Ces petits contes écrits dans le style des contes populaires japonais sont destinés à faire de petites histoires d’ambiance pour une nouvelle relative au clan Licorne. Merci donc aux Licornes de la Voix de bien vouloir corriger le tir si besoin est.
Mushu, ne lis pas ces textes, tu les découvriras plus tard !
NB : j’ai progressé depuis ‘le vent des hauts plateaux’, j’ai lu le way of…:fete:
Haido haido shishi !
En avant, en avant, ma monture
Haai haai shanshan
Volent volent tes sabots
Un paysan avait vécu modestement toute sa vie. Sa femme était morte depuis plusieurs années, il n’avait qu’un petit lopin de terre. Son seul trésor était sa fille, plus belle que le jour. Il avait mis de côté tout ce qu’il pouvait pour lui constituer une dot, afin qu’elle trouve un bon mari.
Un matin, alors que père et fille étaient aux champs, s’approcha un jeune homme bien fait de sa personne, aux cheveux ébouriffés et au visage hardi. Il était bien habillé et portait aux pieds de superbes bottes.
Il s’arrêta et commença à conter fleurette à la fille. Le père, suspicieux, s’approcha, vit les beaux habits et se fit tout révérent.
- Messire, pouvons-nous vous servir en quelque façon ?
- Ta fille me plaît fort, et j’ai bien envie d’en faire ma femme.
- Etes-vous seigneur de quelque contrée ?
- Le Sud sans limites est mon domaine. A chacun de mes pas, le sable s’envole, et j’aime à y sculpter les rochers.
- Ah, messire est un artiste ? demanda le père, impressionné mais toujours suspicieux.
- Certes, et mes chants bercent le sommeil des hommes et des chevaux.
- Merci, messire, de porter favorablement vos yeux sur ma fille. Mais voyez-vous, elle est promise à un riche marchand…poursuivit le paysan, désireux de faire monter les enchères, et voulant s’assurer que l’intéressé avait aussi espèces sonnantes et trébuchantes.
Le jeune homme éclata de rire.
- Paysan madré, je ne suis pas riche d’or, mais de rêves. Ma puissance est grande ; je chuchote aux oreilles des sages les secrets oubliés, j’entraîne les pas des voyageurs vers des contrées nouvelles, j’emporte avec moi le tonnerre des sabots. Cela ne vaut-il pas mieux qu’ennuyeux commerces ?
- Messire, pardonnez-moi, je ne sais pas, répondit le père prudemment.
Le jeune homme rit à nouveau.
- A défaut de ta fille, m’offfrirais-tu l’hospitalité pour cette nuit ?
Le paysan se détendit.
- Bien sûr, messire.
Ainsi fut fait. Le jeune homme vint dîner, se montra gai compagnon, s’attirant de doux regards de la jeune fille, qui l’aurait à dire vrai préféré au marchand barbon auquel elle était destinée.
Le matin venu, il partit, si discrètement que nul ne l’entendit. Derrière lui, il avait laissé ses bottes.
- Quelle étrange idée, se dit le père, que de partir ainsi déchaussé ! Je vais les garder, au cas où notre hôte repasserait les chercher.
Il les rangea, et puis les oublia.
La date du mariage avec le marchand approchait.
La fille se prépara, mit ses plus beaux habits. Mais le matin du mariage, impossible de retrouver ses souliers. Elle était bien embarrassée ! Elle chercha partout, sans succès, et découvrit dans une malle une superbe paire de bottes, qui semblait à sa taille.
- Mon kimono est long, cela fera l’affaire, se dit-elle. Et d’enfiler icelles.
Dès qu’elle les eut aux pieds, elle se sentit une irrésistible envie d’aller dehors. Elle franchit aussitôt le seuil de la maison.
Son premier pas l’amena en dehors du village, le deuxième, dans la Province de l’Ouest. Au troisième, elle traversa la forêt. Au quatrième, elle se trouva dans les Terres Brûlées. Au cinquième, elle atteignit les Hauts Plateaux. Au sixième, elle se trouva dans des terres si étranges qu’elle en demeura bouche bée. Le septième pas l’amena au Ciel, où elle retrouva le jeune homme.
- Enfin, te voilà ! s’exclama joyeusement celui-ci.
Le jeune homme, qui n’était autre que le vent du Sud, la prit par la main, et bras dessus bras dessous, ils partirent survoler la contrée.
Du père et du marchand, rien n’est dit. Gageons qu’ils se trouvèrent l’un et l’autre fort déconfits. Mais comme dit le sage, il ne faut jamais emprunter chaussure d’autrui !
Depuis, la légende dit que les jeunes gens voulant trouver l’amour, ou les jeunes filles souhaitant trouver mari, doivent confier leurs vœux au vent du sud, parce que son épouse, qui n’a pas oublié quand elle était mortelle, écoute volontiers les cœurs des amants.