[2.15-HK] Grandes manoeuvres

[Hida Koan]

Ça lui disait vaguement quelque chose ces noms du clan du Lion... Mais elle ne se rappelait plus d'où ça venait... Peut-être que Shigueru s'en rappellerait. Retsu ce serait étonnant, ce devait être un samurai qu'ils avaient croisé plus tard dans leur vie, quand Retsu était déjà parti. Kei ne savait pas trop sur quel pied danser... Yasuki Taka était un daimyo de famille du clan, il devrait arriver à faire quelque chose en regard d'un petit daimyo. Par contre c'était un samurai du clan du Lion, ce serait peut-être moins facile...

[Hida Koan]

La ville était en fête avec la visite de Yasuki Taka et son épouse, c'était assez difficile de circuler dans les rues. Elle avait bien fait de garder son uniforme d'apparat, ça en jetait plus que celui de d'habitude et ça marchait mieux pour faire dégager les gens.

Elle avait la tête ailleurs. Elle avait peur que tout tourne mal. Et ne pouvait s'empêcher de regretter la situation avec son père... Mais c'est lui qui avait provoqué ça, il ne pouvait que s'en vouloir à lui. Elle espérait que tout se passait bien pour Retsu, ces derniers temps quand tout avait l'air de se passer correctement : une avancée dans une enquête, un moment de calme, un contact conciliant; une catastrophe avait lieu. Cette fois-ci après les deux affreux derniers jours, ce que lui avait dit Taka ce matin lui avait remonté le moral et c'est bien ce qui la chagrinait. Comment tout ça pourrait partir à vau-l'eau un peu plus ? C'est pour ça qu'elle avait mis en garde Retsu... Encore quelques mois à cette cadence et elle pourrait se faire enfermer à l'asile pour paranoïa sévère.

Elle dépassa enfin le grand temple, sa place bondée, ses rires, ses cris, ses imprécations de gardes... Rien de plus que d'habitude. En fait si, mais rien de plus qu'un soir de liesse : des gens qui vous rentraient dedans tous les cinquante centimètres, une odeur d'alcool qui dépassait, une fois n'est pas coutume, celle de la poiscaille et du bruit à vous faire sauter les tympans. Elle avançait mécaniquement sur le chemin, elle savait parfaitement où elle allait. Elle vit une escouade de Garde Gris se diriger vers le temple mais continua sa route. Peut-être qu'il y avait Shigeo. Elle ne l'avait pas vu depuis longtemps, il faudrait qu'elle lui dise tout de même. Il serait content pour elle, elle le savait, ce serait juste "bizarre"... Et peut-être que pendant un temps il ne faudrait pas qu'elle le voit toute seule. Mais il faudrait qu'il rencontre Retsu de toutes façons, après tout ça allait être son mari, et lui était son ami. Pourquoi est-ce que je pense à ça moi ?

Elle arriva au pont et du jouer des coudes pour traverser le fleuve au milieu des badauds. Je devrais aller le voir cet Otadairi et peut-être écrire à sa famille, pour leur raconter tout par le menu. Ou le provoquer en duel ? Oui, mais Akodo... A moins d'être vraiment formé à l'art du duel, les samurai de son clan avait peu de chance de réussir un coup pareil, surtout elle. Enfin... Un duel au premier sang, il y avait peu de chance. Un duel à mort c'était déjà beaucoup plus jouable pour un Crabe. Mais on obtenait pas des duels à mort comme ça. Puis gagner sa propre main ce n'était pas très conventionnel, mais bon. Ça pouvait marcher. Non, c'est ridicule se dit-elle, personne n'acceptera jamais ça. Bon et bien sinon je peux peut-être raisonner cet Akodo. Elle repensa soudainement à ce nom. Elle se rappelait au moins un endroit où elle l'avait vu : la liste de samurai déviants transmise par Momoru. Bah décidément, j'ai pas le cul sorti des ronces...

Elle arriva enfin dans la rue des auberges, le quartier noble n'était plus loin.

[Hida Koan]

Kei avait l'impression d'avancer à contre-courant. Elle réfléchissait toujours. Elle en était arrivé au point de se dire : on pourrait prier Benten, après tout Bishamon est bien intervenu lui... Alors qu'elle regardait dans le vague, guidée par ses pieds plus que sa tête, elle se fit percuter par un brigadier, qui ne prit même pas le temps de s'expliquer. Elle allait lui gueuler dessus quand elle leva enfin les yeux, pour en voir courir encore une petite dizaine à la suite du premier. Le ciel était rougeoyant au loin, et la roche au-dessus du Palais du Conseil semblait être un tissu de soie orangé. Elle ne prit conscience qu'à ce moment là que les gens qu'elle croisaient avait plus l'air de fuir que de se promener. Non, non, non, non, non... Elle resta pétrifiée quelques secondes puis ses jambes prirent le relai et elle partit en courant à la suite des Soldats du Feu.