J'ouvre avec satrapie / satrape :
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SATRAPIE : division administrative dans l'Empire perse
SATRAPE : gouverneur d'une satrapie
SATRAPIE
La division de la Perse en satrapies, inaugurée par Cyrus le Grand au VIe siècle, a duré au delà de la conquête macédonienne jusqu'à l'ère chrétienne. Elle a été en effet confirmée par Alexandre le Grand et perpétuée au delà de son règne dans les royaumes hellénistiques qui se sont formés au moment du partage de l'empire entre les généraux macédoniens.
Leur nombre a varié selon les époques, en rapport avec l'extension de l'Empire. Il s'est élevé à une vingtaine. (Hérodote les appelle nomoi. Nomos = entre autres sens, province, district ; l'Égypte est divisée en nomes). Elles ont été organisées par Darius; Nous avons vu par exemple qu'il avait fondé la satrapie de Thrace. Elles sont de superficie variable, plus ou moins peuplées, plus ou moins florissantes selon leur situation géographique ( ressources du sol, conditions climatiques, peuplement etc.) Les noms de certaines nous sont plus familiers, les régions nous étant bien connues (Lydie, Carie, Égypte par exemple). La Perse elle-même n'est pas une satrapie.
Le mot est passé en français, dans la langue littéraire, pour désigner un gouvernement despotique et tyrannique, par référence à la réalité antique : en fait ce sont les gouverneurs des satrapies qui se sont distingués par des méthodes de gouvernement autoritaires voire brutales.
SATRAPES
À ce terme d'origine persane, qui signifie "protecteur du pouvoir", Hérodote fait correspondre celui d'hyparque (en grec , désigne un personnage qui exerce un commandement en qualité de subordonné).
Le satrape a eu des fonctions variables au cours des âges, qu'il a exercées seul ou aidé par des subordonnés (des sous-gouverneurs ? la question est discutée). Il est lui-même subordonné au grand roi dont il tient son autorité. Il exerce son pouvoir au nom du roi, d'une manière absolue mais non sans contrôle : représentant personnel du roi, il reçoit du roi ses ordres et il lui rend des comptes. À l'expression satrape de telle région, qui correspond au grec hyparchos accompagné d'un génitif, on préférera satrape en telle région qui correspond à l'usage des inscriptions perses (par exemple satrape en Bactriane et non satrape de Bactriane -cf Histoire de l'empire perse ), ce qui marque mieux sa dépendance du pouvoir central. Il existe donc un lien personnel entre le roi et les satrapes. Ce lien implique la loyauté du satrape, toujours un Perse, à l'égard du roi mais il n'en n'est pas moins vrai que certains se sont montrés félons et se sont révoltés contre leur roi.
Le satrape exerce soit uniquement un pouvoir civil (par exemple Oroitès, gouverneur de Sardes nommé par Cyrus après la prise de la ville et la défaite de Crésus ; la garde de la citadelle avait été confiée à Tabalos, qui était indépendant d'Oroitès ) soit un pouvoir civil et militaire. Tel dignitaire pouvait exercer seulement une charge militaire (Hystaspes, le père de Darius Ier). Il contrôle aussi le fonctionnement de la justice.
Les rouages de l'administration ne sont pas bien connus. Un des rôles principaux des satrapes est d'alimenter les finances : les dons et les tributs sont envoyés au Grand Roi. Mais à côté du trésorier satrapique on peut trouver un trésorier royal. Les échanges de lettres entre le Grand Roi et les gouverneurs sont fréquents et le courrier est acheminé très rapidement par des cavaliers, sur des distances considérables, grâce à des relais de poste judicieusement disposés. Le satrape doit assurer l'ordre dans sa province et étendre le pouvoir perse. Pour cela, quand ne cohabite pas avec lui un gouverneur militaire dépendant directement du roi et le surveillant, il commande des forces armées permanentes qui s'appuient sur un réseau de forteresses : les Perses reçoivent des terres mais ils doivent fournir des troupes, principalement de la cavalerie, en cas de besoin.
Quelques satrapes sont restés célèbres pour des raisons diverses, tel Tissapherne.
SATRAPE : emploi du mot en français
Le nom est passé en français dans l'usage courant et dans la langue littéraire pour désigner un personnage puissant et tyrannique ou un personnage fastueux . Son emploi est attesté anciennement avec ce sens (1389) et antérieur à celui de satrapie (fin du XVe siècle).
Peut-être encore penserez-vous qu'il fallait se taire ou parler plus civilement. Mais songez, s'il vous plaît, qu'on pensait à me faire pendre. Que voulez-vous, monsieur ? j'ai peur non des cuistres mais des satrapes de la littérature.
Paul-Louis Courier, Lettres (de Rome, le 3octobre 1810)
Cela pourra engager les satrapes de la littérature à me laisser en paix, et c'est tout ce que je désire.
Paul-Louis Courier, Lettres (de Rome, le 7 octobre 1810)
P-L Courier soupçonne la police italienne d'avoir saisi un envoi contenant des exemplaires de sa traduction de Daphnis et Chloé
Il y en a heureusement huit ou dix dans différentes mains, et voilà Mme de Humboldt qui en emporte un en Allemagne où il sera réimprimé. Ainsi la rage italienne, secondée de toute l'iniquité des satrapes de l'intérieur, de la police et autre engeance malfaisante n'y saurait mordre à présent
Paul-Louis Courier, Lettres (de Rome, le13 octobre 1810)