Candidature de JBeuh au poste d’Administrateur
La Voix de Rokugan est une formidable aventure humaine. Lorsque le site s’est doté d’une association, j’ai été étroitement associé à sa création. Nous étions quelques hurluberlus – qui sont devenus d’excellents amis – à être le fer de lance de l’association. Avec des personnes que je ne connaissais pas, nous avons lancé une machine, faite de bric et de broc. Depuis, l’association s’est complexifiée ; les projets se sont multipliés ; les actions sont devenues diverses et avec de très belle réussites ; les publics et les personnes motivées par l’association n’ont cessés de croître, les attentes aussi ; le besoin d’information et d’immédiateté en est le corolaire direct.
Cela fait plusieurs années que j’ai laissé la Voix, après avoir investi l’essentiel de ma vie dedans. Depuis, j’étais en retrait, avec un contact très irrégulier avec l’association, sa vie, son action… J’ai toutefois été épaté de la qualité du travail effectué par les différents Conseils d’administration qui se sont succédé après mes mandats de Président. La communication – quasi inexistante sous mes mandats – ont été bien développés. Le recueil a bénéficié d’une bien meilleure finition. Les rencontres annuelles ont été pérennisées. Des rencontres mensuelles sont apparues. Des présences sur les grandes conventions étaient assez systématiques. La liste est longue, et j’ai l’impression – parfois – d’avoir été un beau guignol à la tête de l’association lorsque je regarde en arrière…
La Voix s’est améliorée, elle s’est complexifiée. Les amitiés se sont développées, les passions aussi. Lorsque tout fonctionne, lorsqu’il n’y a aucun problème, c’est une superbe « machine de guerre » qui permet de soulever des montagnes.
Il s’avère que, cette dernière année, plusieurs dysfonctionnements se sont produits ou ont été perçus. Tous ces problèmes ont pour source essentielle des difficultés humaines, liées à la vie privée d’administrateurs très actifs. Cela a focalisé toutes les attentions, mettant sous silence toute la belle productivité et le bilan de l’association en 2010. Ces difficultés se sont cristallisées sur des relations humaines.
Or, à mon sens, il n’est pas possible d’imputer – dans une association, avec uniquement des membres bénévoles – les problèmes aux personnes humaines. Ces dernières sont toutes des gens très motivés, actives, productives, qui y croient, et qui font un don de soi. Cracher là-dessus, je trouve cela ignoble. Heureusement, dans la Voix, nous constituons une « famille d’amis ». Il existe des affinités privilégiées, des inimitées, mais nous vivons ensemble. Il nous arrive de nous reprocher des choses, de nous déchirer. Toutefois, au final, nous nous retrouverons tous, pour une même idée, une même volonté : jouer et promouvoir Le Livre des Cinq Anneaux.
Ce qu’il faut donc envisager, cette année, c’est donc une remise à plat du système de gouvernance et des méthodes de fonctionnement. Il nous faut trouver de nouveaux moyens pour palier aux éventuelles défaillances humaines, liées à nos vies privées. C’est cela qui, pour l’essentiel, constitue le principal élément de ma candidature. Je sais pertinemment que c’est une idée partagée globalement et que d’autres la porteront. Ce qui, à mon sens, apporte un plus à ma candidature, c’est le fait d’avoir eu un pied dedans, d’avoir eu un pied dehors et de savoir que j’envisage à la fin de ce mandat, de remettre un pied dehors. C’est donc, en somme, pas un sauvetage du Conseil d’administration pour verrouiller l’appareil qui m’intéresse. Ce que je souhaite, c’est accroître la transparence et la discussion permanente au sein de l’association. Les motivations d’entrer au Conseil d’administration pour « simplement » agir ; la volonté d’avoir un forum spécifique de discussion Taisa-Administrateur ; les déballages et les passions déchainées dans la discussion lors de l’Assemblée générale… tout cela contribue à une défaillance – je crois – d’une méthode de gouvernance. Mon prisme scandinave me donne une autre vision du processus démocratique et j’estime qu’il est possible d’instaurer, pour reprendre le terme de Pierre Rosanvallon, une « démocratie continue ».
La gestion de la Voix sur les conventions hors grande convention nationale n’est pas optimale. Absolument toutes les conventions où je me suis déplacée ces deux dernières années et où j’ai eu l’occasion de voir des personnes de la Voix – que ce soit par une discussion ou que je reste en simple observateur muet sans me faire connaître –, je n’ai jamais vu un seul stand aux couleurs de la Voix de Rokugan. Je n’ai pas vu une personne en faire la promotion. Et cela, c’est normal. Le système de fonctionnement des Taisas est une excellente idée sur le papier. Elle ne peut, à mon sens, qu’entraîner une frustration collective pour tous les membres de la Voix de Rokugan (actuels, anciens, futurs).
Les partenariats avec d’autres interlocuteurs sont à tisser. Si seulement l’aspect humain permet de tisser de réels liens, que sans ces motivations et affinités, les partenariats n’auront aucune durabilité s’ils ne proposent pas autre chose, plus systémique. C’est pourquoi, je pense, plutôt que de focaliser sur le rapport entre les Taisa et le Conseil d’administration, il faut en réalité s’intéresser à ce qui peut faire qu’une association locale – où une personnalité favorable – puisse vouloir tisser un partenariat avec la Voix, sacrifier de son temps et de son énergie pour nous soutenir et agir en ce sens. A la différence de la position orgueilleuse et supérieure du « Ne vous demandez pas ce que l’on peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour nous », je prône une vision modeste et humble. Il nous faut se mettre en cause et se demander : qu’est-ce que nous pouvons apporter aux autres ? Ce qu’ils nous apporte, a minima, c’est de la proximité. Qu’avons-nous à leur offrir, à part des illusions, des rêves et des frustrations ? Peut-on fournir des meneurs de jeu à la dernière minute en cas de défaillance d’une association ? Sommes-nous une association à vocation de prestation ou de gestion de ressources humaines ? Quelle capacité de mise en œuvre réelle avons-nous sans qu’elle étouffe plus encore les personnes déjà surmotivées ?
La démarche Internet est trompeuse. Elle donne une impression d’immédiateté. L’écrit offre aussi une vision trompeuse, puisque rien ne permet d’avoir le ton, l’intonation, les mimiques de visages… les smileys ne permettent que peu de choses. D’autant plus que nous sommes tous des personnes à l’imagination fortement déployée. Aussi, il est aisé de lire entre les lignes… Or ce qui n’est pas écrit n’est, justement, pas écrit et pas dit. Il est donc d’autant plus simple d’y entendre ce que l’on souhaite ou ce que l’on imagine. Et les conflits peuvent aller très vite. Faut-il supprimer cela ? Je ne le pense pas. Nous ne pouvons nous focaliser uniquement sur des relations de vives voix. Le risque est de ne garder qu’une seule réunion, l’Assemblée générale. Agir ainsi serait la meilleure façon de s’entre-déchirer ce jour-là, que tout s’y décide, et que les membres qui sont restés dans la périphérie se sentent spoliés, trahis, par une « oligarchie » soit qui se maintiendrait au pouvoir, soit qui y accèderait par une pratique soudaine, telle un putsch.
Ceci est la seconde raison pour laquelle je me présente : je désire incarner une force de neutralité et de maintien de la paix, d’apaisement, au sein du Conseil d’administration, mais aussi d’instaurer des moyens d’évacuer les pressions au fur et à mesure et non seulement une fois l’an. Cela rejoint ma démarche démocratique et de transparence.
Il m’est apparu qu’une guerre de personnes risquait de se dérouler au sein du Conseil d’administration, que des « camps » imaginés allaient finir par se constituer, se radicaliser et s’entredéchirer. C’est ce que je souhaitais absolument éviter et donc, en incarnant une neutralité active, j’espère contrebalancer en permanence les pouvoirs de sorte que ce risque soit minimalisé. Il n’est pas question de faire taire ou de bloquer quoi ou qui que ce soit. Ma finalité est de ramener un peu de « sagesse » et de calme, de remettre de la perspective et d’observer les faits pour ce qu’ils sont : des faits.
C’est aussi pour cela que je souhaite, au contraire de ce qui est souvent proposé, de déconcentrer la gestion des projets. Les administrateurs devraient suivre la vision globale. Ils ne devraient pas être les seuls à tenir un projet au jour le jour. La Coupe de France, par exemple, a été parfaitement effectuée la première année par Kenji, qui n’était, à l’époque, même pas adhérent de la Voix ! De même, imposer que le président du jury du concours, par exemple, fasse parti du Conseil d’administration participe de la même erreur. Cela n’a, comme unique tendance, qu’à asphyxier le Conseil d’administration.
En effet, imaginez un adhérent que j’appellerais Bob (c’est un cas totalement imaginaire. Toute ressemblance serait fortuite, en toute honnêteté). Ce qui plaît à Bob, c’est d’écrire des scénarios. Il trouve que la Coupe de France, c’est un super projet. Il a trop envie de rédiger le scénario. Par contre, le reste de la vie de la Voix, ça l’embête. Il aime bien écrire et jouer, mais gérer, c’est pas sa tasse de thé. Sauf qu’il voit que pour gérer la Coupe, il faut entrer dans le Conseil d’administration. Il se présente. Il est super motivé et en plus, il sait bien écrire. Ca plaît. Il est élu. Il écrit son scénario. Il se désintéresse du choix du lieu, de la comm’, de la pub, de toute l’organisation, des juges, etc. Il snobe aussi, le plus superbement, toutes les discussions du Conseil d’administration, parce que cela ne lui parle pas et il ne se sent pas concerné. On va lui faire un procès comme quoi il devrait s’impliquer. Il va donner son avis, mais peu pertinent puisqu’il n’en a rien à faire. En plus, il préfère jouer et mener que de couper les cheveux en quatre sur le nombre d’exemplaires de publication ou de savoir s’il faut ou non aller sur telle convention. Bref, il s’engueule avec les autres membres du Conseil d’administration. Il est dépeint aux yeux de tous comme un pantouflard flemmard et inutile… Le résultat ? Des frustrations, un Conseil d’administration où existait un membre fictif qui aurait très bien pu faire le même travail en dehors du Conseil ; un autre candidat non élu qui sera peut-être dégouté de ne pas avoir été élu, qui, lui, aurait très bien géré l’association et se serait très fortement impliqué. Moralité : tout aura été fait de travers et cela aura été plus problématique qu’une belle solution.
Ma conclusion ? Il faut faire de la démocratie, de la comm’, prévoir un système de gouvernance efficace. Il faut arrêter de croire que la Conseil d’administration est l’alpha et l’oméga de l’association.
Je reconnais, c’est assez utopique. Cela ne fonctionnera pas magiquement comme cela ni de manière directe ni de manière intégrale. L’idée de dire : mettre des postes de « vice » (vice-président, vice-trésorier, vice-secrétaire…). Nous l’avions fait. Au final, les vices étaient tous (ou presque) fictifs et ont agi exactement de la même manière lorsqu’ils n’étaient pas « vice ». C’est gentil, ça fait plaisir, une belle armée mexicaine… Je ne crois pas que cela soit une solution ni une réponse pertinente.
Enfin, ma dernière proposition, et cela peut se faire – si l’on me le demande – essayer d’assurer un intérim sur le site internet en attendant de trouver une personne plus compétente que moi. Cela n’est pas le moins du monde conditionné par mon élection ou non. Cependant, pour avoir eu à déployer quelques sites du même type de celui de la Voix ces derniers temps, j’ai conscience de certaines limites liées à cet outil.
Par ailleurs, je précise que je n’habite pas à Paris, ni en région parisienne. Je suis d’ailleurs peu disponible physiquement pour diverses réunions, où qu’elles se trouvent (dans ma ville, y compris). Si une telle disponibilité vous semble être indispensable, je vous invite à ne pas voter pour moi. De même si vous attendez à trouver un administrateur sur tous les fronts, qui répond dans la seconde et qui a mis la Voix en priorité sur tout le reste de sa vie.
Merci d’avoir pris le temps de me lire.
JBeuh