[RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

"Il y a des livres dangereux comme il y a des amis dangereux. Peut-être faut-il découvrir les uns comme les autres ?"

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 12 mai 2010, 22:16

Intéressant.
Le coin gauche de la bouche de l'impératrice se souleva légèrement. Le jeune homme faisait preuve d'une audace inattendue, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Elle approuvait l'ambition et l'esprit d'initiative.
Mais l'urgence était de résoudre la situation au plus vite. Il était essentiel que l'impétueux général le comprenne.

Ignorant délibérément la brèche à la limite invisible imposée par l'étiquette, elle planta ses grands yeux noirs et limpides dans ceux du jeune Lion, et énonça avec un sourire charmant :
- Exactement, général, j'attends de vous que vous suiviez mes ordres, et de préférence sans que j'ai besoin de les répéter. Le Prince n'est pas blessé, je vous remercie de vous en être enquis. Quand à la nature de l'incident, je ne doute pas que vous soyez à même de l'apprécier dès que vous aurez rejoint les appartements du Prince.
La voix de l'impératrice était parfaitement suave.

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matsu aiko
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 27 juin 2010, 16:50

Le lendemain de l'incident des grenouilles.

Les appartements de l’impératrice étaient vastes, clairs, et d’un luxe feutré, de ce luxe discret qui transparaissait dans la qualité des matières, l’harmonie parfaite des teintes et des textures ; la soie des tentures était d’un tombé lisse comme une chute d’eau, le bois des meubles et des cloisons d’un poli parfait, les arrangements floraux superbes ; l’ivoire et l’or impérial y étaient présents, non comme une surenchère mais comme une partie intégrante de cet univers sophistiqué. Chaque chose était à sa place, tout y était lumineux et d’un goût exquis.
La visiteuse eut l’impression d’avoir pénétré dans un autre monde ; chaque objet, chaque mot, chaque geste se devait de participer à cette harmonie délicate et raffinée.
Le thé qui venait d’être servi à la dame du clos des glycines ne faisait pas exception à la règle. La tasse qu’elle tenait en main, tremblant de la renverser ou de la briser par inadvertance, était d’une porcelaine si fine qu’elle en était transparente. Les fleurs de chrysanthème qui l’ornaient étaient dessinées avec une minutie telle qu’il aurait fallu une loupe pour en examiner les détails. Le service à thé à lui seul valait probablement plus que tout ce qu’elle possédait.
Le thé lui-même était d’une fragrance délicate et subtile, une composition florale et recherchée qui devait probablement être réservée à l’impératrice et à ses visiteurs.

- Bonjour Fuji-hime, soyez la bienvenue dans mes modestes appartements.
- Bonjour, Votre Majesté.

Fuji hime était on ne peut plus impressionnée d'entrer ainsi dans ce haut lieu, symbole de la plus grande puissance sur le royaume après celle de l'Empereur. Elle avait passé des heures à choisir sa tenue, à changer d'avis à plusieurs reprises finalement, elle avait opté pour quelque chose sans ostentation mais du meilleur goût par la qualité des matières, le dégradé des couleurs de ses différents kimono, d'un rouille rappelant les feuilles de la saison tourbillonnant sous les premiers vents à un ivoire damassé garni de feuille de ginko d'un beau jaune doré toutefois bien modeste en regard de l’or impérial.

- Je vous remercie pour votre invitation, Votre Majesté.

Elle avait beau avoir tourné cent mille fois dans sa tête l'entrevue qui allait se dérouler, elle ne savait toujours pas ce que l'Impératrice avait en tête.

- C'est moi qui vous remercie d'avoir accepté mon invitation. Le thé est-il à votre goût ?
- Il est délicieux, Votre Majesté.

Etant donné sa qualité, il aurait été difficile qu'il en soit autrement. La jeune femme posa avec une extrême délicatesse sa tasse puis posa ses mains sur ses genoux, ne sachant pas très bien quoi en faire d'autre vu sa nervosité.

Voyant l'anxiété de son interlocutrice, avec délicatesse l'impératrice parla des différentes qualités de thé disponibles au Palais, du temps qui avait été favorable pour le séchage des feuilles, de choses sans importance, uniquement destinées à la mettre à l'aise.
Puis elle entama le sujet qui lui tenait à coeur.

- Ma chère enfant, je suis complètement navrée et choquée de la mésaventure qui vous est arrivée. C’est totalement inacceptable, et j’entends bien faire en sorte que cet incident ne se reproduise pas.
- Je suis confuse que cet incident ait perturbé l'ordre du Grand Intérieur, dit timidement la jeune femme.
- Vous n'y êtes pour rien, ma chère, vous avez été la victime dans cette histoire. Et qui sait quelle intention maligne animait le coupable ?
- Des grenouilles, ce n'est pas bien méchant, rétorqua naïvement la jeune femme. Vraiment, je suis confuse que votre précieux temps ait été requis pour cette mauvaise plaisanterie. Votre Majesté a tant de choses à faire.
- Si l'incident est anodin, ce n'est pas le cas du symbole, dit sévèrement l'impératrice. En plus, votre bien-être me tient à coeur, comme je vous l'ai déjà dit, et je pense qu'il est important que cela soit manifeste aux yeux de tous, ce qui vous évitera d'autres déconvenues similaires.
Mais je ne souhaite pas vous ennuyer plus avant de ces considérations. Profitons donc de cette opportunité pour faire plus ample connaissance. Parlez-moi un peu de vous.

Timidement, la jeune femme lui parla d'elle. Une vie sans souci en somme, éduquée dans un cocon familial d'excellente famille et en tous points modèle. Elle avait peu de choses à dire sur sa petite vie modèle. Fille cadette d'une famille de huit enfants, elle avait été élevée pour faire une bonne petite épouse sans autre possibilité d'ambition, de désir personnel ou autre et en fille obéissante, elle s'était toujours conformée à la volonté de ses parents y compris quand on avait requis sa présence au palais sur la demande de l'Empereur. Mais elle ne fit pas part à l'impératrice de cette angoisse depuis le jour où la volonté du Fils des Cieux avait modelé son destin. Jamais elle n'aurait pensé qu'un homme aussi puissant puisse poser les yeux sur une fille comme elle.

- Voilà Votre Majesté, une vie comme celle de tant d'autres jeunes femmes à la Cour. Je n'ai rien d'extraordinaire.

Cette modestie, cette naïveté, cette fraîcheur, tout cela avait sans nul doute contribué à cet envol des sentiments de l'Empereur au point que maintenant chaque jour il souhaitait sa présence à ces côtés.
Elle semblait être dépourvue d'ambition, de cet esprit retors qui anime les courtisanes lorsque la présence d'autres femmes menace leur position. Jeune, fraîche, naïve et belle à en faire tomber les fleurs de cerisiers avant la saison.

- Ne vous sous-estimez pas, dit l'impératrice avec douceur. Ainsi, c'est mon époux qui vous a convoqué à la cour, sans que vous sachiez pourquoi ?
- Il a fait la requête auprès de mon père et je n'ai su que j'allais désormais vivre ici que le jour où j'ai rencontré Sa Majesté l'Empereur.

Sans doute l'Impératrice savait-elle déjà tout cela, mais Fuji hime ne pouvait que répondre aux questions que lui posait l'impératrice.
Celle-ci soupira.
- C’était il y a longtemps…mais il y a une histoire qu’il faut que je vous conte. Vous en avez peut-être entendu des bribes, sans nul doute amplifiées et déformées par la rumeur.
C’était il y après de vingt ans.
La dame du clos des paulownias est venue à la cour. Elle était jeune, belle, fraîche, et sa beauté a attiré l’œil de l’Empereur, qui en a fait sa concubine. Elle était son soleil, sa raison de vivre. Elle est morte brutalement, en pleine floraison. L’Empereur ne s’en est jamais remis.
Vous êtes son portrait craché.
J’ai fait tout ce que je pouvais pour ramener un peu de paix dans le cœur de mon époux, mais mes efforts furent vains. Depuis, il n’a jamais été le même.
Or rien ne m’est plus cher que le bonheur et la sérénité de mon époux.
L’impératrice inspira. Il lui en coûtait de prononcer ces mots.
- Vous avez la jeunesse et la beauté que je n’ai plus, vous pouvez ranimer en lui la flamme, la joie de vivre qu’il a oubliée.
Fuji-hime, je vous en conjure, prenez soin de mon époux.
Je n’ignore pas que c’est une lourde responsabilité. Je l’ai portée, il fut un temps. Mais le bonheur d’un souverain est celui de son peuple. Si l’Empereur rayonne, l’Empire rayonne aussi.
Ne croyez pas que ce soit pour moi démarche facile. Il est dur pour une femme d’admettre qu’elle ne peut faire le bonheur de son conjoint, mais je dois me rendre à l’évidence.
Des larmes perlaient au coin de ses paupières alors que cette femme orgueilleuse et puissante délivrait sa supplique.
- Fuji-hime, jurez-moi que vous ferez tout ce que vous pouvez pour rendre l’Empereur heureux…

La jeune femme rougit lorsque Hantei Kokiden aborda ce sujet aussi intime et lui fit cette confession. Quelle attitude devait-elle adopter ? Montrer ses sentiments pour l'Empereur ? Mais tout ce qu'elle avait entendu à propos de l'Impératrice .... Cette femme si sévère, si impitoyable qu'on lui avait décrite. Pourquoi lui confiait-elle des choses aussi intimes ?
Fuji hime était dans la plus grande confusion aussi ne fut-elle capable que de murmurer
- Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour répondre aux attentes du Fils des Cieux

C'était bien loin de ce que ressentait son coeur pour l'Empereur mais en dire plus c'était dangereux. Quand elle avait évoqué la Dame du clos au paulownia, Fuji hime avait senti un frisson lui parcourir l'échine. Un tel mystère entourait la mort de la mère du prince cadet, de telles rumeurs que la jeune femme était consciente que lui ressembler n'était nullement un cadeau du ciel sauf aux yeux de l'Empereur
On murmurait déjà que le souverain ne l'aimait pas elle mais qu'il revivait à travers elle sa passion pour la dame morte il y avait deux décennies.
Même si elle savait que l'Empereur éprouvait de réels sentiments à son égards, elle ne pouvait se départir de cette impression en regardant son reflet dans le miroir que sa ressemblance avec la Dame du clos au paulownia y était pour quelque chose. Cette question la hantait tellement depuis son arrivée au palais que oui, elle avait cherché à en apprendre plus sur cette histoire, sur la mort de la dame mais malgré ses précautions, son tact, ses questions suscitaient toujours des toussotements, un embarras ou des rumeurs. Alors pour peut-être enfin en voir plus clair dans cet écheveau de "on-dits", mensonges, rumeurs ou supposition, elle osa la question auprès de l'impératrice.

- De quoi est-elle morte ?
- Personne ne le sait au juste, dit l'impératrice sombrement. Une consomption foudroyante, ont dit les médecins. Elle était de nature délicate.

Ces mots firent froid dans le dos de Fuji hime, elle avait entendu évoquer la jalousie de l'impératrice face à la dame du clos au paulownia qui avait ravi les faveurs impériales, qui lui avait donné un second fils. Que devait-elle penser de ce que lui avait dit l'impératrice ?
Cette femme pouvait très bien lui jouer la comédie, elle était consciente que sa jeunesse, sa naïveté la rendaient incapable de discerner si l'impératrice se jouait d'elle.
Et il était inconcevable de tenter de savoir la vérité sur un sujet aussi délicat et intime.

- Vous vous défiez de moi, n'est-ce pas ? dit l'impératrice avec douceur. Pourtant mon seul souci est le bonheur de mon époux. Pourquoi sinon vous parlerai-je de ces histoires ? Vous m'avez dit vouloir répondre à ses attentes. Pourtant prenez garde à ce qu'il ne s'attache qu'aux apparences, qu'à travers vous il n'aime qu'un fantôme . Il faut que vous lui donniez plus que vos faveurs, Fuji-hime, sinon, il sera inévitablement déçu. Vous devez vous donner à lui corps et âme.
Fuji-hime, jurez-moi que vous ferez tout ce que vous pouvez pour rendre l’Empereur heureux…

La jeune femme rougit violement sous les propos de l'Impératrice et l'évocation de n'être aimée que comme un fantôme lui fit l'effet d'un coup de poignard en plein cœur, mais se livrer, livrer ses sentiments, elle ne pouvait le faire auprès de l'épouse de l'homme dont elle était la maîtresse. Elle ne pouvait avouer que dans la chambre impériale, ses ébats avec l'Empereur étaient bien au-delà du simple plaisir des sens, elle ne pouvait décemment avoir qu'elle était tombée éperduement tombée amoureuse de l'homme le plus puissant du Royaume à celle qui était son épouse, la mère de son fils aîné. Faire preuve d'une telle impudeur aurait été du plus mauvais goût.

- Je ne me défie pas de vous Votre Majesté, comment pourrais-je ne serait-ce qu'oser y penser ? Mais j'avoue que je suis très mal à l'aise d'évoquer avec vous, votre époux.
- Pardonnez-moi, ma chère enfant, je vois bien que je vous embarrasse, et c’est probablement délicat, à ce stade prématuré. Mais nous sommes maintenant alliées dans cette mission commune et sacrée. Procédons ainsi, si vous le voulez bien. Je vous propose de venir prendre le thé chaque semaine ici. Ainsi vous pourrez me tenir au courant, et je pourrais vous donner quelques conseils qui pourront, je l’espère, vous être utiles, et vous faire bénéficier de mon expérience.
Qu’en dites-vous, ma chère enfant ?
- Je suis fort honorée que vous consentiez à m'accorder de votre précieux temps, Votre Majesté, mais si vous me pardonnez ma question, de quoi Votre Majesté veut-elle que je la tienne précisément au courant.

La pression était telle sur les épaules de la jeune femme, qu'à ce stade de la conversation, il n'était nullement clair à son esprit qu'elle allait devoir évoquer chaque semaine avec l'impératrice sa situation avec l'empereur.

- Allons, ma chère enfant, réfléchissez-y à tête reposée, et je suis sûre que les choses s'éclaireront d'elles-mêmes, dit l'impératrice d'un ton affectueux. Maintenant que nous avons fait connaissance, nous sommes faites pour nous entendre...

Fuji hime osa poser ses yeux sur la femme la plus puissante de l'Empire pour tenter de cerner mieux les émotions qui l'animaient.

- Ne voyez pas en moi l'impératrice, considérez-moi plutôt comme une soeur aînée.
Elle lui sourit avec affection.
Fuji hime lui rendit un sourire timide. Elle était toujours aussi troublée et ne savait que penser de cette soudaine attention bienveillante de l'Impératrice. Pourquoi prenait-elle son parti alors que toutes les dames la jalousaient ? Le faisait-elle sur la demande de l'Empereur ?
Ou de sa propre initiative ?
La jeune princesse était incapable de répondre clairement à ces questions

Kokiden sourit aimablement. La petite princesse ne savait plus où se mettre. Et encore, elle avait évité de lui donner des "conseils fleuris"...sinon, elle se serait probablement enfuie sur le champ.
Il ne fallait rien hâter. Une chose après l'autre...

- Eh bien, c'est entendu. Je vous attends donc la semaine prochaine, à cette même heure.
- Oui, Votre Majesté.

La jeune femme s'inclina profondément dans les règles puis se retira en ayant salué autant de fois que l'exigeait le protocole. Mais en sortant, le poids qu'elle avait ressenti en venant ne s'envola pas. Sa préoccupation était grande. Devait -elle parler à Sa Majesté de la visite dans les appartements de son épouse ?
Elle décida de ne pas ennuyer le Fils des Cieux avec cela. Après tout, l'impératrice ne lui avait pas demander de livrer tous les petits secrets de leur alcôve intime, elle s'était soucié du bien être de son époux, s'était montrée aimable et protectrice. Il n'y avait là rien d'inquiétant ou de significatif.
Elle décida d'attendre ce que donneraient leurs prochains entretiens.

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Bayushi Otojiro » 29 juin 2010, 22:31

21eme jour du mois Bayushi, milieu de l'heure Bayushi

Otojiro avait reçu de l'Impréatrice une invitation à prendre le thé. Invitation qui, évidemment, était parfaitement dans les règles de l'art. Jamais la mère du Prince aîné n'aurait laissé passer la moindre entorse à l'étiquette. Le Ministre avait donc répondu par l'intermédiaire du même serviteur qu'il serait honoré de partager ce moment avec l'Impératrice, et avait fait en sorte que tous les détails pour cette visite soient parfaits.

Il se présenta donc au milieu de l'heure Bayushi, comme le souhaitait l'Impératrice, après s'être acquitté de ses devoirs et avoir délégué quelques taches de moindre importance. Il avait revêtu pour l'occasion une tenue formelle et complexe, au couleur de sa famille, symbole de son respect et de son attachement au bien-être de l'Empereur, cependant, quelques touches de bordeaux s'harmonisaient avec ses vêtements, en l'honneur du clan dans lequel il avait été élevé.


*Que me réserve donc cette sorcière ?*, se demanda Otojiro, sans rien montrer de ses pensées. *Nul doute que cette invitation n'est pas gratuite.*

Autour de lui, Hikaru et les quatre samourais Seppun qui formaient sa garde d'honneur s'arrêtèrent lorsqu'ils furent introduits dans l'antichambre. Bien que n'ayant repéré que quelques gardes, Otojiro savait que la sécurité était ici bien plus importante qu'elle n'y paraissait. Hikaru portait autour de lui un regard dénué de tout sentiment, signe qu'il tentait de trouver tous les dangers potentiels pour le Ministre. Après avoir remisé ses sabres sur un présentoir magnifiquement ouvragé, Otojiro passa les shojis qu'on avait ouvert pour lui. Il entra dans la pièce, puis s'inclina lorsqu'il fut face à la maîtresse des lieux, attendant que celle-ci prenne la parole.
Il n'y a nul honneur en dehors de celui-ci : servir l'Empereur.

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Kakita Inigin » 30 juin 2010, 08:52

Lorsqu'il passait dans les zones de lumières entre les cloisons, les kimonos du ministre étincelaient : les motifs d'abres blancs ni les nuages, l'obi couleur du ciel ni la haori aux doux mélanges de verts de la haori de fonction n'occulataient pas le fond doré et chatoyant. Il s'était rendu à l'invitation de sa fille en grand apparat, faisant étendr à l'avance par des pages des nattes parfumées entre ses appartements et ceux de l'Impératrice.

Quand il reconnut son collègue dans le couloir, bruyamment escorté de cinq hommes, alors que deux gentilshommes accompagnaient Saionji, comme il était en public il le salua avec une note de joie :
- Ohayo, Seppun-sama ! Quel vent parfumé vous amène ici ? Aimez-vous les nattes que j'ai fait disposer ? Je trouve que l'odeur de cèdre nous prépare agréablement aux encens que l'Impératrice, que les Kami la parent de toutes les vertus, fera sans doute brûler pour nous accueillir.
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Bayushi Otojiro » 23 juil. 2010, 10:23

*Qu'il doit être agréable de ce complaire dans une telle vanité*, pensa un instant Otojiro.

"Je vous souhaite le bonjour, Doji-Sama. L'Impératrice, que le Ciel la protège, a souhaité que nous prenions quelques instants de répit autour d'une tasse de thé. L'idée m'a paru excellente, et j'en loue l'amabilité de votre fille."

Saionji n'était accompagné que par deux hommes ... après tout, il se considérait ici comme chez lui, non ?

"J'espère que vous aurez l'heur de vous joindre à nous, si votre emploi du temps vous en laisse la possibilité."

Etrangement, Otojiro repensa à cet entrainement avec Shingen. Il sourit aimablement à son collègue, attendant sa réponse.

"Avoir fait disposer ces nattes est une idée extraordinaire Doji-Sama. Votre bon goût est source d'inspiration pour tous ici."

*Cette odeur est insupportable ... espérons que les encens de sa fille soient plus agréables.*

Et toujours il gardait ce visage imperturbable, ce masque de courtoisie froide qui ne le quittait jamais en public.



[HRP] rappel : entre * * les pensées de mon personnage :) [/HRP]
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 24 juil. 2010, 17:49

Ce n’était pas la première fois que les ministres pénétraient chez l’impératrice, loin s’en fallait. Mais comme à chaque fois, Otojiro était frappé de l’extraordinaire harmonie des lieux, de la tonalité particulière de la lumière, à la fois claire et diffuse, enveloppant tout dans un halo doré.
Une telle perfection le mettait toujours vaguement mal à l’aise, un peu comme quand on grimpe en montagne, et qu’on se rend compte que l’air raréfié vous contraint à respirer plus vite. Il se prenait à vérifier des détails de sa tenue, à valider mentalement l’adéquation de formules de politesse mille fois énoncées. La moindre irrégularité, le moindre impair, la simple faute de goût, ressortaient ici de façon aussi flagrante qu’une tache d’encre sur un parchemin immaculé.
Cette perfection n’était pas celle d’une œuvre d’art à jamais figée dans la pierre ; il y avait à chaque fois un détail exquis qui mettait en valeur le raffinement des lieux. Cette fois, les tatami blonds tissés de fins fils d’or avaient été parsemés de pétales de rose rouges et blancs, symboles d’harmonie et de grâce ; dans l’air flottait le parfum des fleurs, léger et évanescent, avec en contrepoint une note plus sourde, un peu fumée, celle de l’encens qui avait dû brûler dans la pièce. Si on fermait les yeux, l’impression globale était celle d’une prairie semée de fleurs où aurait brûlé un feu de bois.

La cloison du fond coulissa, et deux servantes entrèrent, chargées de deux boites de bambou laquées. Les deux ministres prirent les serviettes humides et chaudes qui s’y trouvaient, s’essuyèrent soigneusement les mains avec les prières appropriées, et les redonnèrent aux servantes, qui s’inclinèrent et s’en furent ausssi silencieusement qu'elles étaient venues.

A nouveau, la cloison s’ouvrit, et l’impératrice apparut. Comme toujours, sa tenue était fastueuse ; mais dans l’écrin de ses appartements, elle resplendissait comme une oeuvre d'art, en subtile harmonie avec ce qui l’entourait. Son manteau s’ornait du chrysanthème impérial, le bas de son kimono portait des motifs de rose stylisés, et son obi des entrelacs assortis.
Comme le voulait l’étiquette, les deux ministres s’inclinèrent profondément.

- Bienvenue, Seppun Otojiro-sama, Doji Saionji-sama. Que les Fortunes qui ont porté vos pas jusqu’ici vous prêtent santé et prospérité.
- Dix mille ans de santé et de prospérité, Hantei Kokiden-sama, répondirent-ils selon la formule consacrée.
Elle leur fit signe de se relever.
- Les nuages ce matin s’allongeaient jusqu’aux montagnes du Dragon, et on dit qu’un corbeau était perché sur le Pavillon de la Source de la Pureté. Cette rencontre me semble se dérouler sous les meilleurs auspices.

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 02 août 2010, 21:10

Les deux ministres répondirent en faisant assaut de politesse, politesse à laquelle l'impératrice répondit avec amabilité. Puis une fois que les compliments et les métaphores flatteuses furent épuisés de part et d'autre - et qu'un temps raisonnable ait été consacré à cette activité essentielle à l'étiquette - elle enchaîna avec un sourire charmant :
- Le Ciel étant clément, puis-je vous offrir une tasse de thé ?
A leur assentiment poli, le shoji coulissa à nouveau, et une petite procession de servantes entra dans la pièce.
Les trois premières disposèrent devant chaque invité une table basse en ivoire, merveilleusement travaillée ; les trois suivantes disposèrent dessus un petit plateau laqué de rouge, aussi lisse qu’un miroir, portant une tasse de porcelaine évasée, très simple, mais dont les lignes pures suggéraient une corolle, et une serviette immaculée ; la dernière servit le thé.
C’était un thé rouge, odorant et fruité, convenant à l’heure ; pas aussi fort que le thé du matin, plus typé qu’un thé du soir. Un thé convenant à une conversation courtoise entre gens de bonne compagnie.

Après quelques propos concernant le temps, les récoltes, les augures, réels ou imaginaires, l’impératrice posa sa tasse, signe qu’elle allait entamer les choses sérieuses.

- Messieurs, il a été porté à mon attention un incident…regrettable. Bien que la portée à l’heure actuelle en soit modeste, l’identité de la personne qui en a été victime exige une prompte résolution. En effet, vous n’êtes pas sans savoir le désagréable tour fait à Otomo Fuji-hime.
Or la dame du Clos des Glycines est sous ma protection personnelle, et je ne saurais tolérer pareil affront à son encontre, qui de surcroît perturbe l’harmonie du grand Intérieur, et par conséquent celle de mon céleste époux. Je souhaite donc votre coopération, pleine et entière, pour éviter qu’un tel méfait se reproduise à l’avenir.
Messieurs les Ministres, puis-je compter sur vous ?

Après que le Ministre de Droite puis celui de Gauche aient donné leur assentiment, l'impératrice les remercia avec la plus exquise politesse et leur indiqua que l'entrevue était terminée
Dernière modification par matsu aiko le 22 sept. 2010, 00:36, modifié 1 fois.

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 21 août 2010, 15:11

(édité)
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 28 août 2010, 22:33

24e jour de Bayushi.

Ce matin-là, l’impératrice se réveilla dans ses appartements à son heure habituelle, un peu après l'aube. Alors qu’on lui apportait son thé du matin et que débutait le long rituel de sa toilette quotidienne, comme à l'ordinaire elle écoutait les nouvelles de la cour que lui lisait à voix haute son intendant.
La toute première manqua de la faire tomber de sa chaise, faisant glisser du même coup les aiguilles et les peignes de sa chevelure, et dispersant de la poudre de riz sur son épaule. Les deux servantes se confondirent en excuses maladroites.
- Je me moque de vos peignes et de vos colifichets ! Doi-san, il faut de toute urgence convier le Ministre de Droite à venir ici. Veuillez préparer une missive et lui faire parvenir dans l’heure ! Qu’il vienne au plus vite !
Exactement une heure et dix minutes plus tard, Doji Saionji se présentait dans les appartements de l’impératrice, où il fut introduit sans tarder.
- Ma fille, quel enchantement de vous voir, même à cette heure matinale. Les couleurs des fleurs des jardins pâlissent face à la splendeur de vos atours, et leurs senteurs s'affadissent en comparaison des parfums qui vous entourent.
- Que les Fortunes vous prêtent longue vie, Oto-sama, s’inclina Kokiden.
Le Ministre de Droite constata que pour une fois, sa fille coupait court au protocole. Cela ne lui ressemblait pas. Que se passait-il de si urgent, qu’il lui faille courir chez elle à peine l’aube levée ? Il lui avait fallu se hâter d’une façon indécente. De telles prouesses n’étaient plus de son âge.
- Oto-sama, il paraît que le Fleuve de l’Or Blanc a débordé cette nuit, avec de désagréables conséquences, dont je viens d’être informée.
- J’ignorais que c’était la saison des crues, dit-elle d’une voix soigneusement contrôlée.
Saionji connaissait bien sa fille. Sous le calme apparent des traits et de la voix, il vit la rage froide qui l’animait, et que seuls le respect filial et le poids de l’étiquette la retenaient de déchaîner.

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Kakita Inigin » 23 sept. 2010, 11:43

Saionji recourut à son comportement favori pour les cas graves : la pédagogie. Lorsque Kokiden était jeune, cela fonctionnait parfois.

- Lorsque les kami des Orages se fâchent contre les mortels qui piétinent la terre et empuantissent les eaux, les maîtres des fleuves se hâtent vers leur but, leurs destriers blancs traversent la plaine à la vitesse du vent et dans un bruit de tonnerre, leurs sabots fracassant l'argile des routes et faisant pleuvoir de la boue et des graviers sur les paysans qui travaillent dans les rizières. Et c'est de cette façon que le lit des fleuves s'élargit aux dépens de la plèbe.
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 24 sept. 2010, 23:33

- Mais plus redoutable que les forces de la nature est l'inconséquence des hommes. Que diriez-vous du maçon qui détruit la digue qu'il a lui-même construite ? Que diriez-vous du jardinier qui arrache la haie verdoyante qu'il a plantée quelques mois plus tôt ?
Quelles que soient ses réalisations précédentes, un tel homme ne perdrait-il pas sa réputation dans le pays et la confiance de son seigneur ?

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Kakita Inigin » 25 sept. 2010, 13:14

Saionji accusa le coup.
- Je vois, ma fille, que le jardinage dont j'ai eu la sagesse de vous inculquer les bases n'a pas manqué de faire son effet sur vous et de vous rendre consciente de la nécessaire économie d'efforts. Mais parfois la haie plantée doit être arrachée si elle se nourrit de soleil et que la croissance des arbres la prive de ce soutien céleste.
Mais au vieil homme que je suis, le soutien de fermes et solides apprentis-jardiniers est de plus en plus utiles ; je conçois que vous m'en veuillez de ne pas vous avoir sollicitée pour arracher cette haie, et je vous remercie de votre prévenance ; mais ne voulant pas vous distraire de vos tâches, j'ai préféré l'assistance d'un petit serviteur de notre maison qui a transporté les jeunes pousses de thé une ou deux fois.
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 26 sept. 2010, 14:01

- Père, c'est vous qui m'avez tout appris, de la course du Soleil et de la Lune, des humeurs de vents, du souffle des esprits, des courants souterrains, de leur influence sur la nature et le coeur des hommes, et pour cela je vous serai éternellement reconnaissante.
Mais quand le fleuve en crue dévaste les berges, c'est le devoir du seigneur de prendre soin de son peuple... Le roseau qu'on plie sans le trancher se redresse, le bois qu'on courbe peut devenir un arc...
Qu'importe à la montagne la brise vagabonde. Mais quand le vent souffle en tempête, le brasier bien entretenu peut devenir incendie, et dévaster tout le pays. Je ne puis laisser faire cela.

J'ajouterai quelque chose : Ce n'est pas parce que l'eau du puit et celle de la rivière participent de la même nature que cette dernière ne peut dévaster les champs. Le plus humble ruisseau peut se faire torrent tumultueux en cas d'orage, et il serait bien insouciant, le fermier qui ne lèverait pas de butées et ne creuserait pas de drains.

Mais peut-être pouvez-vous m'instruire sur les influences contraires ayant présidé à cette crue ?

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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par Kakita Inigin » 27 sept. 2010, 07:00

- L'univers entier suit des cycles ; c'est la nature de l'eau, si elle ne s'écoule pas, d'être bue par la terre ou aspirée vers les nuages. Il n'est pas inopportun, parfois, de rappeler à l'eau qu'elle est liquide et que la terre peut la boire ; et que des pelletées de terre peuvent arrêter la crue d'un fleuve.

Mais en l'espèce, ce n'était pas une pelle qui était maniée, mais un serpent rigide, qui s'est réveillé bien vite ; de sorte que la crue doit être contenue par d'autres moyens. Il nous faudra employer l'ardeur du divin Soleil pour l'évaporer ; faudra-t-il que j'adresse mes prières au temple ?
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Re: [RP] Les appartements privés de Doji Kokiden

Message par matsu aiko » 28 sept. 2010, 21:17

- Un soleil ardent peut, d'une terre fertile, faire une terre desséchée ; le remède serait par trop drastique.
Mais peut-être pouvez-vous m'indiquer, plus précisément, les circonstances de cette crue d'une rare violence ?

Saionji entreprit de lui relater l'entrevue par le menu. Après son récit l'impératrice resta songeuse. Il y avait là quelque chose...

- Avant de prendre quelque décision que ce soit, je souhaiterai vérifier par moi-même l'état du fleuve et des terres, Père, si vous m'y autorisez.

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