dehors, mis à la porte par sa femme, le karo. Extraordinaire potin pour demain.

Les rumeurs allaient bon train en ce moment. Sûrement un mécanisme de défense post-catastrophe. Kei se demandait même comment on échappait à la production d'un journal underground, un peu comme "le dit du Genji" mais en quotidien ou hebdomadaire. Je suis sûre que ma mère aurait pu se pencher sur la question. Tient. Au moins ça changeait un peu le quotidien des gens, d'entendre tous ces trucs (mesquins, salaces et croustillants... telles étaient les nouvelles les plus agréables du moment).

"D'accord..." fit-il a voix basse en se dirigeant vers l'exterieur.

La salle de bain était déserte et il dut se laver à l'eau froide ne voulant déranger personne*.

[...]

Kei laissa les shoji ouverts, il ne faisait pas si froid de toute façon, l'air de la nuit leur ferait du bien. Elle alluma une des grosses lanternes de bois posé dans la chambre et finit de ramasser la porcelaine, les cendres et les bâtonnets éparpillés dans la pièce.
Elle se recoucha, un peu irritée de l'interruption de sa nuit.
Plus le temps passait plus il était difficile de trouver le sommeil le soir venu. Qu'il soit en plus haché, n'allait pas aider. Bref, ce n'était pas trop grave. Juste fatigant, au premier sens du terme.
Et puis elle n'avait pas spécialement l'habitude que Retsu boive. Elle espérait que ça ne se reproduirait pas trop souvent. C'était déjà arrivé mais c'était plutôt anecdotique... Ou alors c'était avec elle.
Elle ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'il avait dit sur "la drogue", mais elle avait décidé il y a quelques semaines d'arrêter d'être paranoïaque, aussi fit-elle ce qu'elle pût pour passer à autre chose et se rendormir.

*bien fait pour toi :p

Retsu se frictionna vigoureusement. Dans son etat, l'eau froide avait des vertus salvatrices... Et puis il y avait un cote repentant a traiter son corps ainsi. Le devot Retsu se purifiait en quelque sorte avant de retrouver son epouse...

Meme s'il se sentait toujours un peu vaseux, ce fut avec une vigueur nouvelle qu'il s'allingea pres de Kei...

Retsu entendait la respiration de Kei qui devait chercher le sommeil a moins qu'elle ne soit juste en train de se contenir.

"Je suis desole, Kei-chan." lui murmura-t-il avant de l'embrasser.

"Ca ne se reproduira pas." ajouta-t-il en se demandant quelle pouvait etre sa part de responsabilite dans cette affaire. Cette perte de souvenir le tourmentait, d'autant plus que si il appreciait de temps en temps ressentir une legere ivresse, il n'aimait pas etre saoul. Etait-ce donc autre chose ? Su oui pourquoi ??