Pénombre a écrit :a contrario du bushido d'Akodo, le Tao de Shinsei ne mène en fait nulle part. Il n'est pas un guide bien que certaines de ses maximes puissent être mises en pratique, si on le prend ensemble il y a souvent des contradictions.
Le Tao de Shinsei est une religion comme on en voit peu dans les mondes de Jdr. Une religion avec des courants des hérésies, des contradictions, une dialectique et surtout une spiritualité - à laquelle on adhère ou non, mais quand même une spiritualité. Bien évidemment, l'inspiration avec les authentique religions orientale (taoisme, bouddhisme) est directe, ça aide... Mais je trouve que c'est trop rare en JdR de pouvoir raconter des histoires avec de tels prémisses. À part Void in the Heavens, il est dommage qu'il n'y ait pas eu beaucoup de scénarios permettant de mettre en valeur l'aspect spirituel du monde de Rokugan. Probablement que ça paraissait trop difficile aux auteurs... et moins commercial que des scénario Outremonde.
parce que le Tao ne vise pas à faire adopter une voie particulière mais à amener l'individu à se retourner vers lui-même et à reconsidérer la manière dont il vit, dont il agit au sein du monde. En comprenant qu'il vit une illusion, que ses désirs et ses ambitions l'enchainent, alors il peut aller au delà et vivre enfin de manière pleine et lucide. C'est ça l'illumination.
Certains Shinséistes diraient que la voie ne peut pas être nommée ni définie, que la suprème illusion est de croire qu'il a autre chose que des illusions, et que vouloir se débarrasser de ses désirs est encore un désir. C'est le côté sympa de cette religion, on peut en débattre à une table de JdR et jouer sur ses paradoxes pour dire des choses qui ont l'air assez profondes, sans avoir besoin d'être un théologien…
Pour un MJ, il est assez difficile de représenter l'histoire d'une élévation spirituelle, la plupart d'entre nous n'étant pas des maîtres du zen

, faire de la voie vers l'illumination un enjeu dramatique dans une campagne peut cependant être très intéressant. Je serais assez intéressé d'avoir un retour d'expérience là-dessus, si quelqu'un a abordé ce genre de thèmes.
le souci de nombreux adeptes de l'illumination, c'est que malgré leurs bonnes intentions, la forme finit par reprendre le dessus. On s'enfonce dans la pratique et l'on se sent coupable de la négliger par exemple. Donc, on reforge ses propres chaines en voulant les briser.
Tout à fait, mais certains pourraient dire aussi que s'appliquer parfaitement à une forme pour atteindre le vide intérieur fait aussi partie du Tao. En fait, j'ai l'impression qu'il y a plus de moyen d'arriver à l'illumination que d'individu. Chacun a ses dangers, et la folie n'en est peut-être pas le moindre...
Le Tao n'est qu'un moyen, d'ou le courant des questionneurs rokugani qui aiment rappeler que Shinsei ne l'avait pas (puisqu'il le créa de son vivant) ce qui ne l'empécha pas de trouver l'illumination.
C'est finalement l'aboutissement du deuxième pas (celui qui tue son maître) que de "tuer" l'initiateur même d'une religion. Il y a quelque chose d'extrèmement paradoxal dans la religion rokugani. Alors que leur société est fondée entièrement sur la contrainte, l'obéissance, le respect, la hiérarchie leur courant spirituel principal prône la liberté, la provocation, la relativité de toute chose. Il y a plein de possibilité humaine derrière, on peut voir ça comme une soupape de sécurité, comme une reconquête nécessaire de l'individu, ou comme une contrainte plus subtile encore.
De même, selon le personnage, on peut voir la vie du samurai comme un service militaire de vingt ans au terme duquel le samurai peut faire son inkyo et commencer les choses sérieuses. Ou bien l'inkyo n'est qu'une contrainte de plus pour permettre à la jeunesse de trouver sa place et aux ancien de se retirer sans perdre la face...
Akodo, lui, a voulu codifier la manière dont l'homme agit avec ses supérieurs et fortifier son esprit alors qu'il vit pour les servir et meurt également pour les servir. Il a voulu définir ce que vivre comme un guerrier signifiait mais par extension ce que vivre en tant que serviteur d'un autre signifiait aussi, la guerre n'étant à ses yeux que le principal moyen de servir.
Il s'est intéressé à tremper l'âme du guerrier.
C'est parfaitement résumé. Sauf qu'il n'avait qu'un œil.
Kakita et Mirumoto eux se sont intéressés à la manière dont le guerrier allait combattre et remporter la victoire. Ils ont cherché à rendre le guerrier plus capable et l'ont incité à se positionner aussi vis à vis de la manière dont les autres voient ce statut.
C'est vrai et de plus, contrairement à Akodo, on sent chez eux l'influence du Tao. L'importance du naturel, du vide etc.
on peut très bien embrasser l'ensemble de cela en théorie mais dans la pratique, les gens même quand leur éducation ne les y pousse pas finissent par presque naturellement privilégier l'aspect de la vie du samurai qui leur est le plus familier ou qui leur convient le plus, si la société leur accorde ce loisir.
Ou préfèrent se conformer extérieurement aux usages et à la spiritualité de leur caste et de leur époque et exiger des autres qu'ils fassent de meme, parce que c'est confortable et sans risque, mais sans jamais aborder les question spirituelles et morales de l'intérieur.