La Voix De Rokugan

"Mes ordres viennent de quelqu'un qui a un rang supérieur au votre." répondit Retsu.

"Allez-vous nous suivre ou devons-nous vous emmener de force ?" ajouta-t-il.

"Cela ne me plairait pas car ce serait une situation fort embarrassante, Yasuki-dono..."

- Vous bluffez ! Jamais Taka n'oserait... j'en sais trop sur lui !

À ce mot, Shigeo murmura à voix basse, pour n'être entendu que de Retsu :
- Veux-tu que je fasse entrer mes hommes ?

Retsu hocha la tête à l'intention de Shigeo.

"Pour la dernière fois... Veuillez nous suivre, Yasuki-dono." fit le jeune homme, les mâchoires crispées.

Aux paroles de Taka, elle fut aussi soufflée que lui. Le daimyo était mort... Sa fille devenait la championne... Par les kami... Le clan était maudit... Et que devenait Yakamo alors ? Il était mort également ? Pourquoi ne reprenait-il pas les rênes du clan, comme prévu depuis des années ? Alors que Retsu sortait de la pièce, suivi de Shigeo, remarqua-t-elle innocemment, elle resta là les bras ballants, à se demander ce qui allait se passer...

(snip)

*

Les bushi de la garde grise étaient entrés, silencieusement, comme des loups. En les voyant, Bayuri avait pâli. Sa réplique était morte sur ses lèvres
- No... Vous voulez m'assassiner ! Traître !

Il dégaîna sa lame.

Retsu, dégaina son sabre dans un mouvement souple typique des bushis du clan de la grue et l'abattit en une frappe iaijutsu.

[L'idée est d'empêcher Bayuri d'utiliser son sabre. Je cherche donc soit à lui faire sauter l'arme des mains soit à lui trancher quelques doigts ou même la main. Bref désarmement ou coup ciblé, c'est toi qui voit ! Et oui j'utilise du vide ]

La tentative de dégaîner de Bayuri, et ses cris d'injures, se muèrent en un long hurlement. le sabre tomba, accompagné de quelques bouts de doigts.

- Mais vous êtes fou ! hurlait la viictime. Bayuri venait d'avoir la franche impression que sa vie venait de changer du tout au tout. Il menait une vie de privilèges et de douceur, sans devoir rendre de comptes à personne, même s'il devait parfois composer avec des choses pas vraiment reluisantes qu'il avait faites. Et il s'apercevait qu'il vivait dans un monde brutal, où l'acier guidait tout. Et que lui était désormas exclu du monde des combattants - à moins d'apprendre à utiliser la main gauche.

Il n'opposa plus une grande résistance.

Retsu rengaina son sabre sans rien dire.

Il pivota et sorti des appartements de l'ancien conseiller, son prisonnier et son escorte derrière lui.
Le trajet se fit en silence, exception faite des gémissements de douleur du blessé.

Arrivé aux cellules, le jeune homme confia Bayuri à la bonne garde des bushi présents.
Bizarre de songer que quelques jours plus tôt, c'était lui qui se trouvait en cage...

- Et maintenant, Retsu-sama ?

Shigeo avait l'air amusé de celui qui vient de faire une bonne blague - accepter un camarade comme nouveau commandant sans rechigner devant sans doute entrer dans sa définition de "bonne blague".

"Je vais aller faire mon rapport à Yasuki Taka-sama..." répondit Retsu.

"Merci à vous et vos hommes pour m'avoir appuyé dans cette tâche..." ajouta-t-il.

- C'est notre honneur, répondit Shigeo.

Retsu hocha la tête silencieusement.

"Pouvez-vous vous assurer que Yasuki Bayuri soit vu un shugenja, Hiruma-dono ?" demanda-t-il avant de s'éclipser.

Le palais avait peu changé.
...

Le dojo.

Le dojo avait peu changé.

Intérieurement, c'était un lieu froid, humide, aux parois épaisses. Des tapis et des tapisseries avaient été ajoutées dans les appartements privés et dans certaines salles transformées en salles d'audience, mais sans modifier la destination et la mentalité martiale des lieux.

Extérieurement, des murs et des portes avaient été ajoutées, mais sans changer ses caractéristiques fondamentales : c'était un lieu isolé, dédié à l'étude et à la concentration. Les vicissitudes et les miasmes de corruption de la cité marchande ne l'atteignaient pas. Même avec des nobles yasuki en son sein.

Comme on disait chez les Hida : "Ce n'est pas avec des écailles qu'on fait une carapace".

Cependant, quelque chose avait changé dans l'allure des gardes. Leur allant. Leur démarche. pas dans la forme des pas, pas dans leur masse, mais dans leur allant. Comme si le service était fini et qu'ils se rendaient retrouver, non pas leurs camarades alignés sur les murailles du martial pas adopté par tout bushi Hida en représentation devant ses pairs (eh oh, eh oh, nous montons au boulot), mais une petite chopine.

Ce changement d'attitude fit naître une ébauche de sourire sur les lèvres de Retsu.
Après les épreuves qu'ils avaient traversé, les hommes avaient bien le droit de souffler un peu...

Il se dirigea vers la partie du dojo qui était occupée par Yasuki-sama et demanda audience.

il fut reçu presque aussitôt. En fait, alors qu'il attendait là, dans une antichambre confortable - que de fois il s'était caché là lors des jeux du dojo, dans cette pièce qui autrefois servait de réserve en l'absence d'hôtes de marque - Yasuki Taka entra à sa rencontre.

- Je m'apprêtais à partir. Tout s'est-il bien passé ?

Il portait une tenue de voyage, ou ce que dans la caste des daimyo on appelle des tenues confortables : une déferlante de kimono chamarrés, de plis et de replis, en une toile plus forte et rigide que la soie mais tout aussi élégante. Une tenue presque martiale pour cet homme habitué aux bonnes choses.