[6.3]Le Salon de la Joie et de la Félicité

Master's : Isawa Yoshimitsu & Hida Koan
La storyline Nimportekoiteske : l'inspiration jaillira du Flood

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Seppun Kurohito
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[6.3]Le Salon de la Joie et de la Félicité

Message par Seppun Kurohito » 04 févr. 2005, 21:44

Le vaste Salon de la Joie et de la Félicité avait souvent servi, au printemps comme en été, aux réceptions de la famille Kakita et aux représentations festives.
Les verts et les bleus étaient savamment mélangés dans sa décoration, et le parquet clair chantait sous le pas des visiteurs.

Au sud, le salon s'ouvrait sur un partie des Jardins Merveilleux, et surplombait un petit étang. La principale attraction était à l'est de la pièce.
Appuyé contre un mur plus épais que les fines cloisons de bois trouvés habituellement dans le palais, une fontaine semblait sculptée à même une énorme pierre marbrée. L'eau s'écoulait, limpide et cristalline, et ses clapotis formaient une mélodie joyeuse et chantante qui résonnait sous le plafond. Un plafond voûté, propice à l'épanouissement de la musique.

Derrière des shoji dépeignant l'océan, de jeunes serviteurs installaient plusieurs tambours aux tailles et formes diverses. D'autres achevaient de fixer un gong cuivré sur le mur opposé. Les instruments étaient nombreux : flûte shakuhachi (droite et en bambou), yokobue (traversière) et shô (orgue de bouche), koto (cithare) et samisen. Plusieurs biwa à 4 ou 5 cordes attendaient que des mains expertes fassent naître les sons codifiés du gagaku. Car il n'était guère question ici des musiques de la rue, mais de celle de la Cour et de la noblesse, formalisée depuis l'aube de l'Empire.
De même que les danses seraient celles, dérivées au fils des âges, des danses sacrées du culte shintao, que tout jeune samurai de bonne éducation apprenait au moins à apprécier.
Encore qu'il n'était pas impossible d'avoir aujourd'hui quelques surprises...

En face de la fontaine, assis sur un dais, les sensei Asahina Miko et Kakita Morihime devisaient en attendant leurs consoeurs. La première, petite et fluette, avait ravi la Cour Impériale des dernières années de Toturi par ses talents de danseuse éblouissante. La seconde, plus âgée, était aussi versée dans l'usage du tambour taiko que dans l'art de la guerre...

Leur attente fut de courte durée. La princesse Doji Yasuyo finit par entrer, et après un salut rapide mais élégant, prit place à leurs côtés.
Puis, en même temps que de nombreuses demoiselles de la cour, la concubine impériale entra à son tour.
Doji Yasuyo la présenta aux deux maîtresses. Si Asahina Miko se montra agréable et souriante, remerciant de sa voix claire la belle Bayushi pour sa présence, Kakita Morihime se montra plus froide et réservée.

Contrairement aux autres salons, celui-ci voyait affluer bien plus de femmes que d'hommes, ces derniers étant, pour la plupart, davantage des amateurs consommés de musique que de danse...

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Message par Seppun Kurohito » 05 févr. 2005, 07:44

Peu de musiciens s'étaient présentés pour concourir. Bien que quelques jeunes artistes avaient été autorisés à s'installer dans le coin de la salle pour ouvrir les festivités par plusieurs musiques traditionnelles, ils ne concoureraient pas.
Seul le respecté Asahina Hoturi était, pour l'instant, invité à présenter son art à la cour. Les juges discutèrent un instant, alors que Ryumi jetait de fréquents regards à l'homme à la beauté incroyable. Son regard, immobile et éteint, semblait crier à la face du monde que la beauté ne passait pas uniquement par le plaisir des yeux, dont lui-même n'avait jamais eu l'usage. Il portait un sourire constant et serein sur le monde, un monde fait de ténèbres que la profondeur des mélodies agrémentait d'une infinité de couleurs imaginaires.

Finalement, Doji Yasuyo parla d'une voix forte en se tournant vers l'assemblée.
"- Nobles samurai, bien que les concours du jour puissent être l'occasion d'une rivalité amicale, leur finalité est de donner à chacun ces enchantements des sens qui illuminent l'âme et nous rapprochent des Cieux? Aussi, si personne ne se propose pour se mesurer au talent d'Hoturi-san, ce dernier nous fera l'honneur de jouer pour chaque danse, et sera honoré comme le meilleur musicien du jour."
Hoturi acquiesca d'un mouvement sans se départir de son sourire éclairé.
"- Pour le reste, que ceux et celles d'entre vous souhaitant honorer ces murs de leurs danses ou de leurs chants s'avancent et se présentent."

Après ces derniers mots, la dame se rassit près de ses pairs.
Plusieurs jeunes filles étaient déjà fin prêtes à danser : Kakita Taeko d'abord, suivante de dame Mai. Shosuro Kaede au masque laqué, que beaucoup regardaient, intrigués.
Les visages se tournèrent vers l'entrée lorsqu'entra la belle Doji Michiko, accompagnée de la femme austère qui lui servait de chaperon. Elle salua l'assemblée d'un sourire magnifique qui fit grande sensation.

Enfin, au bout d'un court instant, deux samurai vassaux de la maison Ikoma, venus avec la suite du barde Sanzo, se proposèrent à clotûrer le tournoi par une danse ancienne, issus d'anciens rites martiaux pour honorer la Fortune Hachiman avant le départ à la guerre...
Une suggestion acueillie avec surprise, mais de celle, agréable, de la nouveauté...

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Message par Seppun Kurohito » 16 févr. 2005, 16:18

Sur les sons réguliers et traditionnels du gagaku, la musique de cour, Kakita Taeko fut la première à venir jouer avec le vent sur le plancher chantant.

Pas après pas, position après position, la jeune danseuse exécuta chaque mouvement avec grâce et dignité. Puis, alors que flûte et samisen venaient enrichir la mélodie austère, elle prit peu à peu possession de l'espace avec la maîtrise et l'excellence qui font la réputation de la famille Kakita.

Son visage, lisse et poudré, figé dans la rigueur et la décence demandés par la danse, n'empêchait guère les sourires nuancés que Taeko parvenait à glisser dans les instants opportuns, impliquant davantage un public déja fasciné.

Avec l'accélération de la mélodie vint la succession de virevoltes, les jeux des bras, les positions affectées des mains, chaque mouvement trahissant son entraînement long et rigoureux. Sa coiffure, élégamment remontée en coupe sophistiquée, ne bougea pas d'un pouce, et les tintements des bijoux se fondaient dans la magnifique musique du maître Hoturi, que deux compagnons avaient rejoint.

Finalement, avec les derniers coups du gong, Taeko revint dans sa position initiale, le regard baissé dans une humilité de circonstance. Son kimono semblait n'avoir guère bougé, comme si la véritable magie de l'art avait été à l'oeuvre.

Sous un auditoire fasciné, dans le silence revenu, la jeune Kakita se prosterna, front sur le sol, avant de reprendre sa place à reculons... Il fallut un instant pour que le bruit des éventails viennent honorer la performance de la jeune danseuse.

Puis vint le tour de Shosuro Kaede, qui, après avoir glissé quelques mots à l'oreille du maître Hoturi, alla s'agenouiller au centre de la pièce, le regard indéchiffrable...

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Message par Seppun Kurohito » 22 févr. 2005, 01:37

Dans les ondulations lascives de la flûte, Shosuro Kaede se redressa lentement, s'ouvrant comme une fleur s'épanouissant à la lumière de l'astre solaire.
D'abord les mains, puis les bras, placés en position complexe et sans symétrie, enfin le torse.

Avec la mélodie du koto et du samisen, la jeune courtisane se leva finalement, avec une grâce suggestive et étudiée.
Puis, deux larges éventails de papier s'ouvrirent dans ses mains, deux scorpions redressés, un noir, un rouge.

Avec fluidité, Kaede effectuait une danse aux mouvements larges, mais avec des pas peu nombreux, de faible amplitude.
Telle une colombe aux ailes déployées, elle effectua une de ces danses magiques, empreinte d'une fausse pudeur qui ne faisait que souligner sa sensualité cachée, que les femmes les mieux éduquées des quartiers réservés offraient à leur respectable clientèle, dans la nuit envoûtante.
Un véritable enchantement des sens...

A chaque figure, la jeune fille laissait tournoyer d'une main experte les éventails et croisait un bref instant le regard d'un spectateur ensorcelé.

Il n'y avait dans son attitude aucune humilité, seulement une franche assurance, l'ardeur d'une promesse non formulée, livrée à l'imaginaire de chacun.
Lorsque la musique s'éteignit, Kaede referma les éventails avec un bruit sec, avant de faire un salut bas et respectueux à l'assemblée, restant ainsi, dans une position alanguie, pendant quelques secondes.

Puis, alors que des murmures saluaient avec enthousiasme sa prestation, elle revint se placer sur le côté de la pièce, non loin de la concubine impériale...

De nombreux regards furent lancés aux juges, mais ni Asahina Miko, ni Kakita Morihime ne firent de commentaires. Doji Yasuyo et Bayushi Ryumi échangèrent quelques mots discrets, alors que les artistes suivants s'installaient.

Au centre de la pièce, Doji Michiko prit une position debout, portant de longs rubans azur à chaque bras. Deux jeunes Kakita vinrent se placer derrière elle, avec des rubans blancs et cendrés aux poignets.
Là, dans cette pose altière et délicate, il sembla un instant que Benten était venu visiter le monde des mortels en compagnie de dévouées servantes...

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Message par Seppun Kurohito » 23 févr. 2005, 21:24

Le gong sonna le début de la danse.
Comme une nymphe surgissant des brumes du royaume des rêves, Doji Michiko avanca de quelques pas en ouvrant largement ses bras, les rubans entamant leur folle sarabande dans les airs.
Derrière elle, Kakita Sumae et Doji Eien répétaient ses mouvements avec un moindre amplitude, tels de fugaces reflets de la beauté incarnée.

La musique envahissait à nouveau la pièce, instrument après instrument, montant jusqu'aux plafonds colorés du salon pour s'épanouir de toutes parts. Doji Michiko, le regard droit et le port altière, faisait montre d'une souplesse incroyable, alliant grâce et fluidité dans un ballet connu à la perfection. Les rubans jaillissaient tels des fontaines, retombaient soudains pour onduler ensuite comme quelques dragons mystèrieux autour de son corps aux formes généreuses.

Ses deux assistantes s'étaient rapprochées lentement, tours, demi-tours et virevoltes, se croisant à tour de rôle.
Les rubans de chacunes s'entremêlaient comme un feu multicolore qui semblait ne jamais cesser.

A l'apogée superbe de la mélodie, Michiko sembla s'envoler un instant, tournoyant sur elle-même au coeur du jeu des tissus, et chacun vit un instant un véritable esprit venu fouler le monde grossier des hommes.
Une vision fugitive, mais frappante, prenant chacun au ventre, faisant s'emballer les coeurs.

Enfin, le rythme s'appesantit et les formes autères de chaque note vinrent mettre fin à la vision sublime. Sur le dernier sifflement de la flûte, Doji Michiko revint se placer dans la position exacte qui avait été la sienne au début de la danse, alors que ses deux consoeurs s'agenouillaient dans des poses étudiées à ses côtés.

Le silence s'installa. Il s'installa et demeura, hommage plus parlant que n'importe quel mot prononcé. Brisant la magie, Michiko finit par saluer respectueusement l'assemblée, le visage empreint d'une gravité et d'une humilité qui lui était pourtant peu familière...

Puis, avec ses compagnes, elle quitta le centre du salon.
Les juges saluèrent la performance d'un signe de tête, avant de se tourner vers l'auteur de la démonstration suivante...

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Isawa Yoshimitsu
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Message par Isawa Yoshimitsu » 28 févr. 2005, 16:56

Doji Michiko était la dernière concurrente à passer pour l'épreuve de danse. Néanmoins, les juges semblait attendre une dernière personne. Sortant d'un coin de la pièce, un homme visiblement agé s'avanca jusqu'au milieu de la pièce. Il marchait à l'aide d'un baton, le dos courbé. Kaneo avait le crane rasé, et avait le visage marqué par la vie: il lui manquait l'oeil gauche. Ses habits étaient des plus simples, de couleur bleu nuit. Son pas n'était visiblement pas des plus rassurés ; la vie de cour n'était pas dans ses habitudes, celà était évident. Arrivé au milieu de la pièce, il sortit alors une flûte shakuhachi de la manche de son kimono. Il cessa de s'appuyer sur son baton, l'assemblée découvrant alors sa grande taille. Puis il prit la parole de sa voix grave.

Je remercie les honnorables juges de m'avoir convié à faire partager ma passion pour la musique à cette noble assemblée. Je ne me suis pas présenté en tant que concurrent car je ne peux prétendre me mesurer à l'illustre Asahina Hoturi. Mais je suis très honoré que l'on m'est demandé de conclure ce concours par ma modeste prestation.

Je jouerais en l'honneur de Kakita Sakato-sama qui m'a convaincu de faire partager ma musique aux personnes ici présentes


Puis Kaneo se mit alors à jouer. Sa musique ne respectait aucun des prtocoles habituels, mais au bout de quelque temp, on s'habituait au rythme si surprenant et le son de la flute devenait agréable. Celà ne transportait pas dans un autre monde comme savent si bien le faire les membres de l'acadélmie de la famille Kakita, mais ce style si inhabituel était visiblement très bien maitrisé. La prestation était bonne, et l'aasemblée appréciait.

Après que son morceau ait pris fin, Kaneo ajouta alors quelques simples mots: "Je vous remercie de m'avoir accordé ces quelques minutes d'attention", avant de reprendre son baton pour retourner dans son coin.

Un murmure parcourut alors l'assemblée ; beaucoup de monde se demandait qui pouvait bien être ce moine.

Mais celui ci s'arrêta rapidement: le jury était près à rendre son verdict concernant la danse...

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Yogo Kaneda
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Message par Yogo Kaneda » 04 mars 2005, 15:36

Kaneda avait assisté à ce concours de danse et s'était délecté devant tant de grâce et d'efforts déployés par les malheureuses concurrentes...
Cela lui faisait mal de l'admettre, mais pour le jeune Yogo, le temps avait suspendu son vol durant la prestation de dame Michiko.

Kaneda ne danserait jamais
Pour atteindre l'illumination, il faut suivre 3 règles:
1 - ne jamais accepter d'argent
2 - ne jamais accepter les avances des jeunes filles
3 - ne jamais accepter les règles stupides d'un petit moine pervers désireux de priver les autres de ce qu'il n'a pas ("La contradiction est la mère de la juste compréhension")

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Message par Seppun Kurohito » 06 mars 2005, 02:17

Pendant que l'énigmatique Kaneo régalait le public, la belle Michiko se déplaca dans l'assemblée, accordant quelques discrets et délicats saluts à ses admirateurs.
Finalement, elle s'arrêta pour écouter la musique, en ouvrant son éventail qu'elle placa devant sa bouche.
Non loin, seul Yogo Kaneda put entendre les mots qu'elle murmura.
"- Quel plaisir de vous savoir si près durant ma prestation. J'espère que vous aurez passé un agréable moment...
Si toutefois, vous souhaitiez prolonger le plaisir de notre conversation, vous pourrez me rejoindre en prière au sanctuaire de Benten... Si je ne vous vois pas au coucher du soleil, j'en conclurai que vos dévotions vous portent à d'autres Fortunes."

Avec un sourire naissant, la courtisane n'attendit pas la réponse du shugenja pour rejoindre ses suivantes, laissant les effluves de son parfum capiteux comme unique témoin de sa présence...

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Yogo Kaneda
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Message par Yogo Kaneda » 06 mars 2005, 08:38

une invitation à aller prier au sanctuaire de Benten... cette Michiko était fort surprenante. Kaneda inclina la tête de façon quasi-imperceptible en signe d'acquiescement.
cette invitation sentait le piège à des li à la ronde. mais il avait décidé de s'y rendre malgré tout.

En quoi ai-je pu offenser à ce point les Fortunes, pour que cette femme, qui était au centre de nombreuses conversations présentes (et, au vu de sa prestation dans l'épreuve de danse, à venir), s'intéresse à ce point à lui?
Soit elle conspire à me nuire, soit elle n'est pas ce qu'elle montre à tout le monde et son masque est celui de la vertu et de la perfection...

Je serai fixé tôt où tard. se dit-il.
il aurait le temps de réfléchir jusqu'à l'heure de ce rendez-vous...
Pour atteindre l'illumination, il faut suivre 3 règles:
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Message par Seppun Kurohito » 08 mars 2005, 13:02

La foule assemblée semblait incertaine quant à l'issue du concours. Si les demoiselles du Clan de la Grue avaient fait preuve de toute la grâce inhérente à leurs origines, la prestation de Shosuro Kaede avait fait grande impression.
Le Clan de la Grue, qui avait dominé dans tous les autres concours, verrait-il sa suprématie contestée ?

Les juges échangeaient quelques mots, derrière le secret de leurs éventails colorés.
Asahina Hoturi prit l'initiative de jouer un nouvelle air de flûte, court et léger, qui avait davantage vocation de couvrir les délibérations. D'après les mouvements de chaque membre du jury, un consensus semblait difficile à établir. Leur nombre, pair, ne devait pas y être pour rien.

Finalement, après quelques aquiescement, Doji Yasuyo s'avança, suivi de près par la courtisane impériale, qui s'éventait d'un air indéchiffrable.
Sa voix claire ramena le silence dans les murmures spéculateurs de l'assemblée. Asahina Miko et Kakita Morihime demeurèrent en retrait, drapée dans leur dignité.

"- En ce jour béni par seigneur Soleil, nous fut donné de voir la grâce merveilleuse de nombreuses participantes. Le choix fut difficile, et chacune a rendu hommage à ses enseignements, pour le plus grand enchantement de nos sens. Aussi, et bien que toutes doivent être chaudement félicitées, honorons-nous tout particulièrement Doji Michiko-san..."

Un murmure approbateur parcourut l'assemblée, alors que la fière courtisane faisait un pas en avant, suivie par ses deux assistantes rougissantes.

"... et Shosuro Kaede-san. Puissent-elles toutes deux nous ravir encore par leurs ineffables talents."

Avec une visible surprise, la jeune Scorpionne s'avança en saluant humblement la foule. Son regard croisa celui de Bayushi Ryumi avec un air indéchiffrable.

Doji Michiko demeura un infime instant interdite, avant de saluer à son tour, en bonne joueuse.

Le son du gong résonna dans le palais, indiquant la fin des festivités de l'après-midi...

Alors que les nombreux admirateurs venaient saluer leurs muses, la princesse de la famille Doji salua courtoisement ses pairs, avant de quitter le salon.

Shosuro Kaede recevait les saluts respectueux de nouveaux admirateurs, bien que rares, parmi eux, étaient les gens de la Grue, qui lui préféraient de toute évidence Doji Michiko. Cette dernière se soumit au protocole avec aisance, mais quitta à son tour le salon dès que cela fut possible.
Avant de sortir, elle jeta un bref regard au shugenja de la famille Yogo...
Dernière modification par Seppun Kurohito le 09 mars 2005, 02:00, modifié 1 fois.

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Message par Yogo Kaneda » 08 mars 2005, 17:12

Doji Michiko... et Shosuro Kaede... un nombre pair de membres du jury permettait parfois ce genre de surprises. Kaneda rit intérieurement quand il vit la fière courtisane du clan de la grue s'entendre annoncer le résultat.
non, les grues n'auraient pas le monopole de la grâce et du sens artistique cette fois-ci. et cela n'était pas sans faire plaisir au Shugenja Yogo...
Voyant les courtisans et autres ennuyeux aller rendre leurs hommages à ces demoiselles, Kaneda ne sut résister longtemps à l'envie de se diriger vers Shosuro Kaede. Après tout, ce serait amusant...

"Kaede san, il m'a semblé, l'espace d'un instant, que joie et bonheur s'épanouissaient en ce lieu à chacun de vos gestes. Merci pour nous avoir offert ce moment de félicité..."

Vous ai-je déjà dit que Kaneda détestait la danse?

Quand il se détourna de la jeune Shosuro, son regard croisa brièvement celui de Michiko. celle-ci s'apprêtait à quitter le salon.

Il irait la retrouver, d'ici peu, au sanctuaire de Benten.


A Yomi...

-Mais quel boulet!!!! Il est comme Shoju! Enfin, je m'emporte en comparant mon idiot de neveu au seigneur Bayushi... mais aller se compromettre avec une femme!!! une grue, qui joue à domicile en plus!!!
Il ne peut que s'attirer des ennuis. surtout que ses origines sont assez connues et qu'il peut tomber à la place d'un vrai coupable, pour cette histoire de caravane.
-Calmez-vous Junzo san, et tenez. Fumez, c'est de l'afghan. Ca vous détendra.
-Shosuro Gynéco san, je n'ai pas envie de fumer de votre herbe qui rend idiot.
-hin hin hin (nuage de fumée) allez, amuse-toi un peu.
-Ok... je suis déjà mort et souillé comme c'est pas permis, ça ne me fera rien.

Quelques minutes plus tard, les ancêtres qui peuplaient Yomi purent entendre Yogo Junzo et Shosuro Gynéco, le maître des herbes et inventeur du bonnet géant pour dreadlocks, chanter: pass pass le oinj, y a du monde sur la corde à linge.

hin hin hin, Junzo, t'endors pas... bein quoi?! t'as tout méfu?????

et Junzo eut les idées plus vagues sur le rendez-vous de Kaneda.


JUNZO SAN!!!! une furie vêtue de bleu se dirigeait à pas décidés vers nos deux fantômes. Visiblement très fâchée par les desseins de sa descendante Michiko. Décidément, se disait le Kami, elle avait des goût atroces. et avec un Yogo en plus!

-hin hin hin, Doji sama. prenez ça, ça vous détendra.
-Merci, Gynéco san... elle m'a fatiguée
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Message par Seppun Kurohito » 07 avr. 2005, 00:54

De retour dans le Ningen-do...

Après le départ de l'Impératrice, les murmures s'étaient mués en discussions plus passionnées sur les magnifiques prestations dont chacun avait été témoins.

Bayushi Ryumi fut une des premières à quitter les lieux, sous le regard admirateur de nombreux courtisans, accompagnée par Shosuro Kaede, une des gagnantes du jour.
Cette dernière avait répondu poliment à Yogo Kaneda, avant de lui murmurer quelques mots à l'oreille, derrière le secret de son éventail...

Les maitres Kakita de l'Académie devisaient encore sur les mérites de chacun, et Asahina Hoturi joua une dernière sonate, en guise d'heureuse conclusions.
Une bonne demi-heure passa et le Salon ne tarda pas à se vider, à l'exception de quelques inlassables mélomanes.

Plusieurs curieux vinrent saluer l'énigmatique mais non moins talentueux Kaneo, qui était resté à l'écart...
Asahina Hoturi lui-même vint le saluer, et lui fit la conversation un instant.

"- Kakita Sakato-san a été bien inspiré de suggérer votre participation, Kaneo-sama. J'espère que nous aurons l'occasion de nous représenter de concert une fois prochaine. Pas ce soir, hélas, car je crois qu'un jeune membre du Clan du Dragon doit nous régaler d'un spectacle de feux d'artifices, mais demain peut-être ?..."

Il n'était plus que tous les deux désormais...
Dernière modification par Seppun Kurohito le 08 avr. 2005, 16:06, modifié 1 fois.

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Message par Isawa Yoshimitsu » 07 avr. 2005, 09:54

Kaneo n'avait pas l'habitude de toute cette agitation si caracteristique des cours de Rokugan. D'habitude, il se contentait de jouer pour son propre plaisir, pour oublier la tristesse de sa vie.

Neanmoins, c'était un grand honneur pour lui de recevoir tous ces compliments. C'était la première fois qu'on le complimentait d'une telle facon pour sa musique.

"Domo arigato Hoturi sama. Je serais fort honoré de pouvoir vous rencontrer à nouveau. Je suis actuellement logé au chateau. Je pense que vous n'aurez aucun mal à me faire mander quand vous serez disponible."

L'etiquette n'était pas le fort de Kaneo. Il esperait ne pas avoir commis d'impair.

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Message par Seppun Kurohito » 08 avr. 2005, 15:59

Asahina Hoturi acquiesça poliment, avant de poursuivre.

"- Tout l'honneur sera pour moi, Kaneo-san... Nous n'avons pas l'honneur d'avoir été présentés convenablement. Je suis Asahina Hoturi, fils d'Asahina Hanuko-sama et petit-fils d'Asahina Tomo-sama, et je suis le premier assistant de Kakita Morihime-sama, maitresse des arts musicales à l'Académie Kakita.
Vous êtes actuellement logé au Palais dites-vous ? Comptez-vous parmi la suite de sa Majesté Koan-dono parti pour faire le tour de l'Empire d'Emeraude ?"

Kaneo fut surpris par la question du musicien.
En le regardant, il se souvint soudain que le musicien était aveugle, et ne pouvait reconnaître ni son appartenance à la Confrérie de Shinsei, ni la mutilation de son visage..

Pourtant, son regard éteint où les pupilles bougeaient malgré tout, autant que l'aisance de ses gestes, firent penser à Kaneo, fort de son expérience en la matière, qu'Hoturi devait être aveugle de naissance, et qu'en outre, sa cécité n'était peut-être pas naturelle...

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Message par Isawa Yoshimitsu » 09 avr. 2005, 12:53

"Et bien non je ne suis pas un suivant de la caravane impériale. Je ne suis que de passage dans la région, et le clan de la grue m'a généreusement hébergé. Je ne suis qu'un simple moine qui s'est retiré de sa vie de samurai. Et je parcours Rokugan depuis"

Hoturi pouvait bien sentir qu'il y avait un autre sens derrière cette phrase, des motivations personnelles que Kaneo préférait visiblement garder pour lui. Kaneo avait visiblement eu une vie troublée lui aussi ...

Verrouillé