(univers : Licorne) Contes des quatre vents

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matsu aiko
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(univers : Licorne) Contes des quatre vents

Message par matsu aiko » 28 avr. 2007, 19:42

Ces petits contes écrits dans le style des contes populaires japonais sont destinés à faire de petites histoires d’ambiance pour une nouvelle relative au clan Licorne. Merci donc aux Licornes de la Voix de bien vouloir corriger le tir si besoin est. ;)

Mushu, ne lis pas ces textes, tu les découvriras plus tard !

NB : j’ai progressé depuis ‘le vent des hauts plateaux’, j’ai lu le way of…:fete:

Haido haido shishi !
En avant, en avant, ma monture
Haai haai shanshan
Volent volent tes sabots

Un paysan avait vécu modestement toute sa vie. Sa femme était morte depuis plusieurs années, il n’avait qu’un petit lopin de terre. Son seul trésor était sa fille, plus belle que le jour. Il avait mis de côté tout ce qu’il pouvait pour lui constituer une dot, afin qu’elle trouve un bon mari.
Un matin, alors que père et fille étaient aux champs, s’approcha un jeune homme bien fait de sa personne, aux cheveux ébouriffés et au visage hardi. Il était bien habillé et portait aux pieds de superbes bottes.
Il s’arrêta et commença à conter fleurette à la fille. Le père, suspicieux, s’approcha, vit les beaux habits et se fit tout révérent.
- Messire, pouvons-nous vous servir en quelque façon ?
- Ta fille me plaît fort, et j’ai bien envie d’en faire ma femme.
- Etes-vous seigneur de quelque contrée ?
- Le Sud sans limites est mon domaine. A chacun de mes pas, le sable s’envole, et j’aime à y sculpter les rochers.
- Ah, messire est un artiste ? demanda le père, impressionné mais toujours suspicieux.
- Certes, et mes chants bercent le sommeil des hommes et des chevaux.
- Merci, messire, de porter favorablement vos yeux sur ma fille. Mais voyez-vous, elle est promise à un riche marchand…poursuivit le paysan, désireux de faire monter les enchères, et voulant s’assurer que l’intéressé avait aussi espèces sonnantes et trébuchantes.
Le jeune homme éclata de rire.
- Paysan madré, je ne suis pas riche d’or, mais de rêves. Ma puissance est grande ; je chuchote aux oreilles des sages les secrets oubliés, j’entraîne les pas des voyageurs vers des contrées nouvelles, j’emporte avec moi le tonnerre des sabots. Cela ne vaut-il pas mieux qu’ennuyeux commerces ?
- Messire, pardonnez-moi, je ne sais pas, répondit le père prudemment.
Le jeune homme rit à nouveau.
- A défaut de ta fille, m’offfrirais-tu l’hospitalité pour cette nuit ?
Le paysan se détendit.
- Bien sûr, messire.

Ainsi fut fait. Le jeune homme vint dîner, se montra gai compagnon, s’attirant de doux regards de la jeune fille, qui l’aurait à dire vrai préféré au marchand barbon auquel elle était destinée.
Le matin venu, il partit, si discrètement que nul ne l’entendit. Derrière lui, il avait laissé ses bottes.
- Quelle étrange idée, se dit le père, que de partir ainsi déchaussé ! Je vais les garder, au cas où notre hôte repasserait les chercher.
Il les rangea, et puis les oublia.

La date du mariage avec le marchand approchait.
La fille se prépara, mit ses plus beaux habits. Mais le matin du mariage, impossible de retrouver ses souliers. Elle était bien embarrassée ! Elle chercha partout, sans succès, et découvrit dans une malle une superbe paire de bottes, qui semblait à sa taille.
- Mon kimono est long, cela fera l’affaire, se dit-elle. Et d’enfiler icelles.
Dès qu’elle les eut aux pieds, elle se sentit une irrésistible envie d’aller dehors. Elle franchit aussitôt le seuil de la maison.
Son premier pas l’amena en dehors du village, le deuxième, dans la Province de l’Ouest. Au troisième, elle traversa la forêt. Au quatrième, elle se trouva dans les Terres Brûlées. Au cinquième, elle atteignit les Hauts Plateaux. Au sixième, elle se trouva dans des terres si étranges qu’elle en demeura bouche bée. Le septième pas l’amena au Ciel, où elle retrouva le jeune homme.
- Enfin, te voilà ! s’exclama joyeusement celui-ci.
Le jeune homme, qui n’était autre que le vent du Sud, la prit par la main, et bras dessus bras dessous, ils partirent survoler la contrée.

Du père et du marchand, rien n’est dit. Gageons qu’ils se trouvèrent l’un et l’autre fort déconfits. Mais comme dit le sage, il ne faut jamais emprunter chaussure d’autrui !

Depuis, la légende dit que les jeunes gens voulant trouver l’amour, ou les jeunes filles souhaitant trouver mari, doivent confier leurs vœux au vent du sud, parce que son épouse, qui n’a pas oublié quand elle était mortelle, écoute volontiers les cœurs des amants.
Dernière modification par matsu aiko le 01 mai 2007, 09:31, modifié 2 fois.

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matsu aiko
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Message par matsu aiko » 28 avr. 2007, 23:28

Dans une des contrées du Nord, sévissait un audacieux brigand du nom de Higashi.
Il guettait le long des chemins les voyageurs insouciants, et les dépouillaient de leur bourse ou de leurs biens. Il était d’une telle discrétion que même les plus vigilants ne s’apercevaient de ses méfaits qu’une fois arrivés à destination. Ils allaient se plaindre à la milice, mais il était trop tard. Les soldats allaient mollement vérifier, déclaraient ne rien trouver, et rebroussaient chemin. Les lamentations des victimes n’y faisaient rien.

Fort de ses succès, le brigand devint plus audacieux et s’attaqua à forte partie. Il pilla des convois de marchands, des délégations officielles, et alla une fois jusqu’à délester de ses vêtements un magistrat impérial assoupi. Celui-ci, on l’imagine, eut en ville une belle arrivée !

A cette dernière incartade, les forces de l’ordre se mirent en branle pour panser l’amour-propre du magistrat outré.

Ils le cherchèrent de jour.
Ils le cherchèrent de nuit.
Ils le cherchèrent dans les villes.
Ils le cherchèrent dans les forêts.

Higashi, à chaque fois, pfft ! leur filait entre les doigts comme un pépin de grenade. Et de se gausser publiquement de la maladresse des forces de l’ordre. Ceux-ci étaient bien irrités !

Ils offrirent une récompense de cinq koku à qui le livrerait.

La mama-san leur indiqua aimablement la chambre où il était descendu. Ils foncèrent dans le passage, pensant le trouver dans les bras d’une geisha. Mais le shoji était ouvert, et l’oiseau envolé. Pfft !

Ils offrirent une récompense de dix koku à qui le dénoncerait.

Ils cernèrent l’auberge où il était attablé. Ils rentrèrent et cernèrent la tablée de leurs sabres. L’instant d’après, il avait disparu, sans que personne l’ait vu passer. Pfft !

Ils offrirent une récompense de cent koku à quiconque leur donnerait quelque information que ce soit qui les aiderait à le capturer.

A la fin des fins, un vieux, l’air finaud, finit par les rencarder.

- Celui-là, ce n’est que par la ruse que vous le capturerez ! Il faut que vous parveniez à vous approcher de lui, puis, par surprise, enfermez-le dans un grand sac bien serré. Ses tours ne lui serviront plus de rien, et vous pourrez alors faire de lui ce qu’il vous plait.
- Es-tu bien sûr de ce que tu avances ? demanda l’officier, le sourcil menaçant.
- Si fait.
- Alors voilà la récompense. Mais gare à toi si tu nous as trompés !

L’officier paya le vieux, et lança ses espions.

Le brigand, confiant dans sa chance, racontait à qui voulait bien l’entendre que les gardes ne l’attraperaient jamais.
Les espions n’eurent pas grand mal à le repérer.

Aussitôt dit, aussitôt fait : les espions s’approchèrent du brigand en train de se vanter, et hop ! lui balancèrent un grand sac sur la tête, qu’ils attachèrent bien serré.

Le brigand jura, tempêta, se débattit. Mais il était bel et bien pris.

L’officier tout content le ramena, empaqueté et fortement escorté, au magistrat offensé.

- Voilà enfin, seigneur magistrat, Higashi, le fameux bandit !
- Etes-vous sûr qu’il s’agit bien de lui ? demanda le magistrat.
- Oui, seigneur magistrat.
- Il va savoir ce qu’il en coûte de se moquer ainsi de la Justice ! Ouvrez le sac, que je vois à quoi il ressemble.

L’officier hésita – il avait eu tant de mal à le capturer ! Mais ils étaient à la prison, avec tous les gardes de la ville armés jusqu’aux dents tout autour de lui, et c’était un ordre.
Il ouvrit le sac.
Apparut alors la face du brigand, tout réjoui.
Le magistrat fronça le sourcil, sa face s’empourpra comme une courge bien mûre. En plus de cela, ce ruffian osait se moquer de lui !

- Brigand, tu riras moins en face du bourreau ! Le magistrat ouvrit la bouche pour asséner une terrible sentence.

Higashi sourit largement, le salua bien bas, et pfft ! le sac retomba à terre. On entendit un rire. Il était parti.

En fait, le brigand n’était autre que le vent de l’Est, qui avait pris cette forme pour se distraire. Ce vent-là est un farceur, tout le monde sait cela.
C’est pour cela que depuis, on attache à l’est des banderoles, dans lequel il peut jouer, plutôt que le laisser dérober des choses auxquelles on tient.

Et qui peut prétendre enfermer le vent ?
Dernière modification par matsu aiko le 29 avr. 2007, 09:57, modifié 1 fois.

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Message par KamiSeiTo » 29 avr. 2007, 00:32

Bravo!! :clap: Vivement les deux autres... :jap:
Si Dieu existe, sur que c'est un jaunophile!! n_n

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Message par Pénombre » 29 avr. 2007, 08:50

le style fait très nettement occidental mais c'est très joli

attention cependant à des effets de répétition comme "le vent de l'Est est farceur" qui passent sans problème à l'oral mais moins à l'écrit

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matsu aiko
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Message par matsu aiko » 29 avr. 2007, 09:25

Pénombre a écrit :le style fait très nettement occidental
:lol: je ne m'en étais pas aperçu mais c'est vrai ! J'ai dévié au fil du texte.
J'avais pourtant commencé avec de bonnes sources (Contes et légendes du Japon, trad M.Coyaud).
Disons : style de contes populaires ? ;)

J'ai rectifié la répétition. :)

merci sinon :jap:

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matsu aiko
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Message par matsu aiko » 30 avr. 2007, 23:54

Dans un village vivait une belle jeune fille. Ses parents, tisserands, lui avaient appris leur métier. Et en passant le fil – à droite, à gauche, à droite – toute la journée elle chantait.
Sa voix était si pure, si mélodieuse qu’en l’écoutant ses parents pensaient : vraiment, notre fille est un présent du Ciel !
Les voisins s’arrêtaient, le sourire aux lèvres, et s’exclamaient : Quelle voix merveilleuse ! Quelle chance nous avons qu’elle habite ici !
Les voyageurs de passage s’étonnaient : Est-ce donc un oiseau ou un esprit, pour chanter ainsi ?

Le vent de l’Ouest, que l’on nomme Nishi, passait dans les parages. Il l’entendit, et s’arrêta aussi.
Il vit la jeune fille, sourit, fit un geste vers elle. La belle auprès de son ouvrage s’assoupit.
Il entra, la caressa, la ravit, sans qu’elle s’éveillât, puis s’enfuit.

Quelques mois plus tard, le ventre de la jeune fille devint rond, sans qu’elle sut comment.
- Quelle honte ! s’exclamèrent ses parents. Il nous faut à présent te marier promptement !
A la va-vite, une union fut célébrée, avec un paysan du coin, veuf depuis longtemps. La belle, accablée de honte, ne put que s’y plier.

L’enfant naquit. C’était un bel enfant aux yeux clairs.
Un matin, sa mère trouva le berceau vide, et poussa les hauts cris. Après recherche, on trouva le bébé sur le patio, paisiblement endormi.
Cela arrivait aussi, si on le laissait à plat ventre à l’intérieur : aussitôt il se dirigeait vers le shoji. Après plusieurs incidents du même genre, la mère, de guerre lasse, installa le berceau sous l’auvent.
L’enfant grandit. On l’appela Soto, Dehors, car à chaque opportunité il sortait de la maison, qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige. Même le tonnerre et la foudre ne le dissuadaient pas.
La mère se disait : assurément ce doit être là un enfant des Kami ! Mais elle n’osa pas en parler à son mari, de crainte qu’il la battit.

Soto ne faisait guère attention à ses affaires et souvent les égarait, ce qui lui valait maintes punitions. Il n’était heureux que quand son père adoptif l’envoyait rassembler les bêtes, les mener à un autre champ ; il leur parlait, leur chantait des chansons, et en profitait souvent pour dormir à la belle étoile.

Il avait en lui cette envie de prendre le chemin, de suivre la rivière, d’aller voir là-bas où le regard se perd. Plus d’une fois, des voisins le ramenèrent ; il avait traversé la forêt, jusqu’au hameau voisin.

Quand il eut douze ans, le père excédé lui dit de faire ses affaires : il n’était pas fait pour être paysan !
Sa mère l’embrassa en pleurant, lui révéla de sa naissance le mystère. Elle lui donna aussi l’étoffe qu’elle tissait le jour où il avait été conçu.
- Cette étoffe, lui dit-elle, a dû être touchée par le Kami qui t’a engendré ! Peut-être les sages prêtres pourront-ils en tirer quelque enseignement.
Soto la remercia et partit.
Sa tristesse au bout de quelques pas s’était évanouie. Marcher sur les chemins était sa vraie patrie.

Un peu plus tard, il arriva à un temple, raconta son histoire. Les moines l’écoutèrent et se mirent à rire.
- Est-ce tout ce que tu as trouvé, morveux, pour te faire accueillir ? Va-t-en, nous avons notre content de vagabonds et de mendiants.
Et ils le chassèrent.

Un vieux jardinier eut pitié de l’enfant.
- Petit, si tu penses être le fils d’un Kami, le plus simple c’est de demander à Dame Soleil. Elle voit tout ce qui se passe, elle saura qui est ton père !
- Mais comment lui parler ? demanda le gamin éploré.
- Ramasse du bois sec, et du bois vert. Je vais te montrer comment faire.
Dehors, plein d’espoir, ramassa une grande quantité de bois sec, et du bois vert. Ils allumèrent un grand feu. Quand le brasier fut bien parti, ils ajoutèrent le bois vert. Aussitôt, une épaisse fumée se dégagea.
- Grimpe à la fumée, elle t’amènera jusqu’au Ciel. Là, il te suffira de suivre un des rayons de Dame Soleil, et de demander à lui parler.
Soto empoigna la fumée, et se mit à l’escalader avec autant de facilité qu’une échelle, jusqu’au Ciel, où il s’enquit bien poliment s’il pouvait parler à Dame Soleil.
La politesse étant une des sept vertus, il eut promptement une entrevue.
- Que veux-tu, enfant ?
- Dame Soleil, je voudrais savoir qui est mon père. Voici l’étoffe que tissait ma mère quand elle l’a rencontré.
La Déesse Soleil regarda l’enfant, l’étoffe, et répondit en souriant :
- Soto, ton véritable père est Nishi, le Vent d‘Ouest. Il n’est jamais là où on l’attend. Pars vers l’Ouest, vers les terres que je visite souvent : tu y rencontreras tes sœurs et tes frères.
Soto s’inclina bien bas en la remerciant.

Une fois redescendu, il partit vers l’Ouest, et finit après un long voyage par rejoindre les Terres Brûlées. Là, il rencontra un peuple nomade qui se nommait lui-même les Enfants du Vent. Il leur demanda s’ils voulaient bien l’accueillir en leur sein.
Leur chef lui dit, l’œil sévère:
- Nous ne faisons pas la charité ! Si tu veux nous accompagner, il y a des conditions.
Soto écouta.
- Tout d’abord, tu ne dois posséder de futile.
- Ca, c’est facile, dit Soto, je n’ai rien, que cette étoffe. Dès maintenant, elle est à vous, si vous voulez bien l’accepter en présent.
- Ensuite, il te faut te rendre utile. Que sais-tu faire de tes mains ?
- Je sais soigner les bêtes, et leur parler aussi. Je sais quand il va faire beau, et quand il y aura de la pluie.
Le chef eut un hochement approbateur.
- Nous dormons dehors, sans couche douillette, jamais deux fois au même endroit. Le ciel est notre toit, le vent notre guide. Peux-tu vivre ainsi ?
- C’est mon rêve depuis toujours.
A ces mots le chef l’étreignit :
- Tu es vraiment ce que tu dis être ! Nous allons faire le rituel. Sois le bienvenu parmi nous.

Ainsi Soto rejoignit-il les gens du Peuple du Vent, qui étaient ses frères et ses sœurs. Il grandit, changea de nom, fonda une famille à son tour, sans perdre un seul jour la joie du voyage qui habitait son coeur.

Quand à l’approche de la nuit la fièvre vous anime, que l’envie de partir vous ronge, quand vous sentez dans vos veines la chanson du couchant, et l’envie de tout quitter, c’est le Vent d’Ouest qui chuchote à vos oreilles.
Car Nishi est un grand voyageur, qui ne sait en un lieu s’arrêter, et sème de rêves ses folles équipées.
Dernière modification par matsu aiko le 05 mai 2007, 12:45, modifié 1 fois.

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KamiSeiTo
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Message par KamiSeiTo » 04 mai 2007, 22:03

Bravo. n_n Par contre "raclée", ça détone un peu je trouve!! :S
Si Dieu existe, sur que c'est un jaunophile!! n_n

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matsu aiko
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Message par matsu aiko » 05 mai 2007, 12:29

ok, je vais rectifier !

merci :jap:

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Ashidaka Kenji
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Message par Ashidaka Kenji » 08 mai 2007, 16:58

Aiko-san
j'adore !! :biere:
peut-être ses vents-là pourraient-ils voyager vers de lointaines contrées sous la protection du phoenix !?
qu'en penses-tu ??
Kenji :grue:
qui a dit qu'un kakita n'était jamais un guerrier

La fuite n'est pas une option !

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Message par matsu aiko » 08 mai 2007, 17:25

merci :jap:

mes enfants aiment bien, en tout cas ;) copie faite :fete:

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Hida Ichi
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Message par Hida Ichi » 08 mai 2007, 18:35

Je viens de passer quelques minutes à lire ces très beaux contes.

Je te remercie pour l'agréable moment que je viens de passer...
Hida Ichi, fils de Hida Ichio
Elève de l'Ecole de Bushi Hida

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Message par matsu aiko » 08 mai 2007, 18:44

domo :jap:
l'objectif est d'enrichir la suite des aventures coécrites avec Mushu, dont nous avons parlé ensemble...;)

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Shosuro Akae
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Message par Shosuro Akae » 09 mai 2007, 16:46

Vraiment très très sympa Aiko :clap:
"Et les p?tales de fleurs de cerisiers tombent d?j?..."
Mon site : http://shosuroakae.wixsite.com/sanfilippo
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Message par matsu aiko » 13 mai 2007, 22:27

Celui-ci est largement emprunté à Kwaidan de Kobayashi ( La femme des neiges)
Dernière modification par matsu aiko le 14 mai 2007, 23:25, modifié 1 fois.

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Message par matsu aiko » 13 mai 2007, 22:34

Là-haut, tout là-haut, près des montagnes, se trouve le royaume du Vent du Nord. Des étendues verglacées, des pentes neigeuses, un monde blanc seulement rompu par la griffure noire des roches tranchantes ou les lances sombres des sapins.

Là-haut, l’homme n’est pas le bienvenu.

Les rares habitants se terrent dans des demeures accrochées au flanc des montagnes hostiles, se hasardant à l’extérieur quand la voix redoutable du Vent du Nord se tait.
Et ce n’est pas seulement sa morsure glaciale qui les fait reculer, oh non.
Le Nord est depuis toujours terre de magie, domaine des esprits, et quand le vent du Nord hurle, sa voix puissante est porteuse d’enchantements et de maléfices.
Pourtant, certains soirs, on l’entend gémir, soupirer, sangloter ; alors les anciens secouent la tête, rajoutent une bûche sur le feu, et racontent cette histoire à leurs petits-enfants. Ils leur expliquent pourquoi Elle pleure.
Car le Vent du Nord est femme, quand il lui plait de s’incarner, et d’une femme, il a la douceur, et la violence imprévisibles.

Deux chasseurs, un homme et son fils, étaient partis dans la forêt, sur les tracs d’un ours. Cela faisait un moment qu’ils le pistaient, patiemment ? L’animal était blessé, et commençait à fatiguer. Encore quelques lieues, et il serait à eux.
Puis la piste obliqua. En voyant les traces, le père hésita. L’ours s’était engagé en direction de la montagne, qui pouvait se révéler traîtresse, avec ses chutes de pierre tranchantes, ses pentes verglacées, ses crevasses invisibles, et ses avalanches. Ils s’approchaient aussi dangereusement de la limite intangible du royaume du Vent du Nord. Mais ils étaient si près, et son fils, Munemori, le regardait avec tellement d’espoir…allaient-ils renoncer si près du but ?
Il prit une inspiration, fit un signe de tête sous son capuchon de fourrure, et pressa le pas. L’animal ne pouvait aller loin.

Ils montèrent, suivant les traces ensanglantées de l’ours, bien visibles dans la neige. Enfin, leur proie fut en vue. Ils saisirent leurs épieux. L’animal épuisé s’abattit sous leurs traits sans coup férir.
Les deux chasseurs exultèrent. Enfin, ils ramenaient de la viande fraîche au village !
Ils dépecèrent l’ours, mettant sa chair en gros quartiers sur un travois de fortune. Ce n’était pas une petite affaire, l’animal étant de belle taille, et le temps qu’ils terminent tout cela, les dernières lueurs du couchant éclairaient le sommet du versant. Il leur faudrait camper dehors cette nuit-là.
Heureusement, le froid était mordant, mais le ciel était clair, et ils avaient repéré à l’aller une cahute abandonnée, qui ferait l’affaire. Ce n’était pas la première fois qu’ils dormaient dehors.
Ils traînèrent leur chargement jusque-là, allumèrent une bonne flambée, sur laquelle ils se firent un festin de viande d’ours encore saignante. Puis ils s’endormirent, heureux et repus.

Le vent du Nord avaient bien vu les deux intrus qui venaient marauder sur son domaine.

Elle vit aussi quand ils abattirent l’ours, et s’en régalèrent.

Il y avait des lois, il y avait des règles.

Cet ours lui appartenait de plein droit, en le tuant, ils avaient braconné sur ses terres.

Il y avait des lois, il y avait des règles.

Ils étaient rentrés dans le cercle, ils avaient franchi la frontière, violé son domaine avec un feu sacrilège. Leurs vies étaient siennes, désormais.

Avec la soudaineté des Vents, elle fut à la porte de la cahute. Les deux voyageurs dormaient paisiblement.
Elle leva le doigt. Le feu s’éteignit d’un coup. Puis la température devint glaciale, du givre apparut le long des murs.
Elle entra se pencha vers le plus vieux, souffla longuement. Sa figure devint blanche, puis bleue. De la glace se forma le long de ses cheveux et de sa barbe.
Puis elle se tourna vers le plus jeune. C’était encore un tout jeune homme, presque un enfant, au visage très pur. Sa joue était lisse, et il avait de longs cils qui ombrageaient ses paupières, comme une aile. Sa bouche était pleine, arrondie sur un demi-sourire.
Elle s’approcha de lui.
Munemori eut un frisson, se réveilla et vit cette inconnue belle et terrible au-dessus de lui.
Aurait-il crié, c’en était fini de lui.
Mais il était saisi d’un émerveillement mêlé de terreur. C’était la plus belle femme qu’il avait jamais vue.
Le Vent du Nord parla.
- Je devrais te tuer, comme j’ai tué le vieil homme. Mais tu es jeune, et beau. Je te laisse vivre. Mais tu ne dois jamais parler à quiconque de ce que tu as vu ici, même à ta mère, car je le saurais. Et je te tuerais.
Puis elle tourna les talons, et disparut en un tourbillon, emportant avec elle la brume glaciale.
Le jeune homme sortit de sa stupeur, s’aperçut que le feu était éteint et que son père était mort, et s’enfuit sans demander son reste. Il regagna son village, plus mort que vif.
Sa mère le soigna. Il restait immobile et muet, ne répondant pas à ses questions. Puis, lentement, ses forces lui revinrent.

Un an passa. Munemori avait repris son travail de chasseur. Il se demandait s’il ne partirait pas vers les terres du sud, que l’on disait riches et fertiles, plutôt que de s’accrocher à ce village perdu, à ces forêts ensevelies dans un hiver perpétuel. L’été venu, il prit sa décision, fit ses adieux à sa mère et prit son baluchon.

Ce matin-là, sur le sentier qui sortait du village, cheminait une jeune fille. Un peu étonné de la voir seule, le jeune homme lui demanda si elle avait perdu son chemin.
- Non, parce que je ne sais pas encore où je vais. Je cherche du travail.
- Nous sommes deux alors, répondit en riant Munemori, moi non plus, je ne sais pas encore où je vais.
- Peut-être est-ce vous, ma destination, dit la jeune fille avec ingénuité.
Le jeune homme fut surpris. C’était là une parole bien audacieuse. Pourtant elle n’avait pas l’allure d’une geisha itinérante, ou d’une vagabonde.
Il sourit, un peu bêtement. Elle était bien jolie.
- On peut avoir des personnes comme destination ? s’enquit-il.
- Oh oui, c’est souvent le cas.
La discussion s’engagea ainsi, à la fois étrange et familière. Un moment passa, et le jeune homme eut l’impression qu’il la connaissait depuis toujours.
- Je m’appelle Munemori. Quel est ton nom ?
- Kita.
- Kita, je crois que tu es ma destination, aussi.
Ils se sourirent.

Trois mois plus tard, ils étaient mariés. La jeune fille était orpheline, mais compensait son manque de dot par ses qualités d’épouse. À la beauté, elle alliait la courtoisie, la fidélité, la modestie, la diligence, et toutes ces qualités qui font une épouse parfaite.

Les années passèrent. Elle lui donna trois beaux enfants à la peau claire, sans que le temps ou la rude vie du village paraissent faner sa beauté. Ils étaient heureux.
Ces années-là, les hivers furent particulièrement cléments, et les récoltes généreuses.
Munemori repensait de temps à autre à la mystérieuse apparition dans la montagne, mais c’était devenu comme un rêve, dont les détails s’effacent, et dont on ne sait plus très bien si cela s’est réellement passé.

Un soir, après le repas, il regardait son épouse coudre, et un étrange sentiment l’envahit. Avec la tête penchée, et cette lumière…la ressemblance était frappante. Il lui dit abruptement :
- Tu sais, il y a quelque chose que je ne t’ai jamais dit, mais il y a une fois où j’ai vu une femme aussi belle que toi.
Elle releva la tête, attentive.
- C’est arrivé il y a des années…j’avais presque oublié, mais à présent cela me revient comme si c’était hier. Je n’en ai jamais parlé à personne. Avec mon père, nous étions dans la montagne, bivouaquant pour la nuit. Je me suis réveillé. Cette femme toute blanche était penchée sur moi, derrière il y avait mon père, tout raide et bleui par le froid. Cela devait être un démon, une femme des neiges. Elle s’est tournée vers moi, et la seule chose qui m’est venu à l’esprit, c’est que jamais je n’avais vu une femme aussi belle. Avec cette lumière, tu lui ressembles beaucoup, en fait. » Il sourit. « Bah, j’avais probablement rêvé. »
Sa femme le fixa. Ses yeux étaient un puit noir et sans fond. Le feu s’éteignit et un vent glacé souffla dans la maison tandis qu’elle disait d’une voix terrible, la voix même de l’hiver :
- Tu n’as pas rêvé. C’était moi, c’était bien moi, Kita. Tu avais juré de n‘en parler à personne ! Une promesse solennelle ! Je dois te tuer, maintenant. »
« Mais… » Sa voix se cassa tandis qu’elle se tournait vers la chambre où dormaient les trois petits. « Il y a …ces enfants. »
Elle hésita, jeta un long regard de regret sur la chambre, se dirigea vers la porte, qui fut violemment arrachée de ses gonds par une main invisible, et se retourna vers Munemori, les yeux brillants.
- Si jamais…si jamais ils ont à se plaindre de toi… là je te tue pour de bon !
Puis elle disparut dans la tempête qui venait de se lever. Des flocons de neige s’engouffrèrent à l’intérieur, en une bourrasque furieuse.
Munemori resta quelques instants prostré, l’oeil égaré. Puis il se précipita dehors, pieds nus dans la neige, appelant au milieu de la tourmente « Kita ! Kita ! »
Seul le hurlement du vent lui répondit.

Elle ne revint jamais. Les hivers suivants furent particulièrement rudes.

Mais certains soirs, quand le vent du Nord gémit et sanglote, on dit que c’est Kita qui pleure pour les enfants qu’elle a dû abandonner. Parce que même le cœur glacé du Vent du Nord abrite la douceur et la tendresse d’une mère.

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