[Matin] Dans la douceur des brumes

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Iuchi Mushu
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[Matin] Dans la douceur des brumes

Message par Iuchi Mushu » 20 août 2005, 07:47

[Ikoma Kasaru]

Le Shoji glissa et le serviteur s'écarta pour laisser entrer Ikoma Kasaru dans ses appartements.

A l'intérieur une jeune servante était à l'oeuvre.

Akodo Getsuko était déjà dans l'eau chaude et quelques filets de vapeur chargés de la douce odeur de l'huile parfumée flottaient dans l'air.

Lorsque Kasaru fut entré, la servante s'inclina vers le Samurai Akodo :

"Dois-je me retirer Akodo-sama ? Je pourrais continuer votre massage plus tard si vous le désirez..."

Faisant rouler les muscles de ses épaules d'un air satisfait, le général
Lion répondit :
"Cela ira très bien, je te remercie. En sortant, veille à prendre mon kimono pour le nettoyer, et apporte moi celui qui est encore enveloppé."

Alors que la servante s'éxécutait Getsuko fixait son Gunzo avec un léger sourire.

Il n'avait pas mis longtemps à présenter ses hommages à Ide Noriaki, et avait certainement usé de d'un quelconque prétexte pour se soustraire à quelque courtisan.

"Et bien Kasaru-san, comment se porte mon vieil ami Licorne ?"

"Il semble en pleine forme Getsuko-sama, et est toujours aussi ravi de ces échanges protocolaires."

Kasaru suivit du regard la jeune heimin qui refermait le Shoji une fois sa tâche terminée, puis ajouta.

"Bien qu'ils me paraîssent être interminables pour ma part, je gage qu'ils se perpétuent encore en ce moment même..."

"Bien !!!Dans ce cas, pourquoi ne pas se détendre un peu, Karasu san ? Un bain bien chaud et si délicatement parfumé : voilà ce qui manque dans nos casernements, et demande à cette petite de te faire un massage, elle a des doigts en or et la peau douce".

Kasaru restait au milieu de la pièce comme hésitant à relacher ainsi sa rigueur mais Getsuko poursuivit

"Allons ! Ote tes vêtement boueux, la route nous a fourbus tous les deux. De toute façon, les tensions flotteront dès ce soir au dîner, telles des banières dans la tourmente et les éventails des courtisans auront bien du mal à faire tomber ce vent capricieux. Tout l'Empire gronde comme un orage qui va éclater, la Grue a des tensions avec le Crabe et pour un peu ils nous délaisseraient pour faire ravaler sa fieré à la famille Yasuki".

Il rit doucement ayant grande peine à imaginer une saison sans un affrontement entre le Lion et la Grue, comme si c'était une totale ineptie.

"Et chose incroyable, Hida Kisada envoie son propre fils à Kyuden Doji et le Champion d'Emeraude conscent à envoyer son plus jeune fils à la cour du Grand Ours. Si ce n'est pas là, une assurance, je m'y connais bien mal.

Hida Yakamo...sa voix vibra

"Revoir cet homme ne va pas être facile Karasu, cela ne va pas être facile du tout".

il soupira et se plongea dans le bain s'imergeant totalement comme pour dissoudre sa colère et sa haine de Yakamo, celle attachée à sa propre honte et qui le suivait comme une ombre.

Lorsqu'il emergea, le visage qu'il tourna vers son Gunso avait les traits fatigués mais dans ses yeux brûlait un feu étrange, un feu que Karasu connaissait bien dans les yeux de son général, celui de la haine, celui du baffouement de son honneur. Comment pourrait-il controler cela en face de Yakamo sama ?

Kasaru fixait son général les poings serrés. Il s'en voulait de ne pas avoir vu sur que terrain dangereux s'engageait la conversation. Il aurait désiré guider Getsuko sur un autre sujet, mais il est maintenant trop tard.

Et les regrets n'ont pas leur place.

"Et bien Getsuko-sama, il est vrai que je ne peux décemment pas me présenter ainsi devant la cousine du Champion d'émeraude. Et la douceur d'un massage fera du bien à mes muscles endoloris par le voyage."

Karasu ouvrit le Shoji qui donnait sur le salon privé commun à leur chambre et la chambre voisine apparemment vide actuellement.

La jeune fille était agenouillée dans la pièce, elle avait certainement entendue le fait que Kasaru aurait probablement besoin de ses services et n'était pas partie de suite.

Mais si c'était bien le cas, elle avait dû entendre le passage sur le fils du Grand Ours.

"Je vais prendre également un bain, et Getsuko-sama me vante tes talent de masseuse. Je te demanderais donc également ce service."

"Hai Ikoma-san, mais je n'ai plus assez d'onguent. Avec votre permission je vais de suite en chercher."

Kasaru donna son approbation et la jeune Heimin quitta le salon pour les couloirs du Kyuden.

Karasu retourna dans la chambre et commença à se dévétir. Enfin seul avec son général, il allait pouvoir parler franchement, mais la flamme qui
habitait le regard de ce dernier était toujours aussi vive. Comment donc allait-il pouvoir la calmer ?

"Getsuko-sama, à propos de Hida Yakamo, vous savez que vous ne pourrez pasl'évit..."

"Assez parlé de cela Kasaru." L'interrompit-il, "Doji Shizue peut nous faire demander à chaque instant et je dois encore m'habiller, et toi te laver. Je te laisse donc à ton massage pour le moment."

Sur ces mots Akodo Getsuko quitta le bain et regagna sa chambre, propre.

Mais il se ravisa et se retourna

-Kasaru san ?
-Hai Getsuko sama

Le général le regarda, son regard était clair, la haine avait disparu.

-L'eau de ce bain est chaude et parfumée et les doigts de cette fille exquis, veilles à ne pas rester trop longtemps dessous, tu pourrais fondre.

Kasaru regarda son général, il était tel que sur les champs de bataille, sûr de lui. Devant la surprise de son gunso, il partit d'un grand éclat de rire et referma le shoji pour aller se vêtir.

Getsuko sama avait raison, l'eau du bain était fort chaude, Kasaru sentit ses muscles se détendre et se plaindre de la fatigue. La journée n'était cependant pas finie. La jeune femme reparut, un pot d'onguent à la main, elle le posa sur un petit banc de bois avec précaution comme une denrée rare puis elle gravit les deux marches menant au bain et s'agenouilla, se plaçant derrière Kasaru. Ses mains se posèrent sur ses épaules et ses doigts tatèrent d'abord la masse musculaire pour y sentir les noeuds douloureux, puis ils glissèrent dans le milieu de son dos et fermement ils remontèrent le long de la colonne vertébrale s'écartant régulièrement vers les épaules. Plusieurs fois, elle enfonça ses pouces dans les muscles, Kasaru se raidit une fois ou deux.

De sa voix douce, elle crut bon de lui préciser :

- Vous êtes fort tendu Ikoma sama, certains points vont encore être douloureux quelques temps, ensuite avec l'onguent, la douleur s'estompera et le muscle reprendra sa position.

Kasaru grogna comme pour signifier qu'il avait compris. Elle continua pendant quelques temps encore et s'attaqua à sa nuque puis ses avant-bras.
C'est vrai qu'elle était douée, Kasaru sentait le bienfait de son massage, rarement il s'était sentit aussi bien, les tensions quittèrent son esprit et il aborda l'idée de cette cour d'hiver avec un peu plus de sérénité. La voix de la jeune femme le tira de ses pensées.

-...J'étalerai l'onguent lorsque vous aurez terminé de vous baignez Ikoma sama.

Ses mains quittèrent son dos et elle se releva pour quitter son promontoire, sa silhouette fine descendit à même le plancher et elle alla chercher les linges de coton pour sa sortie du bain, attendant son bon vouloir...

Kasaru ferma les yeux et, bien que mentalement détendu, tenta de relaxer pareillement ses muscles. Cette jeune fille avait effectivement des doigts d'or et il était heureux d'avoir suivit les conseils de Getsuko-sama.

S'enfonçant un peu plus dans son bain, il laissa l'eau chaude envelopper ses épaules. Tandis que la chaleur irradiait dans son dos et dans tout son corps, Karasu expira longuement le stress de la matinée. Il se sentait bien à un point qu'il n'avait que rarement connu. Il laissa son esprit vagabonder et ses pensées se dirigèrent vers les terres de son Clan, et vers la farouche Matsu Muriko, et à se moment là, un désagréable frisson lui parcouru l'échine.

Kasaru rouvrit les yeux : Il se laissait trop aller ! Il n'était que depuis à peine une heure en ce palais Grue et voilà qu'il laissait déjà tomber ses défenses. Il se redressa brusquement, et se leva de son bain. La jeune fille sursauta, lâchant presque la serviette de coton qu'elle était en train de replier.

"Quelque chose ne va pas sama ?"

Kasaru tourna le regard vers la servante, celle-ci le regardait et l'incompréhension se lisait sur sur visage.

"Non, j'ai juste terminé mon bain."

Lorsqu'elle croisa le regard du Gunso l'incompréhension de la jeune fille se mua en peur, et baissant rapidement les yeux elle s'approcha prudemment du Samurai.

Ce dernier avait remarqué la réaction qu'il avait suscité chez la servante.

"Et bien il n'a pas fallu longtemps pour qu'à nouveau la tension revienne." pensa-t-il...

Elle lui tendit la serviette dans laquelle il enveloppa sa taille, doucement elle frotta son dos et son torse puis ses bras. Son coeur battait encore de la peur qu'elle avait eue. Quoiqu'il se soit passé dans l'esprit de cet homme, il était devenu un fauve en l'espace d'un instant. Surtout, elle ne devait pas trembler, ne pas le mettre en colère.
Après avoir essuyer son dos, elle le pria de s'asseoir et alla chercher l'onguent. Elle en mit au creux de ses mains puis elle massa les différents noeuds qu'elle avait repérés, ses muscles étaient à nouveau tendus comme la corde d'un arc. Les raisons ne la regardait pas mais le travail préalable qu'elle avait fait était quelque peu perdu. Il faudrait au samourai plus d'une séance mais le moment était mal choisit, aussi garda-t-elle le silence et se contenta-t-elle de le masser. Lorsqu'elle eut terminé, elle alla chercher un linge qui se trouvait sur des briques de terre cuite autour du feu, revenant vers Kasaru, elle le déplia et posa le tissu chaud sans être
brûlant à même la peau de son dos puis se penchant, elle étendit le tissu sur ses épaules et ses bras. La chaleur activa l'onguent et une douce odeur d'herbe de dégagea de celui-ci. La chaleur se répendit dans tout son corps, cela devait le détendre mais elle n'en était plus très sure. Lorsque le tissu fut tiède, elle l'ota, le plia. Reprenant son onguent, ellese plaça devant lui sans oser le regarder.

- J'ai terminé Ikoma sama, désirez-vous autre chose ?

Se levant, Kasaru fit une nouvelle fois rouler ses épaules, appréciant par ce mouvement la qualité du massage qui venait de lui être prodigué. L'odeur de l'onguent avait imprégné sa peau et cela n'était pas désagréable, au contraire. Il se sentait bien, quoi qu'un peu gené par la nouvelle attitude craintive de la jeune fille.

Il passa à côté d'elle sans un mot, et gagna sa chambre. Depuis le Shoji resté entrouvert, et tandis qu'il s'habillait, conservant ainsi sous son kimono la chaleur du bain et du massage il s'adressa à elle :

- Quel est ton nom ?

La jeune heimin serra dans ses mains les pans de son kimono. Avait-elle fautée ? Ce Samurai était-il en colère à son égard ? Ne voulant l'irriter d'avantage, elle répondit dans un murmure :

- Je suis... je m'appelle Akito, Samurai-sama.

Kasaru avait noté l'hésitation et la peur que contenaient cette réponse, et assujettissant son Obi, il se tourna vers elle. Pour la première fois il l'observa des pieds à la tête : elle était jeune mais jolie, et deviendrait une jeune femme séduisante dans très peu de temps. Peut-être l'était elle déjà, mais cela Kasaru avait encore du mal à en juger, ne l'observant que d'une certaine distance et de profil.

- Et bien, Akito-chan, je dois te remercier pour ce massage impeccable qui me fut prodigué à l'instant. Je suis assuré que bien des Samurais seront chanceux cet hiver de profiter de tant d'attention et de talent.

Elle s'inclina fortement

- Je vous remercie Ikoma sama.

Elle hésita puis compléta sa phrase...

- Les seuls samouraï a bénéficier de mes messages et de mes soins cet hiver seront Akodo et Ikoma sama, j'ai été assigné au service unique de votre délégation.

Elle s'inclina une seconde fois puis leva les yeux :

- Puis-je me retirer ou désirez-vous quelque chose d'autre ? Du thé ? Du saké ?

- Attends un l'instant.

Une fois habillé, Kasaru se dirigea de l'autre côté de la chanbre, près du Shoji d'Akodo Getsuko.

- Getsuko-sama, j'en ai terminé avec mon bain. Désireriez-vous quelque chose en particulier ?

La voix du général lui répondit à travers le Shoji :

- Oui, j'ai quelques préparatifs à faire avant notre entretien, et demeurerais donc ici. Fait simplement apporter du thé Kasaru-san.

- Hai Getsuko-sama, je ferais le nécessaire. (il se tourna vers Akito qui s'inclina d'un air entendu) Puis-je me retirer dans ce cas ? La fraicheur des jardins du palais m'est tentante.

Kasaru espérait surtout se rafraichir les idées, et le froid mordant était une chose qui convenait parfaitement.

- Je ne te retiens pas. Va et tiens toi près lorsqu'on viendra te chercher.

- Hai Getsuko-sama.

La jeune fille s'inclina une dernière fois, et prit la parole :

- Si vous le désirez, Ikoma-sama, je vous guiderais jusqu'au jardin avant d'aller préparer le thé.

Kasaru approuva et sortit en suivant la servante...

From: Eiji-kun & Iuchi Mushu - mercredi 6 novembre 2002
"Ceux qui n'oublient pas le passé, sont maîtres de l'avenir" (Sima Qian)

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