je trouve cet argumentaire extrèmement clair et intéressant et d'une manière générale, j'y adhère sans sourciller.
par ailleurs :
- 53% des français, ça signifie largement plus que "les vieux et les fachos". Quant aux fachos justement, et aux xénophobes en général, entres nous qui est surpris de leur report de voix dés le premier tour vers qqun qui a su mordre dans l'électorat d'extrème droite le moins "dur"? La claque que s'est pris le FN ne concerne pas les plus extrémistes de ce mouvement (ceux qui rèvent d'un vrai régime fasciste, dont certains le verraient bien matiné d'une église française indépendante et ultra alors que d'autres le verraient anticlérical à mort) qui sont loin d'être les plus nombreux mais cette extrème droite populaire qui vit assez souvent et prend toujours au premier degré ce que le FN brandit à propos de l'immigration par exemple. Sarko a su mordre avec habileté dans le ventre mou de l'extrème droite, tout comme Bayrou a su mordre avec habilité dans le ventre mou du PS. C'est à dire dans les deux cas de gens qui votent plus en termes de principes ou de quelques idées pointues très concrètes que pour suivre le chef ou par conviction idéologique.
On l'a toujours su, ce ne sont pas les convaincus mais tous ces électeurs susceptibles de changer de vote qui sont l'enjeu d'une campagne politique.
Tant que cela continuera, on continuera à promettre monts et merveilles. Si l'électeur se désiste et qu'il ne reste plus que le dernier carré dans chaque tendance, c'est au plus fort reste que la victoire s'emportera. Ca c'est l'enjeu réel et le danger de l'extrème droite jusqu'à présent : quel sera son plus fort reste dans un cadre de désaffection générale pour la politique ? Car plus une idéologie est fermement affichée et partagée, moins elle rassemble d'indécis mais moins ceux qui y adhèrent finissent par y renoncer ensuite... c'est ça et rien de plus qui a permis à un parti ne pesant que 15% de l'électorat de hanter les vingt dernières années de la politique française, sans jamais avoir un seul député ni sénateur et sans jamais détenir un nombre de municipalités proportionnel à son poids arythmétique...
cette campagne présidentielle a montré, de même que la précédente, que le poids du parti (je ne parle pas des idées profondes, ni des discours popu) d'extrème droite dépend bien de la désaffection ou pas de l'électorat. On a beaucoup parlé de la belle claque des socialistes en 2002 mais on oublie aussi de dire que Chirac n'en menait pas large non plus dans la perspective de devoir devenir "le président de tous les français" et en même temps de devoir tenir compte d'une possible opposition parlementaire d'extrème droite... qui heureusement pour lui ne s'est pas concrétisée.
maintenant, parlons second tour : honnètement, est ce que ça étonne quelqu'un qu'un électorat de droite dure vote pour un candidat plus proche de lui dans son discours ET dans son parcours que pour une candidate qui n'a pas cet effet ? Le Pen a beau eu appeler à l'abstention, il n'allait pas avoir plus d'impact à ce second tour qu'au premier et il en a même perdu au passage. Pourquoi ? parce que la majorité de son électorat ne voit pas son élection comme une finalité mais comme un moyen. Et si sarkozy leur offre le même moyen en apparence, avec plus de chances de l'emporter réellement et moins de stigmatisation de la part du reste de la classe politique... alors pourquoi pas ? ce ne sont pas les frontistes mais bien les lepénistes qui ont suivi les consignes du borgne au second tour... les autres sont allés là ou ils pensaient pouvoir concrétiser leurs attentes... et c'est pas Royal qui aurait pu les satisfaire à ce niveau là. Ce qui au passage me rassure d'ailleurs...
après, 53% des français, comme le faisait justement remarquer Jbeuh à propos du non au référendum sur l'europe, ça fait pas 53% de vieux et de fachos. Le jour ou les fachos voteront en majorité pour la gauche, je m'inquiéterai parce qu'ils ne le feront que si la gauche leur tient un discours qui leur plait. Le jour ou la majorité des seniors (qui tous pays et tous partis confondus virent lentement mais surement dans la catégorie "lobbye de gens repliés sur leurs intérets et peu impliqués dans l'avenir à long terme") voteront à gauche, je serais très surpris. Non, ça ne veut pas dire que tous les vieux sont de droite, mais (et personne n'attendu Sarkozy pour le constater) que sortis de quelques généralités, la plupart ne souhaitent pas s'investir plus que ça dans autre chose que leurs intérets spécifiques. Ceux qui votaient à droite ont tendance à continuer et une partie de ceux qui votaient à gauche finissent par les rejoindre à la fois par intéret catégoriel et sans doute aussi parce que quand tu n'es plus dans le monde du travail ou quand tu fais le bilan de ta vie, tu ne vois pas forcément l'intéret ou la concrétisation des discours de gauche dans ton parcours. On en reparlera quand on sera tous des seniors, on verra bien combien de brandons ardents actuels le seront toujours
ce qui défrise vraiment, là encore JBeuh merci d'avoir mis le doigt dessus, c'est effectivement non pas la victoire de Sarkozy mais la défaite des idées (et pas de la candidate...) de gauche. L'amalgame défaite des idées de gauche/victoire des idées d'extrème droite est facile à faire mais dans les faits, il est erronée. Je rappelle que malgré tous les efforts déployés par Sarko depuis 2002 ou il avait déjà clairement annoncé la couleur en refusant d'être premier ministre, malgré ses nombreuses accointances dans les médias et la sphère financière, malgré son discours qui a mordu à la fois dans le centre et dans l'extrème droite et même dans la gauche molle, Royal qui était a moitié flinguée par ses propres camarades a fait 47%. C'est une belle victoire de l'UMP mais c'est pas du tout (et on l'a encore vu aux législatives ensuite), un raz de marée qui donnerait à croire que les jeux sont faits pour les 10 prochaines années et que demain personne ne bronchera quoi que Sarkozy décide...
le gag, c'est que rien ne prouve a contrario que les gens suivront plus le PS que par le passé. Et leur stratégie actuelle de se battre sur le front des anecdotes (la carte bleue à Cecilia et les accointances de son mari avec certains financiers, c'est d'une haute portée politique comparée au reste...) montre bien que si qqun n'a rien compris à la situation, c'est bien l'état-major socialiste.
l'extrème gauche a morflé et les verts également mais désolé de le dire, ce n'est pas la faute à Sarkozy. Ni même à Royal d'ailleurs. Ils se sont flingués tous seuls avec leurs luttes internes à la con et leurs tentatives d'union condamnées d'avance qui se sont vautrées exactement comme dans le manuel... dommage pour tous ceux qui y croient vraiment mais aucun des états-majors d'extrème gauche ne la souhaitait, cette union... d'ailleurs, ils ont tous fait la course à celui qui la flingue et à celui qui s'en va d'un air indigné dés qu'ils l'ont pu, tout en prétendant continuer à se battre pour.
Navré, mais la droite n'a pas autant gagné que la gauche n'a perdu dans cette affaire. Perdue car peu crédible, ne proposant rien vers l'avenir car ceux qui ont des idées de gauche et des projets de société autres que la tendance qu'on suit depuis 20 ans tous gouvernements confondus ont déserté depuis longtemps le PS pour aller gaspiller leurs forces dans des querelles de bacs à sable à 2h du matin dans des collectifs qui rassemblent plus de barbouzes de la politique que de citoyens.
pendant ce temps, heureusement, il y a encore des gens pour combattre aux côtés des sans-papiers, il y a encore des gens pour se battre contre les OGM et il y a encore des gens pour se battre afin de préserver certaines solidarités très éloignées du bouclier fiscal et de la casse orchestrée de la Sécu, pour essayer de refonder un vrai service public plutôt que d'accroitre ses dysfonctionnements tout en le sabrant pour mieux le faire disparaitre.
et ces gens là, ben aujourd'hui comme hier, ils ne votent pas Sarkozy...