Goju Kaze a écrit :Bon, j'ai une question parce que là j'ai l'impression de délirer.
Est ce qu'une personne rationnelle, à notre époque, peut raisonnablement penser que "Abstinence, Fidélité et Chasteté" est une solution au problème du SIDA en Afrique et que le préservatif, c'est le mal?
Comment dire... le discours est double et donc trouble.
- de manière prophylactique, réduire son champ de partenaires sexuels ou ne pas avoir de rapports sexuels constituent effectivement des mesures de prévention. Ca, c'est un fait scientifique.
- par ailleurs, avoir des rapports sexuels en prenant les précautions adéquates réduit tout autant le risque de contamination, sauf que bon, il y a le plaisir en plus (par rapport à l'abstinence) ou la diversité du plaisir en plus (pour le fait d'avoir plusieurs partenaires alors qu'on évolue dans une "relation principale"). C'est un autre fait scientifique.
Donc, gérer sa sexualité par la restriction ou la gérer par la précaution revient au même. Tu fais l'un, ou l'autre, tu obtiens la même chose en ce qui concerne le SIDA.
Ca revient à peu près au même que de dire "je ne veux pas être contaminé par les bacilles présentes dans la viande". Tu peux avoir deux attitudes : ne plus manger de viande, ou prendre des précautions (provenance, cuisson, consommation etc...) et continuer à en manger.
Derrière ça, nous savons très bien que le discours n'est qu'un prétexte. L'enjeu de fond, c'est bien qu'une sexualité libre ne va pas de pair avec la "morale" de certaines personnes. L'argument médical est une opportunité royale de brouiller les pistes (remember : le haro sur les homosexuels lorsque le SIDA s'est répandu dans les années 80... et certains discours haineux sur la "providence divine" et le "châtiment mérité"...), sauf que la capote l'invalide, donc, il faut nier son intérêt. Et là, on rigole beaucoup, parce que le seul argument qu'ils ont, c'est "la capote c'est le mal" mais que cela n'a rien à voir avec le problème médical derrière lequel ils se cachent.
Et qu'est ce qu'une capote si ce n'est un moyen d'avoir une sexualité distincte des problématiques de contamination et surtout... de conception ? C'est donc tout, sauf le mal. A moins de considérer comme "bien" le fait que même dans les pays très dévots, l'avortement clandestin reste un marché aussi juteux que risqué... mais bon, pour ces gens-là, un pauvre taré en uniforme génocidaire qui rencontre Dieu a droit au pardon, alors qu'une môme qui crève d'un avortement à l'arrache avec son foetus n'a que ce qu'elle mérite...
En réalité, on se moque totalement du fait que le SIDA décime l'Afrique. Et la plupart des donneurs de leçons en la matière, je parle de nos champions de la morale, n'attachent pas plus d'importance aux africains qui meurent du SIDA qu'à ceux qui meurent de faim pour que les chantres du libéralisme continuent à faire de la "charité chrétienne" ostentatoire, ou tués par des armes fabriquées par des gens qu'ils croisent peut-être à l'église le dimanche...
Nous savons très bien que la seule chose qui leur importe, c'est censément d'obéir à des injonctions divines. Etant donné qu'elles n'existent que dans des textes qui ont été traduits à de multiples reprises et dont l'authenticité même pose question (puisqu'on sait que les évangiles furent tous écrits bien après la mort officielle du christ, difficile d'attester que c'est du témoignage de première main sur ce qu'il aurait dit...), on peut donc dire que des gens ont choisi de considérer la sexualité comme éminemment répréhensible parce qu'ils ont lu ça dans un livre écrit par on ne sait qui, qui prétend qu'il le tient d'un homme dont on ne sait dans le fond quasiment rien, à part ce que ses promoteurs veulent bien se raconter la plupart du temps.