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Publié : 01 sept. 2006, 12:46
par Iuchi Mushu
Concerne : Illusion

Très chouette texte, j'aime beaucoup le côté pragmatique qui ramène la nostalgie qui pourrait naître de l'homme à la plate réalité de ce que fut sa vie. Court et très bien écrit.

:jap:

Publié : 01 sept. 2006, 13:21
par matsu aiko
J'aime beaucoup la chute :)

Publié : 01 sept. 2006, 13:23
par Kyorou
Je trouve le texte très sympa aussi : le thème est bien choisi et la construction est bien faite.

Je trouve juste la transition ave la chute un peu plus faible et plus incertaine, mais c'est un détail.

Publié : 01 sept. 2006, 13:32
par Pénombre
mmm... qu'est ce qui te donne cette impression, Kyoru ?

Aiko et Mushu : merci à toutes deux :)

Publié : 01 sept. 2006, 13:50
par Kyorou
Ben, on a ton personnage qui mentionne son désintérêt total pour l'enseignement des moines de la Confrérie de Shinsei. On a alors un peu l'impression qu'il s'est forgé ses propres convictions ancrées dans l'expérience sensible. Ce qui serait assez logique car, en tant qu'ancien acteur, il est bien placer pour faire la part entre le réel et les apparences.

Et puis, au final, il se pose une question qui ne dépareillerait pas dans un bouquin de Werber et j'ai un peu l'impression qu'on ne parle plus du même gars et qu'on a affaire à un ado de 60 balais.

Ou alors on a un personnage qui en fait n'a jamais été un acteur et qui a été vécu plusieurs vies factices comme si elles étaient vraies (bonjour la souffrance...).

Publié : 01 sept. 2006, 13:54
par Kitsuki Katsume
@Tetsuo : je pense que la nouvelle que tu cherchais il y a quelques mois fait partie de celles qu nous avons archivées dans la Bibliothèque, sous Contes et Nouvelles, Nouvelles, titre "Le mémorial" :http://www.voixrokugan.org/bibliotheque ... orial1.php.

Bien aimé Illusion.
Contrairement à toi, Kyorou, j'ai plutôt l'impression que le personnage est impatient, impatient parce que la connaissance qu'il recherche, c'est celle du moment où va débuter son prochain rôle.

Publié : 01 sept. 2006, 15:03
par Otaku Sh?am
J'ai bien aimé Illusion. Le tourbillon de vies multiples vécu par le personnage en contraste avec sa réflexion calme sur la fin de sa vie. J'aime bien le léger tourment qui se dégage de la dernière phrase.

Publié : 01 sept. 2006, 19:11
par Pénombre
c'est précisément le but recherché :)

Publié : 12 sept. 2006, 16:40
par Shosuro Akae
Hargg t'as spoilé :mal: Promis on lit pas :biere:

Publié : 08 nov. 2006, 12:36
par Kyorou
Bushido :

Très sympa. J'aime bien les histoires mettant en scène des personnages Souillés (mmmh, p'têtre une trace de perversion, là). De plus, la nouvelle aborde la question de l'exil d'une manière intéressante.

EDIT : "marchand noble" ? C'est quoi cette enroule ? Et c'est sensé être une promotion ?

Publié : 08 nov. 2006, 12:53
par Pénombre
sais pas :)

merci pour le commentaire à propos :jap:

Publié : 08 nov. 2006, 21:47
par matsu aiko
Pour Bushido et Eveil : :clap: :clap: :clap:

dans l'un comme l'autre cas, décidément un don pour les ambiances et les chutes :)

Dans les deux histoires j'ai beaucoup aimé aussi le respect de l'ennemi, et la lucidité. Ce sont des histoires qui touchent profondément et évoquent d'autres histoires que l'on aimerait écrire, ou lire.

En ce qui concerne Eveil, je tiens à préciser que le PJ Mirumoto avec lequel joue mon perso me bat à plates coutures, entrainement Akodo ou pas ;)

Publié : 09 nov. 2006, 15:13
par Pénombre
je me doute, mais c'est une question de règles ;)

en fait, un tas de trucs narratifs ne correspondent pas aux règles. C'est pour ça par exemple qu'ils avaient développé l'école Kensai Mirumoto : pour des gars censés rivaliser depuis 1000 ans avec les Kakita, les Mirumoto classiques n'avaient aucune technique utilisable en duel

ce que je voulais montrer dans Eveil, c'est bien la différence justement entre deux approches :
- si on lit Niten, Mirumoto explique qu'il ne faut pas cultiver une sorte d'état d'esprit du combattant mais que celui ci doit être permanent. Qu'à chaque instant, le guerrier doit être prèt à tout. Une sorte de vigilance passive permanente, presque instinctive et inconsciente tellement elle fait partie de l'existence même du guerrier.

- a contrario, l'école Akodo repose bien plus sur la construction de la volonté et du corps. Elle forge un guerrier à travers une éthique, un entrainement physique et intellectuel à la fois (cf Commandement mais aussi l'exemple d'entrainement Akodo dans voie du Samurai ou l'on travaille le geste, le souffle, la mémoire et l'érudition en même temps).

d'un coup, le frère du narrateur passe à un autre palier de conscience, sa nature "instinctive" de bushi Mirumoto se transcende et lui ouvre le chemin vers sa nouvelle vie. Face à lui, les Akodo n'ont qu'une seule chose à opposer, c'est leur courage et même s'ils perdent, c'est ce courage qui fait que le frère de celui qui les as tué honore leur mémoire.

en ce qui concerne Bushido, je voulais dépeindre quelque chose qui m'as été inspiré par les fameux Egarés de Daigotsu, sauf que je ne voyais pas très bien pourquoi parmi les gens corrompus par la souillure d'autres n'auraient pas suivi le même chemin avant Daigotsu justement. C'est à dire tenté de trouver un sens, une éthique, une raison d'être à leur servitude. Le narrateur n'est pas un homme qui a basculé dans le mal, ou qui a suivi quelqu'un à tort jusqu'à devenir corrompu ou qui s'est laisser piéger par des paroles trompeuses. Il a simplement eu la malchance que son destin soit de naitre du mauvais côté du mur.

Avant le Second Jour des Tonnerres, l'aspect "côté obscur de l'empire" de l'outremonde est très peu développé. Il y a bien quelques entités comme Moto Tsume ou Tsukuro mais ce sont d'anciens samurai corrompus, pas des véritables "natifs". Idem pour les maho-bujin. Tu peux relier ce personnage à l'oni anonyme de mon texte intitulé "l'héritage de l'oni" : tous deux ont perçu que fondamentalement, l'existence de l'outremonde si elle participe d'un dessein cosmique n'a rien à voir par contre avec les illusions morales/spirituelles que peuvent en avoir les mortels, ou même les oni. Comme le dit l'oni dans l'autre texte, il est ce qu'il est parce qu'il fallait que quelqu'un le soit et il ne paye aucun crime ni ne purge aucun manque. De même, quelle que puisse avoir été l'éventuelle vie antérieure du personnage de Bushido, il se trouve qu'on a fait en sorte qu'il soit une abomination sans espoir de rédemption dans sa nouvelle existence. Qui peut durer des millénaires...

ces êtres là ne sont pas des méchants de tragédie qui peuvent espérer une rédemption, une libération. Ils sont là ou ils sont jusqu'à la fin des temps parce qu'il fallait qu'ils y soient, indépendamment de leurs fautes ou même de leur désir de racheter quelque chose qu'ils sont bien en peine de nommer. C'est une destinée immanente, amorale et universelle qui les emporte, pas simplement le karma. Tout au moins de leur point de vue. Tout ce qui leur reste, c'est d'entretenir quelque chose qui leur permette de donner un sens à cela. L'oni a découvert comment atteindre l'illumination qui lui est à jamais interdite et il n'a pas fini d'en souffrir. L'akutenshi lui a trouvé comment accepter sa destinée et la vivre sans remord ni regret ou souhait qu'elle soit autre. L'un comme l'autre ont trouvé ce qu'ils étaient en regardant de l'autre côté du miroir. L'un en est brisé à jamais et l'autre y a trouvé un sens à son existence.

mais au final, l'un comme l'autre subissent quelque chose qui dépasse leur vie et même leurs existences passées, si elles ont existé. Ils n'ont pas souhaité être là et ne peuvent espérer en sortir un jour. Jamais. Fu Leng lui a embrassé cette corruption qu'il ne souhaitait pas mais dans le fond, qu'était-il de plus qu'un pauvre gosse gaté-pourri et égocentrique avant que son père ne le dévore ?

Publié : 10 nov. 2006, 09:09
par Kyorou
Pénombre a écrit :Il a simplement eu la malchance que son destin soit de naitre du mauvais côté du mur.
Tiens, cette phrase illustre bien un glissement actuel dans la façon dont l'Outremonde est perçu. Précédemment, on suivait fort un modèle chrétien : l'Outremonde était une terre corrompue, dirigée par le dieu du Mal (celui qui est aussi derrière l'Axe du même nom). Donc, aucune discussion n'était possible, la seule solution était d'attraper Fu Leng et de le dérouler comme une vieille merde. Ce qui fut fait.

Maintenant, on a plus de Fufu, mais l'Outremonde est toujours là. Il me semble que l'on a évolué vers un modèle inspiré de la "coexistance pacifique" de la Guerre Froide : il y aura toujours un Outremonde, il y aura toujours des onis, on reste vigilant des fois qu'ils tenteraient un truc. Mais la relation a changé. Même si reste antagonistes pour des raisons fondamentales, il n'est plus exclu de se parler et il n'y a plus autant d'animosité dans la manière dont on parle de l'autre.

Publié : 10 nov. 2006, 10:03
par Pénombre
oui

j'aime moyen la manière dont c'est géré d'ailleurs. Pour un peu, on en viendrait à des échanges d'ambassadeurs. Après les naga et les nezumi, après les yobanjin, l'outremonde...

j'aime bien faire des incursions de l'autre côté du Mur, à L5a comme ailleurs, mais pour moi, il demeure plus intéressant que le Mal persiste en termes narratifs comme quelque chose de cosmique qui au final dévore tous ceux qui se tiennent sous sa bannière. Comme j'aime à le dire, dans le fond Fu Leng n'est rien de plus qu'un pauvre idiot qui se prend au sérieux parce qu'il n'a jamais dessoulé de sa cuite de Jigoku. Un sâle gosse terrorisé par le noir et par son père qui se venge de l'univers entier parce qu'il ne veut pas reconnaitre que les autres auraient bien aimé l'accueillir en leur sein. Ca se prétend le maitre mais dans le fond, il n'est qu'une marionnette dans un jeu dont il ne comprend rien. Le Jigoku est le véritable maitre et si Fu Leng avait un peu plus de maturité, il l'aurait admis depuis longtemps.

Sur un plan plus psychanalytique, on pourrait dire que ce sont les victimes qui font les meilleurs bourreaux et les personnages mauvais que j'écris/joue sont des victimes à la base. Souvent des victimes uniquement dans leur propre imagination d'ailleurs.

Fondamentalement, ceux qui se tournent vers le mal le font non pas pour des raisons éthiques ou philosophiques, non pas par nécessité mais simplement parce que ça leur permet d'assouvir certains désirs plus ou moins avoués. De pouvoir mais plus fondamentalement de souffrance et d'autodestruction. En termes analytiques encore, on se plait souvent davantage à soi-même quand on se fait souffrir, surtout sous le regard des autres et surtout si on peut les faire souffrir en même temps ... le mal est fondamentalement un concept qui résume l'égocentrisme absolu. D'ou la manière dont l'oni ou l'akutenshi de mes nouvelles considèrent les humains qui se tournent vers l'outremonde : ils les méprisent car ils les voient comme des idiots qui n'ont pas vu qu'en réalisant leurs désirs infantiles ils tomberaient dans un esclavage éternel.

D'ou mon intéret pour ceux qui justement (comme l'oni ou le personnage de Bushido) n'ont pas "choisi" leur camp mais auquel il a été imposé dés leurs origines. Ceux qui en fait doivent tenter d'affirmer leur propre existence, leurs propres désirs dans un univers ou tout ce que l'on attend d'eux est simplement de terroriser les autres et de les faire souffrir...

et pour eux, l'empire n'est pas tant l'ennemi que le reflet de ce qu'ils ne pourront jamais atteindre, mais qui leur permet d'avoir des désirs peut-être un peu plus "adultes", un peu plus lucides...