Kocho a écrit :Pénombre a écrit :
à rokugan, un voleur reconnu comme tel par des samurai est un homme mort.
Il me semble qu'au contraire le vol bénéficie d'une certaine indulgence à Rokugan par rapport à d'autres délit, en fait le délit en question n'existe même pas.
Malheureusement, le vol est un délit qui au contraire est pris très très au sérieux, s'il faut en croire Way of the Thief et Empire d'Emeraude notamment.
Le système judiciaire rokugani punit très durement les samurai qui volent ouvertement les heimin, parce que l'un de leurs rôles est de les protéger et que si ce pacte social est rompu, on pourrait s'attendre à ce que les heimin ne jouent pas leur rôle dans l'ordre céleste, puisque les samurai eux ne le font pas.
Est considéré comme un vol : l'extorsion directe (donne moi ce qui ne m'appartient pas ou je te sabre) et toutes les formes de "protection". Evidemment, encore faut-il que le samurai puisse être accusé, ou pris en flagrant délit. Mais s'il l'est, on lui impose d'office l'exil ou le seppuku. Parce que voler, même un paysan, ça revient à enfreindre le principe de base de l'ordre céleste : tout appartient à l'empereur, qui délègue cette propriété à ses sujets. A moins que le samurai soit le suzerain d'un heimin, ou mandaté par le dit suzerain, il n'a pas plus de droits envers les biens, l'argent ou les possessions du dit heimin qu'un criminel de passage. Prendre, si l'on a pas un droit de réquisition qui tient à une autorité réelle - et pas seulement à l'appartenance à la caste samurai qui ne donne d'ailleurs aucun droit d'usage ou de propriété sur les biens des autres - c'est voler.
Evidemment, dans la pratique, on est rarement aussi pointilleux, et on laisse le plus souvent les samurai faire un peu comme ils veulent. La plupart ne se rendent sans doute même pas compte vraiment du fait que l'on pourrait leur reprocher - à juste titre - un acte qu'ils considèrent comme insignifiant. Cependant, la quasi-totalité des samurai comprennent très bien les principes généraux de la propriété. Voilà pourquoi, notamment, les samurai en voyage hors des terres de leur daimyo donnent toujours
quelque chose quand ils séjournent dans une auberge, ou même s'incrustent chez le chef du village du coin. La plupart donnent ce qui est demandé, marqué ou suggéré, parce qu'ils ne sont pas censés attacher de l'importance à ces considérations là au point de s'abaisser à marchander. Mais même quand un heimin ne dit rien, un samurai paye au moins de manière symbolique. Parce qu'il use de quelque chose qui ne lui appartient pas, bêtement.
Ca, c'est la loi rokugani pour les samurai. Cependant, ils ont le droit de se défendre, et donc la possibilité d'obtenir un châtiment plus léger, ce qui n'est pas le cas des heimin d'après Empire d'Emeraude. Les heimin pris à voler ou faire de la contrebande sont considérés comme coupables, même s'ils ne "comprennent pas" la portée de leurs actes (du genre, je suis maneuvre chez un négociant en riz, je sais pas lire, j'ai aucun moyen de savoir que les ballots que je trimballe ne sont pas tous arrivés légalement dans les entrepôts de mon patron. Ben je suis quand même un contrebandier..). On peut donc les exécuter sans formalités compliquées, et même étendre le jugement à leur famille, ou forcer ses membres à l'exil. La seule chose qui peut leur éviter ça, c'est de tomber sur un seigneur ou un magistrat compréhensif, ou compatissant. Ou plus soucieux de préserver la main d'oeuvre locale au lieu de la décimer à coups d'exils et d'exécutions.
Oui, rokugan est une nation féodale qui a tout de la dictature et les trois seuls verrous qui existent pour limiter certains excès sont :
- la vertu de compassion
- le fait que même si des heimin ne comptent pas, perdre la face en public devant eux, par contre, ça compte pour tes ancêtres.
- le fait qu'un nombre appréciable de magistrats, yoriki, doshin et daimyo croient assez dans ces principes pour que leurs propres jugements s'avèrent généralement soucieux de respecter les principes sociaux, au moins en apparence.
Mais ça va pas très loin, donc.
Par ailleurs, quand un samurai vole son seigneur, ou le seigneur d'un autre, il est exécuté, ou s'il parvient à se défendre avec assez d'éloquence, on l'autorise à s'ouvrir le bide. On ne l'exile pas. Parce que ça veut dire qu'on lui laisse la possibilité de voler à nouveau, ailleurs...
Après, une loi n'est qu'une loi. On peut la considérer comme rétrograde au point qu'avec le temps, elle soit tombée en désuétude, et que le système ait fini par se trouver des accomodements pour gérer le vol. Ou qu'une jurisprudence reconnue à peu près partout dans le pays ait fini par voir le jour et que la loi existe encore, sans être appliquée telle quelle. Sans parler du fait que bon, les samurai moyennement honorables sont très souvent raisonnablement compétents en matière de sophistique... alors entre les accuser de vol, qu'ils le reconnaissent et qu'il n'y ait aucune circonstance atténuante réelle ou supposée...
Mais le vol est bien un crime au yeux de la société rokugani.