[Nouvelle] Kitoku

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Hida Koan
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Message par Hida Koan » 20 juil. 2006, 16:19

C’est la cinquième fois déjà, le cinquième après-midi. Je dois danser, écrire, discuter, savoir correctement manger. Cette femme m’épuise avec ses doléances. Tout me revient assez rapidement. Aiko a même été aussi étonnée que moi quand je me suis mise à jouer du shamisen. Le son est sorti de la caisse de résonance et il nous a fait peur. Elle a dit que je jouais presque aussi bien que sa mère. Comme quoi les souvenirs sont lointains mais les réflexes proches. J’ai l’impression d’être à l’école…

Des pas saccadés martèlent le parquet dans le couloir. Les serviteurs s’agitent. Aiko bondit vers la fenêtre. « Déjà » s’affole-t-elle. Je reste coi au milieu de la pièce. Elle m’entraîne par le bras et ouvre le shoji violemment. Elle se retourne et touche mon masque. Prestement nous allons dans le jardin. Elle hèle Hei, son serviteur, au passage : « Apporte vite du thé, et trois tasses. » Aiko me pousse vers le pavillon de thé tout proche. « Retire tes sandales, à genoux de suite ! Prends un air détaché. » Je suis en plus en plus nerveuse.

Les employés continuent de courir partout. Je les vois soudain se calmer et ceux qui arrangeaient le jardin en vitesse s’inclinent. Un homme se présente dans l'encadrement de la porte. Il est de taille moyenne, sa mise est parfaite. Ses cheveux sont coiffés comme ceux d’un guerrier. Il porte un kimono fabuleux. Aiko se lève élégamment et je l’imite. L’homme se dirige vers nous. « Ma tendre épouse. Comme vous m’avez manqué. Que faites-vous donc ici alors que vous pourriez profiter de la chaleur de la maison? ... Vous avez toujours préféré cette annexe il est vrai. Au moins le brasero est allumé» finit-il, juste empli d'inquiétude pour la frêle Aiko.

Il sourit. Il est bel homme, il forme un couple de toute beauté. Il se tourne légèrement vers moi et s’incline. « Mademoiselle. Je suis Doji Hametsu. » La jeune épouse prend la parole « Voici ma cousine. » L’homme a l’air perplexe. « La fille de feu mon oncle… Sa mère avait épousé le frère de ma mère en secondes noces… Tu ne te souviens plus ? » Hametsu est pensif, il s’apprête à ouvrir la bouche mais Aiko lui coupe l’herbe sous le pied. « C’est Kitoku… Shosuro Kitoku. » A l’énoncé de ce prénom étrange, l’homme est étonné. La petite femme le regarde avec insistance, comme s’il faisait quelque chose de mal. Le guerrier ploie sous le regard glacial de son épouse.

«- Evidemment… Kitoku ! Comment aurais-je pu oublier un nom pareil ! Evidemment… Kitoku, la troisième fille de ton oncle, de son second mariage… Bien sûr ! Je suis navré Kitoku-sama de tant de confusion.

- Quatrième fille… » souffle Doji Aiko, histoire d’en rajouter.

« - Je suis ravie de faire votre connaissance Doji Hametsu-sama, Aiko-san m’a tellement parlé de vous. C’est un grand honneur. Vous vous joindrez à nous pour le thé?»

Mon cœur bat la chamade.
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Message par Hida Koan » 08 oct. 2006, 12:45

Tout est clair et bruyant. Les gens rient et trinquent dans des coupes étranges. Le seigneur Ide a dit que c'était du verre. Aiko me traîne partout depuis deux semaines. Depuis que son mari est rentré mon rôle est de plus en plus joué. Elle commence à me présenter à ses amis. Ici je ne connais personne, je ne me sens pas très bien. C'est la première fois que nous sommes si nombreux. J'ai l'impression que tout le monde me regarde mais ce n'est pas vrai. Ils parlent tous de politique, Aiko aussi. Je les observe et hoche la tête poliemment.

Il me regarde lui. Il n'est pas avec les autres. Il est beau. Il est du clan du Phénix je le vois. Il ne porte pas de sabre. Il me sourit et il s'approche.

"- Shosuro Kitoku-hime.
- Phenix-sama." Il ne faut pas trop m'en demander...

Il sourit comme à une plaisanterie. "Je suis Isawa Toshiro, Permettez-moi de vous tenir compagnie. Vous n'avez pas l'air versée dans les arts de la cour, du moins autant que moi."

Il a une vingtaine d'années, il porte un superbe kimono et il a l'air sympathique. Que demander de plus? "Avec grand plaisir."

L'hiver est bien installé maintenant. Nous avons un peu froid dans le jardin mais c'est plus calme qu'à l'intérieur. Les arbres sont nus. La décoration extérieure du seigneur Ide est particulière mais joli. Nous allons à la volière. Toshiro me parle de sa vie. Il est bibliothécaire, son travil lui plait mais peu de gens nouveaux passent dans cette ville reculée. Même les membres des autres clans, que j'ai aperçu, sont ici depuis bien longtemps. Il est curieux de moi. il sourit toujours. Je lui dis que je suis herboriste. Il parait satisfait: c'est un vaste sujet...

Nous devisons depuis une heure. Toshiro connait les plantes. Il m'a proposé de venir voir quelques herbiers dans sa bibliothèque la semaine suivante. J'ai dit oui. Aiko est sorti un instant dans le jardin. Elle a gloussé puis est partie.

Le seigneur Ide appelle ses invités. La journée a été bonne, nous prenons congé.

"- Douce soirée Kitoku-hime.
- Vous aussi Phénix-sama" mais cette fois-ci c'était bien une boutade. Isawa Toshiro a souri. Encore.
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Message par Hida Koan » 24 juin 2007, 18:55

Maintenant je vois Aiko-chan à la maison de thé. Depuis que son mari est rentré c'est plus dur de converser à l'abri de tous. Je travaille moins à l'herboristerie la journée mais en fait c'est mieux: c'est Tani qui le dit. "Maintenant qu'on fait des bons remèdes, même pas la peine d'aller les vendre sur le marché! Les clients viennent ici tous seul! Merci ma chérie!" Le soir je prépare des potions. J'en ai pas mal préparé d'avance même... Alors j'ai plus de temps.

Le seul vrai souci c'est pour les vêtements. Je ne peux rien stocker. Je deviens toujours Shosuro Kitoku a l'abri des regards. C'est toujours Aiko qui m'apporte de quoi m'habiller. En ville on croit que le retour de son mari l'a rendue pimbèche car elles sort tout le temps avec pleins de serviteurs qui portent des malles de vêtements. Tout ça c'est à cause de moi.

C'est cette semaine que je vais voir Toshiro à la bibliothèque. J'espère que ça va bien se passer. Il n'y a pas de raison dit Aiko. Pourtant moi j'en ai des raisons. Quand je suis en Shosuro Kitoku je ne sais pas comment réagir. Mon passé me rattrape ou l'histoire me rattrape je ne sais pas trop. Mais je suis à la traîne en tous cas. Pas plus tard qu'hier en me baladant dans le quartier, un marchand Scorpion m'a dévisagé deux longues minutes avant de me présenter ses respects. Je n'ai pas trouvé mieux que de me précipiter chez Tani puisque c'était tout proche. La vieille a failli avoir une crise cardiaque de voir un samurai entrer. Elle qui ne voit que des serviteurs.
Mais maintenant c'est bon le marchand est parti de la ville.

J'en ai un peu assez de cacher ma double vie à Turakamu et Tani. C'est un peu comme mentir à ses parents quand on a volé dans la cuisine... Mais en pire.
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Message par Hida Koan » 24 juin 2007, 20:34

C'est aujourd'hui. Doji Aiko va m'accompagner. Je me présente à sa demeure. Elle avait laissé le kimono de circonstances à la maison de thé, "comme ça c'est plus facile de jouer le jeu devant Hametsu". C'est la servante qui m'ouvre, elle sourit. Elle n'a jamais rien dit. Je pense que ceux qui savent ne diront jamais rien, ils aiment trop leur maîtresse. Elle m'amène dans le petit salon d'hiver. Neige est sur un coussin, un coussin offert par le seigneur Ide à Aiko afin de la remercier de m'avoir introduite dans son cercle. J'en ai eu un moi aussi. Je l'ai laissé chez Aiko.

Le shoji glisse, je joue toujours avec le chaton.

"Kitoku-sama vous emmenez donc ma femme à la bibliothèque?"

Je me relève vite et m'incline prestement. "Hai Hametsu-sama. Le noble Isawa Toshiro-sama nous a conviées à venir étudier ses herbiers. J'espère pouvoir m'y documenter sur mon sujet favori... Et également y initier votre charmante épouse. Elle qui m'a tant apportée, j'aimerais lui être un peu utile en retour."

Une ombre passa sur le visage de l'homme. "Vous lui apportez déjà tant..." Il détourna les yeux et fit demander du thé. Un silence gêné s'installa.

"Cet Isawa Toshiro... Il est bien vu de son clan. Sa position est aisée, il devrait accéder sous peu à plus de responsabilités. C'est un homme bien." Je rougis un peu. Déjà sous la surprise: je ne pensais pas que le seigneur Doji s'était renseigné sur Toshiro, mais également de par les connotations induites par ses déclarations. "S'il devait d'aventure faire la cour à la meilleure amie de ma femme il fallait bien que je me renseigne..." Si j'avais pu me rappeler la figure d'un père j'eus aimé qu'elle fût si pleine de sincérité... Cependant je rougis jusqu'à la racine des cheveux, et je bénie alors les coutumes de mon clan.

Du bruit se fit entendre dans l'escalier et Doji Aiko les descendit avec grâce. Je me redressais. En reposant ma tasse de thé encore pleine sur la table je chuchotais alors "Si d'aventure je devais voir mes amis peinés, j'aimerais croire qu'ils savent qu'ils peuvent compter sur moi. Il ne faudrait point que tristesse naisse à la place d'un enfant désiré... Le temps de l'attente ressemble au temps de la sécheresse; toujours trop long. Mais toujours vient la pluie."

"Tu viens Kitoku-chan? Nous allons être en retard!" Je sortis de la pièce. "Mais tu as les oreilles écarlates qu'est-ce que tu as?"
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Message par Hida Koan » 26 juin 2008, 16:12

J’étais passée devant la bibliothèque plus d’une fois mais n’était jamais entrée. Aiko me sert le bras très fort « Sois exquise. » Elle est bien bonne celle-là. Sois déjà serait très bien. Un très jeune garçon s’incline à notre arrivée. Il a du nous guetter par la fenêtre. Aiko passe devant et entre. L’enfant lui reluque le postérieur. Je lui mets une calotte sur la tête et entre à mon tour. Je m’attendais à ce que tout soit sombre mais tout est clair et aéré. Les parchemins s’entassent dans les rayonnages. Chaque pile est référencée avec une petite étiquette calligraphiée. Ca ressemble un peu à mes étagères à moi en fait : fioles, bourses, boîtes ; chacune à droit aussi à son petit certificat d’identité. C’est joli ici. Il y a des peintures aux murs, un bonsai près d’un autel avec de l’encens qui fume. Une rangée d’écritoires fait face à la fenêtre. On peut apercevoir la cour intérieure.

Isawa Toshiro, bibliothécaire en chef, arrive par une porte dérobée. Il a une mèche de cheveux rebelle. Il porte trois gros ouvrages plats. Il regarde ses pieds en marchant pour ne pas tout faire tomber. Même comme ça, concentré et un peu pataud, il est agréable à regarder. Aiko me pince le bras et toussote. Toshiro relève la tête, sourit comme un enfant… Et se prend les pieds dans un tabouret. Je rattrape deux des ouvrages qui voltigent mais le dernier tombe au sol. Le jeune garçon qui nous a ouvert la porte se précipite et ramasse le dernier. Le samurai se relève, les joues rouges. « Bienvenue mes chères amies. J’ai prévu que nous étudiions dans mon bureau cet après-midi. » Nous nous inclinons à son offre. Mon amie a du mal à se retenir de rire. Gardant toute la contenance qu’il peut, Toshiro se dirige vers la cour intérieure et me prend les deux ouvrages des bras au passage. « Jolis réflexes » ajoute-t-il à voix basse. J’espère que ce n’est pas encore quelqu’un qui me teste… Maudits automatismes.

Le bureau de Toshiro est accessible depuis la cour. Nous entrons tous les trois. Il a préparé une grande table et trois sièges. Dans un coin, un guéridon présente des boulettes de riz, de la viande séchée, des fruits et du thé. Les études et la connaissance… Ca à l’air de demander beaucoup d’énergie vu ce qu’il nous a prévu à manger. Il pose les trois ouvrages et nous propose « Commençons par les plantes du nord, au moins vous pourrez voir les fruits de vos efforts en vous promenant dans les environs. »

La journée fut un réel délice. J’ai appris beaucoup. Aiko aussi mais elle était moins assidue. Elle a même fait un tour dans la cour de pierre dans l’après-midi. Je connaissais pas mal de variétés de végétaux que Toshiro m’a présenté mais certaines m’étaient encore inconnues. Nous n’avons ouvert qu’un ouvrage aujourd’hui. Curieux ouvrages d’ailleurs, plats, mais parfaits pour conserver des plantes séchées. Toshiro nous a proposé de revenir. « Dans une semaine » a dit Aiko. Je crois qu’elle projette d’emmener sa propre lecture la prochaine fois. Elle s’est fichue de moi en partant. « Au moins, tu es un remède vivant. Toshiro n’aura jamais besoin de Damiana, il suffit qu’il te regarde. » Elle n’a retenu qu’un traitement… Bien sûr il a fallu que ce soit celui-là. L’aphrodisiaque.
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Message par Hida Koan » 26 juin 2008, 17:06

La journée à la bibliothèque était aussi agréable que les deux précédentes. Hametsu-sama est venue chercher Aiko en fin d’après midi. Elle avait peint toute la journée pendant que Toshiro et moi examinions le dernier des trois ouvrages d’herboristerie. Il a été surpris. Il dit que je connais les plantes du sud. C’est vrai. Il a envie de venir voir ma collection d’herbes. Je ne peux pas. Je me vois mal l’amener chez Tani. J’ai éludé la question très vite et je suis partie. La situation devient de plus en plus pesante. Personne ne sait où je vis. Tout le monde doit croire que j’habite chez ma cousine, la somptueuse Doji Aiko comme on l’appelle. Hametsu et elle ne démentent jamais rien. Je pense que cet homme ferait tout pour son épouse. Plus ça va, plus c’est difficile. Shosuro Kitoku prend le pas sur Kitoku, la demeurée génie des plantes. Je vois de moins en moins Turakamu et ça me pèse. C’est le moment.

Je passe en ville et achète deux kimono de coton brun. Il faudra régler le problème de l’argent, je ne peux continuer à vivre aux crochets de Aiko. Je prends aussi des fleurs et une bouteille de sake. Il n’y a presque plus personne en ville, c’est l’hiver maintenant. Les provinces Phénix attirent déjà peu de monde en été alors quand les jours sont courts et froids c’est presque désertique. Je me dirige vers le quartier pauvre. Tout le monde me regarde. Sans foule pour se cacher il est difficile de passer inaperçue. Moi qui suis passée tant de fois par ses rues sales, il m’est presque douloureux d’être épiée comme une étrangère. Je pousse le shoji et entre. Ils doivent être dans le jardin.

Tani a peur. Elle reste assise sur un caillou. Elle tient une tasse de tisane fumante. Je suis arrivée alors qu’ils refaisaient le monde, enroulés dans des couvertures dans le jardin miteux d’un quartier pourri. Turakamu ne bouge pas. Il est debout, il remettait du bois dans le petit feu au milieu de la cour. Dans mon riche kimono, j’ai l’air d’un cygne regardé par deux oies. Je m’accroupis et attends. C’est dur la vérité. Ca brûle, qu’on la cache où qu’on la livre. Shirokuro, elle, s’approche. C’est intuitif un animal. Même une chèvre. « Brave bête » dis-je en lui caressant le flanc. « C’est moi. Tu me vois de tes yeux bigleux, vieille carne. » Elle bêle. « Tu m’entends de ses oreilles qui ne sont plus très jeunes. » Elle se frotte à mon genou. « Tu me sens avec ton cœur. » dis-je en me tournant vers l’homme qui m’a sauvé la vie. Et Turakamu pleure.
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Message par Hida Koan » 26 juin 2008, 17:39

L’explication a été longue. Surtout pour Tani qui ne voulait rien comprendre. Les fleurs et le saké ont calmé les sanglots. Y compris les miens. Je les ai emmenés ce soir là. Jamais je ne les aurais laissés. Ils se sont habillés avec leurs kimonos neufs et nous sommes partis. Shirokuro nous suit. Il faudrait revenir chercher toutes les affaires le lendemain, mais pour le moment il nous fallait juste partir. Tani n’arrêtait pas de me scruter. Et moi je n’arrêtais pas de fuir son regard. Je lui avais expliqué tout ce que je pouvais. C’était bien peu. Tani était beaucoup plus intéressée par ma vie ici que par ma vie d’avant. Peut-être ne préfère-t-elle pas y penser.

Quand j’arrive chez Aiko, un serviteur me voit et m’annonce. Hametsu se présente à la porte, l’air étonné. « Doji Hametsu-sama. Je suis des plus embêtées mais je me trouve dans l’impossibilité de faire autrement. J’ai des problèmes de logement... Des infiltrations... Des termites... » Hametsu reste stoïque. Je vois la silhouette fine d’Aiko se profiler derrière son mari. « Je vous demande humblement de bien vouloir m’héberger quelques temps. Tout ce que nous avions a été gâté. Il ne nous reste quasiment plus rien, ainsi nous ne prendrions pas trop de place… Ce ne serait que pour un temps évidemment. » Tous les servants de la maisonnée sont maintenant à la porte, loin derrière leur maîtresse, mais tous écoutent. La situation est stressante. Ai-je tout gâché en succombant à mon impulsion ? Ai-je ruiné ma nouvelle vie et détruit celle que j’avais difficilement mise sur pied, même s’il s’agissait d’une vie de paria ?

« Ma maison est votre, chère cousine. Je suis ravi que vous pensiez à nous. Vous nous honorerez de votre présence et mon épouse sera enchantée de vivre sous le même toit que vous. Ce sont certainement les Fortunes qui vous envoient, Kitoku-hime. Il ne pourrait en être autrement. » Nous sommes entrés. Hei, un serviteur de la maisonnée, guide Turakamu et Tani vers leurs chambres. Je les regarde partir main dans la main. Ils sont sauvés. « Nous ferons quérir vos affaires demain » me dit Hametsu. Je ne réponds rien. « Nous savons où aller. Et tout comme vous les membres du clan de la Grue savent garder des secrets. » Il sourit. D’un sourire franc et large comme il sait si bien le faire. Et pour ça, je sais que je suis en sûreté.
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Message par Hida Koan » 27 juin 2008, 11:30

Il fait chaud. La sueur me coule dans le cou. Nous sommes immobiles. Les parchemins sont tous ouverts sur la table. Il nous a frappés ce matin. Mon kimono est encore collé aux plaies de mon dos. Nous avons pourtant réussi tout ce qu’il demandait. Même quand il a fallu rester une heure dans les poutres du plafond nous avons réussi. Une goutte de sueur est tombée au sol. C’est là qu’il m’a frappé. Ca se voit la sueur sur le parquet. Lui, il l’a frappé juste après. Il croyait qu’il n’avait pas remarqué la tâche par terre. Il aurait du. Il aurait du voir et s’enfuir. En me laissant. Mais il ne l’a pas fait.

Il nous regarde. Nous devons tout réciter. Muscarine, gelséminine , curare. A chaque méprise il nous gifle. A la fin nous ne ferons plus aucune erreur. Il nous l’a dit. Les mots sur les parchemins se croisent. C’est difficile. La douleur nous déconcentre. Nous continuons pourtant. Ses yeux sont froids. Ses mains sont dures. Son cœur est sec. Nous apprenons. C’est la règle. C’est notre règle. Ardu comme le chemin, l’apprentissage. Béni comme la destination, le savoir. Aconitine, ricine, Fugu.

C’est le soir. C’est fini. Nous pouvons jouer maintenant. Les fléchettes sont drôles un instant. Le ballon est mieux. Nous rions. C’est la fin de la journée. Le soleil décline et nous sommes enfin dehors. Demain il faudra recommencer. Mais demain c’est loin. En attendant nous sommes ensemble. Nous avons mal mais ce n’est rien, ça ne recommence que demain. Le calme vient. Nous nous asseyons pour discuter. « J’avais vu tu sais. » Je ne dis rien. « Je ne voulais pas te laisser. » La nuit tombe et je parle enfin. « Je sais. ». Nous nous endormons dans le beau jardin.

Je me suis réveillée en sursaut. Personne n’a rien entendu. La maison est tranquille. J’ai rêvé du passé. Je le sais. Je sors dans la cour. Il fait froid. Aiko et Hatsume doivent encore dormir. L’aube est proche. Je ne sais toujours pas qui je suis. Mais j’avance. Un jour je saurai. J’ai revu son visage. Je le retrouverai. Je le chercherai dans les méandres de ma mémoire. Il est tapi au fond de mon cœur. Te cacheras-tu mon frère, mon esprit, mon âme-sœur?
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Message par Hida Koan » 27 juin 2008, 16:22

Déjà un mois que nous sommes installés. Tani, Turakamu et moi occupons l’aile ouest de la demeure. Une vaste chambre m’a été attribuée ainsi qu’un bureau et un petit salon. Mes deux « serviteurs » sont logés dans une pièce attenante. Shirokuro reste dans la cour. Hei lui a construit un abri sous la coursive. Elle se sent bien. Comme nous tous. Je vais pouvoir inviter Isawa Toshiro maintenant que j’habite ici. J’ai fait ramener toutes mes herbes et tous mes remèdes. Je n’aurais plus honte de les lui montrer maintenant que je suis ici. Aiko et Hametsu sont de véritables amis. Ils nous ont accueillis à bras ouverts. Si je dois la vie à Turakamu, eux aussi m’ont sauvée.

J’ai raconté mon rêve à Turakamu. Il n’a pas dit grand-chose à part de « ne pas confondre vitesse et précipitation, petite sotte ». Il a dit que si je devais retrouver mon frère il fallait que je sois au mieux, que j’en ai appris plus sur moi, que je sache où aller. Il a ajouté qu’il serait toujours là. Ce dont je ne doute pas un instant. Une fois qu’il m’aura aidé à retrouver mon histoire, je l’aiderai à retrouver la sienne. Même s’il a choisi d’oublier. Je le forcerai à voir. Nous trouverons cet homme perverti dont il parlait en rêve. Nous le trouverons et nous le tuerons. Mais pour le moment je dois me concentrer sur moi.

Je suis encore dans ma chambre quand Aiko arrive. C’est le jour où je reçois tous mes vêtements. Fini de rafistoler de vieilles tenues, si belles soient-elles. La livraison a lieu dans l’après-midi. Aiko est excitée comme une puce à l’idée de me faire tout essayer je crois. C’est elle qui a choisi la plupart des modèles et des couleurs. J’en suis forte aise. Même si je joue du shamisen, presque chaque soir maintenant pour mes hôtes, je ne suis pas assez à l’aise avec les choses raffinées pour que mon jugement soit pertinent.

Aiko est étrange. Elle sourit bêtement. On dirait moi dans mon rôle de bénie des Kami. Elle s’approche lentement. Elle est légèrement courbée en arrière, elle replie son bras droit sur son ventre. Elle a les larmes aux yeux. Enfin je comprends et me précipite vers elle. Elle pleure doucement sur mon épaule. Hametsu est sur le pas de la porte. « Voici enfin venir la pluie » dit-il.
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Message par Hida Koan » 30 juin 2008, 15:08

L’hiver est bien avancé. Les semaines se sont écoulées paisiblement. Le ventre de Aiko se durcit. Selon les estimations de son médecin, elle devrait accoucher durant le mois de Doji. Tous à la maison, nous faisons très attention à elle. Ce qui a tendance à l’énerver grandement. Souvent elle nous crie « d’arrêter de la choyer comme une enfant », mais qu’est-elle d’autre sinon ça ? Hametsu la prend souvent à part, le soir, pour lui signaler que nous ne voulons que son bien et qu’elle devrait être prudente. Elle sait de quoi il retourne mais l’inactivité ne lui convient pas.

Depuis plusieurs semaines que nous sommes là, nous avons pris nos marques. Jai reçu tous les vêtements que Aiko a commandé pour moi. Hametsu m’a aidé pour avoir du matériel (écriture mais aussi diverses choses destinées à l’herboristerie). J’ai l’impression qu’ils se sont réellement pris d’affection pour moi. Depuis qu’ils attendent un heureux évènement leur attention pour moi est sans cesse renouvelée. Ils me rendent responsable de leur bonheur. Je ne mérite pas tant de reconnaissance. Ce sont les plantes qui ont bien travaillé. J’ai changé la composition de la décoction, cela devrait rendre la future mère plus forte. Il semble que cela fonctionne à merveille, Aiko ne se plaint d’aucun symptôme de femme enceinte.

Cette semaine nous retournerons chez Tani afin d’y aménager une boutique. Elle sera dans le quartier pauvre mais beaucoup de gens se déplaçaient déjà là-bas afin d’y acheter des remèdes. Je vais profiter de la fin de l’hiver pour faire des stocks de traitements et pour apprendre à Tani tout ce que je sais faire. Quand le printemps viendra, si je dois m’en aller, elle ne sera pas à la rue.

J’ai refait un rêve. Il ne m’a rien appris. J’ai juste vu un enfant, mon frère certainement, jouant avec une étrange femme aux cheveux d’or. Il me faisait un signe de la main et partait avec elle lancer des cailloux dans le fleuve. Ils riaient tous les deux. Je me sentais un peu exclue. Mais à la fin la jeune dame m’a fait signe et je les ai rejoints. J’ai raconté ce rêve à Turakamu. Il m’a conseillé d’en parler à Hametsu et Aiko. Je compte le faire bientôt. Peut-être connaissent-ils une femme à la chevelure dorée ? Pour le moment je dois réfléchir à la nouvelle boutique.
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Message par Hida Koan » 30 juin 2008, 16:15

Il nous a fallu trois jours pour réaménager la maison de Tani en magasin. Hametsu avait tout prévu d’avance et cela nous a grandement facilité la tâche. Nous n’avons pas demandé d’aide supplémentaire, entre Tani, Turakamu, trois serviteurs de chez Hametsu, Aiko et moi c’est allé très vite. Notre future mère a voulu venir… Au grand damne de tous ! Elle est restée assise à nous chanter des mélodies entrainantes. Quand je devais m’absenter pour chercher quelque chose à la maison, elle supervisait les travaux. Ce ne fut pas de tout repos mais il n’y avait pas de lourdes transformations à faire : rajout d’étagères, bureau, amélioration de l’isolation et nettoyage des contenants d’eau. Des sièges ont été placés près de l’entrée et un petit salon d’extérieur dans la cour. C’est une véritable petite boutique, très agréable maintenant. Aiko se chargera de la décoration et tout sera finalisé.

C’est moi qui ferme la porte ce soir. Nous avons fini. Toshiro est venu nous aider hier. Il n’est pas repassé aujourd’hui. Depuis qu’il est venu me voir chez Aiko une après-midi pour découvrir mes herbes il est différent. Rien n’est arrivé de particulier pourtant. Je me retourne et il est là. Il fait nuit depuis quelques heures. Son kimono orangé attire la lumière des quelques lampions de la rue. « Kitoku-hime, je suis navré de ne pas avoir aidé aujourd’hui. Je suis désolé également de mon comportement d’hier. » Il a l’air perturbé. J’ai du faire quelque chose de mal.
« - Ce n’est rien, de toutes façons nous avons presque ter[…]
- Si c’est grave. Depuis plusieurs mois maintenant je vous côtoie… Et je vous aime.
- Je suis déjà là depuis plusieurs mois… »
Comme le temps passe vite… Toshiro devient plus blanc et sa respiration s’accélère.
« - Je vois que ma révélation ne vous surprend guère.
- Pardon ?
- Je vous aime depuis plusieurs mois viens-je de vous dire. Et cela fait maintenant trois semaines que je n’arrive plus à faire quoi que ce soit de bon à la bibliothèque. Depuis que je suis venu chez vous… Depuis que je suis venu chez vous et que vous m’avez repoussé, j’ai cessé de respirer. »
Je reste stoïque et réalise enfin qu’il parle de ses sentiments. Mon cœur s’emballe et je crains de bafouiller si je parle. Il ne me semble pas l’avoir repoussé. Beaucoup de choses m’échappent encore.
« - Je ne crois pas que vous ayez arrêté de respirer il y a trois semaines, Toshiro-san. Vous n’êtes pas assez blême. »

La tête me tourne alors je rouvre la porte et m’assois sur un des petits sièges de l’entrée. Il reste debout dans l’encadrement de la porte. Son visage est partagé entre anxiété et colère. Je ne sais pas trop comment tout ça fonctionne. Mon éducation a quasiment été refaite ces derniers mois par une adorable samurai Doji mais elle a omis de parler de certains points. Toshiro ne bouge toujours pas. Je me ressaisis et passe devant lui en le poussant doucement. Je referme la porte d’entrée du magasin sans le regarder.
« Je ne suis pas très à l’aise. Sachez que si d’aventure je devais vous repousser vous en seriez le premier informé. Si j’ai malencontreusement placé votre tasse à droite au lieu de la mettre à gauche ou ranger mes sandales en biais ou autre stupide subtilité de ce genre qui vous aurait fait croire que je vous congédie de ma vie, il faut que vous sachiez que je n’entends rien à tout cela. Je crois que vous me plaisez aussi. C’est tout ce que je peux vous dire Phénix-sama. ».

Je pars en courant presque. Sans présumer de mes forces je sais qu’il ne me rattrapera pas. Je suis plus athlétique que lui et je connais mieux le quartier. J’y ai vécu. Quand j’arrive au coin de la rue je me retourne. Il est toujours devant le magasin mais il est assis à terre. Je ne le vois pas bien dans la pénombre mais je crois qu’il sourit. Quand j’arrive chez Aiko je ne suis pas essoufflée. Cette course m’a fait du bien. Mes émotions de la soirée ont été intenses. Je crois que j’ai fait ce qu’il fallait. Je ne sais pas si c’était très protocolairement parfait par contre.

Je passe la porte et me dirige vers ma chambre pour me changer avant le dîner. Quand je passe dans le couloir devant le salon, Hametsu m’interpelle : « J’ai repensé à votre rêve, Kitoku. Je crois que vous avez vu une gaijin du nom de Magda, elle vit à Ryoko Owari Toshi. Nous en reparlerons au dîner. Je suis content que ça me soit revenu. » La tête me tourne plus encore. Je rentre dans ma chambre en titubant. Je ne sais toujours pas qui je suis. Mais je sais d’où je viens.
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Message par Hida Koan » 01 juil. 2008, 13:08

C'est le mois de Fu-Leng. Dans un peu plus d'un mois ce sera le début du printemps. Je vais partir. Turakamu me suit. Nous irons à Ryoko Owari Toshi. Aiko est en pleurs depuis deux semaines au moins. Elle ne veut pas que nous partions. Hametsu s'en ira aussi au printemps, rejoindre des troupes Daidoji stationnées plus au sud. Elle sera seule et ça lui fait peur. Elle a déjà eu beaucoup de chances d'avoir son mari avec elle si longtemps, ce n'est pas habituel. Il lui a promis de revenir au plus vite. Sa jeune femme est enceinte il négociera peut-être une permission avantageuse. Tani n'est pas au mieux non plus mais elle est heureuse de sa nouvelle vie. Elle vivra chez Aiko quand nous partirons. Et elle a une échoppe maintenant, ce n'est plus la rebouteuse des quartiers pauvres. Je crois que Hei lui apprendra la lecture et l'écriture (sommaire évidemment) et elle lui apprendra ce qu'elle sait des herbes. C'est un échange de bons procédés qui sera bénéfique à tous. Shirokuro restera ici. J'ai promis de passer régulièrement, je pense que je la reverrais en vie.

Je ne pars que dans trois semaines mais plein de choses restent à préparer. Il faut trouver quantité de vêtements pour Turakamu mais aussi avoir un point de chute à Ryoko Owari. Aiko m’a proposé de faire une lettre à un de ces amis d’enfance, Kakita Yogoso, c’est un artiste. Il a une maison de taille raisonnable dans la grande ville et il lui doit un service depuis des années. Je vais devoir voyager avec une des caravanes qui part bientôt. Il parait qu’il y en a pour assez longtemps. Mais nous prendrons le fleuve, cela va nous faire gagner du temps. J’en saurais plus sur l’itinéraire quand le propriétaire de la caravane arrivera (normalement trois jours avant le départ.)

Je suis assez excitée. Je n’ai pas fait de nouveaux rêves mais je les attends avec impatience ; Je continue mes cours avec Aiko. Elle m’enseigne la bonne éducation. Il y a vraiment du mieux. Je crois que plus le temps passe plus je me rappelle. Nous avons découvert hier, entre deux crises de larmes, que je me rappelais plusieurs vers. J’ai du apprendre un peu de poésie. Dès que cela me revient à l’esprit je note tout sur un petit carnet.

Quand vient la pluie froide
Seule, dans le pavillon
Je repense à toi

Les épines sont acérées
Mais je ne me pique pas

Je ne sais toujours pas qui je suis. Je fais partie du clan du Scorpion. J’ai des compétences d’herboriste. Je joue du shamisen. J’ai été entrainé avec mon frère. Je connais quelques poèmes. J’ai grandit à Ryoko Owari. J’en connais déjà beaucoup plus que l’été dernier. Je suis sur la bonne voie.
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Message par Hida Koan » 16 juil. 2008, 17:56

Les jours ont passés comme le vent sur la plaine. Nous partons demain. Ce soir une fête a lieu chez Aiko. Nous essayons tous de cacher notre tristesse dans le bruit et les rires. Je n'avais jamais ressenti ça... Enfin certainement, mais je ne m'en souviens plus. J'ai préparé un poème pour Aiko. Je l'ai calligraphié et j'ai serti le parchemin de fleurs séchées. J'espère que ça lui plaira. Pour Tani j'ai fait monter une cuve de bois au magasin. Elle pourra proposer des bains relaxants. Ca devrait lui amener encore plus de clients. J'ai fini la lettre de remerciements à Hametsu et la petite pochette d'herbes que je réserve à Toshiro est prête. C'est la fin. Ou le début. Pour quelqu'un comme moi cela n'a pas grande importance.

Tout se passe très vite. La moitié de la ville est de la partie il me semble. La crème de la crème se bouscule, un peu comme à la fête l'automne dernier chez le seigneur Ide. Tout le monde me félicite et me souhaite bonne chance pour Ryoko Owari Toshi. "Vous devez certainement avoir au moins un cousin là-bas Kitoku-hime." "Certainement oui..." On me demande ce que je vais faire là-bas. "Visiter des amis, peut-être essayé d'ouvrir une échoppe d'herboristes avec vos fameuses herbes du nord. Je suis sûre qu'elles seraient très prisées là-bas." "Revenez-nous vite". Tous ces gens à qui je vais soit disant manquer. C'est assez amusant. Ceux à qui je manque déjà pourtant sont ceux qui parlent le moins. Aiko, Hametsu et Toshiro ne pipent mot et restent entre eux.

Les gens sont partis. Le calme est retombé. Toshiro s'apprête à partir. Il s'avance gauchement. "Je vous écrirai" me dit-il et il me tend un petit paquet. Je lui donne la petite pochette d'herbes que je lui ai préparé. "Je vous écrirai aussi. Voilà, ce sont des plantes du sud. Elles ne font rien de spécial. Elles sentent juste bon." Il rougit. Il s'éloigne. Nous ne sommes à l'aise ni l'un ni l'autre pour les adieux.

Aiko est déjà parie se coucher. J'espère au moins qu'elle me dira au revoir demain.
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Message par Hida Koan » 18 juil. 2008, 16:10

La branche brisée
Berceau de plumes soyeuses
Une fin d'été

Nos deux coeurs à jamais liés
Je te reviendrai, ma soeur


Nous sommes partis. Le matin est ensoleillé. La caravane se met en branle. Je voyage vers mon passé.
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Message par Hida Koan » 25 févr. 2009, 17:27

J’en ai beaucoup rêvé. 3 semaines de voyage à refaire ce même rêve, à revoir ce même fleuve et cette même femme aux cheveux d'or. Nous y voilà.

Turakamu n’aime pas le bateau. Il n’aime pas trop la compagnie des hommes de bord non plus. Ca m’arrange. Je suis comme lui. J’ai été confronté à bien trop de mondanités ces derniers temps avec Aiko. Ce voyage nous a permis de nous retrouver le vieux et moi. Nous allons nous rendre chez Kakita Yogoso. J’ai la lettre d’Aiko donc ça ira.

J’ai hâte de retrouver mon frère.
Ryoko Owari Toshi, la cité des mensonges. Je rattrape enfin mon passé.
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