Star Wars 7 - le Réveil de la Force
Publié : 19 déc. 2015, 13:35
CA SPOILE MAIS JE METS PAS DE BALISES PARTOUT DONC LISEZ PAS SI VOUS NE L'AVEZ PAS VU !
Alors ce Star Wars épisode VII - le Réveil de la Force !
De mon côté, je suis conquis sans réserve. J'ai retrouvé le (good) feeling d'un vrai Star Wars et ce dès le début. C'est d'ailleurs l'exploit de toute la première partie : nous renvoyer dans cette galaxie lointaine, il y a très longtemps, sans en faire trop pour l'introduction. Ça démarre in media res comme il se doit : un stormtrooper (Finn) qui dépasse son conditionnement et déserte, un héros de la Résistance (Poe Dameron) qui s'échappe avec lui et zou - des personnages présentés dans l'action (tout comme le sera Rey juste après) avec dynamisme et qui deviennent immédiatement sympathique (là aussi, un sans faute : tous les nouveaux emportent l'adhésion, même BB8).
A partir de là, tout s'enchaîne avec rythme et naturel. Chaque péripétie en amène une autre, d'anciens personnages reviennent, la situation galactique est évoquée lors de dialogues qui ne surlignent pas tout (exactement de la même façon que dans la trilogie originelle), les révélations (comme l'identité de Kylo Ren) arrivent tout simplement - là encore sans chercher à en faire un énorme twist (les personnages connaissent la situation, ce n'est que pour le spectateur que c'est une surprise), etc.
La durée du film est idéale (semblable à celles des opus de la trilogie originelle, d'ailleurs) et il est impossible de s'ennuyer au cours de ces deux heures.
Ce qui est très intéressant dans ce Réveil de la Force, c'est qu'il est un miroir inversé de la trilogie originelle. Certes à première vue, on pourrait y voir un quasi remake en reprenant les grandes lignes - sans beaucoup d'inventivité. Mais en réalité, si on creuse plus, on s'aperçoit que cet épisode est profondément désabusé : il nous raconte l'échec de la génération précédente, celle qui avait pourtant tout pour réussir - et y était parvenu en mettant l'Empire à genou.
Là, une nouvelle République s'est bien formée mais elle semble loin de recouvrir toute la galaxie. Le Premier Ordre a pu se construire sur les restes de l'Empire en marge et une Résistance s'organise dans les systèmes qu'il contrôle. En 30 ans, la paix et la concorde ne sont pas revenus : et pour cause ! Luke a échoué à devenir un maître Jedi et s'est retiré en exil après la décimation de ses apprentis, son propre neveu est passé du Côté obscur, Han Solo a fui ses responsabilités de père en replongeant dans des magouilles, et même Leïa - au lieu de diriger la République comme elle semblait y être destinée - a préféré rejoindre la Résistance, comme pour se plonger à nouveau dans la guerre en guise de punition.
De ce fait, il faut l'émergence d'une nouvelle génération capable de faire mieux que ses aînés : Rey, Finn, Poe, d'autres sans doute... Ce qui explique pourquoi le film les fait passer quasiment par les mêmes épreuves : fuite dans la galaxie, confrontation avec le côté obscur, quête à accomplir, lutte désespérée contre une arme surpuissante, etc. Et chaque étape est un succès pour ces nouveaux héros : la station Starkiller est détruite, Finn cesse de fuir son passé et l'affronte, Rey ne cède pas à la tentation et s'éveille à la Force, Luke est finalement retrouvé... A la fin de cet épisode, ces protagonistes ont donc déjà triomphé de la plupart des épreuves que leurs prédécesseurs ont eu tant de mal à surmonter - reste à présent à aller de l'avant, à voir ce que nous réserve la suite.
Le scénario a donc parfaitement conscience de sa filiation et il s'en sert à deux niveaux : rassurer les fans avides de retrouver un certain esprit (d'autant plus après la prélogie...) en leur offrant en grande partie ce qu'ils attendent mais aussi se détacher du passé en le revisitant habilement afin de régler les vieilles dettes. Le récit affranchit ainsi ses héros de leur héritage en un digest aussi ludique que nécessaire à leur parcours initiatique - leur permettant dès lors de trouver leur propre destin dès le film suivant.
Kylo Ren est assez représentatif de cette approche en miroir inversé. Il se veut le nouveau Darth Vader, il le proclame même. Mais il est son double en négatif : un jeune homme décidé à rejoindre le Côté obscur mais toujours tenté par la lumière et qui a besoin d'une dernière étape pour basculer définitivement. Là où Vader redevenait un Jedi en sauvant son fils, Kylo Ren devient un séide du Côté obscur en tuant son père : difficile de faire plus symbolique ! L'acteur parvient d'ailleurs l'exploit de pulvériser en quelques plans l'interprétation de Hayden Christensen dans le rôle d'Anakin en jeune homme tourmenté et déchiré entre les deux aspects de la Force.
La facture technique du film m'a impressionné à deux niveaux.
Tout d'abord, le Réveil de la Force n'en fait jamais trop et ne cède jamais à la surenchère. La Résistance a peu d'hommes et de vaisseaux, on se doute que le Premier Ordre se repose beaucoup sur les acquis de l'Empire et a mis tous ses moyens dans la station Starkiller - du coup, les batailles spatiales impliquent essentiellement des chasseurs. Pas d'armées de Jedi ou de Sith non plus (même si sont évoqués les Chevaliers de Ren) : un seul adapte de la Force de chaque côté, peu de duels au sabre mais bien menés et possédant une imbrication dramaturgique dans le récit. Cette trilogie a l'intelligence de démarrer doucement, à petite échelle (là aussi, peu de planètes visitées) afin de laisser la suite prendre toute son ampleur et de respecter le crescendo que l'on est en droit d'attendre d'une telle saga.
Ensuite, j'ai souvent trouvé la réalisation très élégante. Sobre mais pleine d'à propos : beaucoup d'éléments passent par les regards (l'échange silencieux entre Poe et Finn avant la dernière bataille) et une véritable complicité entre les personnages (reflet de l'alchimie entre les acteurs). Parvenir à deviner les sentiments d'un stormtrooper à travers son masque souillé de sang, bel exploit ! Il y a d'autres exemples, comme le léger travelling arrière durant les retrouvailles entre Han et Leïa - comme pour inviter le spectateur à rester en retrait durant ce moment d'intimité. Cela s'étend aux scènes d'action : des dogfights aussi clairs que dynamiques (et propices, aux belles actions, merci Poe !), des échanges de tirs brutaux (les blasters, ça fait mal !), des combats au sabre plus proches de l'escrime médiévale que des acrobaties hongkongaise, des idées visuelles fortes et marquantes (les X-Wings en rase-motte au dessus d'un lac)... De la retenue et de l'inventivité, au service du film et de ses personnages.
Bref, je suis pleinement satisfait de ce Star Wars épisode VII - le Réveil de la Force.
Sous ses dehors d'opus faussement trop obséquieux, il opère en réalité un basculement vers l'avenir en évacuant le passé et prépare brillamment le terrain pour la suite - que l'on espère pleine de surprises et de révélations inédites (qui est Snoke ? qui est Rey ? comment Kylo Ren a-t-il basculé ?).
A la fois humble et ambitieux, le film excite l'imagination comme la trilogie originelle le faisait (en dessinant un contexte à demi-mot et en ouvrant des pistes multiples, par exemple) et nous rend très dures les deux années d'attente avant de découvrir la suite !
Alors ce Star Wars épisode VII - le Réveil de la Force !
De mon côté, je suis conquis sans réserve. J'ai retrouvé le (good) feeling d'un vrai Star Wars et ce dès le début. C'est d'ailleurs l'exploit de toute la première partie : nous renvoyer dans cette galaxie lointaine, il y a très longtemps, sans en faire trop pour l'introduction. Ça démarre in media res comme il se doit : un stormtrooper (Finn) qui dépasse son conditionnement et déserte, un héros de la Résistance (Poe Dameron) qui s'échappe avec lui et zou - des personnages présentés dans l'action (tout comme le sera Rey juste après) avec dynamisme et qui deviennent immédiatement sympathique (là aussi, un sans faute : tous les nouveaux emportent l'adhésion, même BB8).
A partir de là, tout s'enchaîne avec rythme et naturel. Chaque péripétie en amène une autre, d'anciens personnages reviennent, la situation galactique est évoquée lors de dialogues qui ne surlignent pas tout (exactement de la même façon que dans la trilogie originelle), les révélations (comme l'identité de Kylo Ren) arrivent tout simplement - là encore sans chercher à en faire un énorme twist (les personnages connaissent la situation, ce n'est que pour le spectateur que c'est une surprise), etc.
La durée du film est idéale (semblable à celles des opus de la trilogie originelle, d'ailleurs) et il est impossible de s'ennuyer au cours de ces deux heures.
Ce qui est très intéressant dans ce Réveil de la Force, c'est qu'il est un miroir inversé de la trilogie originelle. Certes à première vue, on pourrait y voir un quasi remake en reprenant les grandes lignes - sans beaucoup d'inventivité. Mais en réalité, si on creuse plus, on s'aperçoit que cet épisode est profondément désabusé : il nous raconte l'échec de la génération précédente, celle qui avait pourtant tout pour réussir - et y était parvenu en mettant l'Empire à genou.
Là, une nouvelle République s'est bien formée mais elle semble loin de recouvrir toute la galaxie. Le Premier Ordre a pu se construire sur les restes de l'Empire en marge et une Résistance s'organise dans les systèmes qu'il contrôle. En 30 ans, la paix et la concorde ne sont pas revenus : et pour cause ! Luke a échoué à devenir un maître Jedi et s'est retiré en exil après la décimation de ses apprentis, son propre neveu est passé du Côté obscur, Han Solo a fui ses responsabilités de père en replongeant dans des magouilles, et même Leïa - au lieu de diriger la République comme elle semblait y être destinée - a préféré rejoindre la Résistance, comme pour se plonger à nouveau dans la guerre en guise de punition.
De ce fait, il faut l'émergence d'une nouvelle génération capable de faire mieux que ses aînés : Rey, Finn, Poe, d'autres sans doute... Ce qui explique pourquoi le film les fait passer quasiment par les mêmes épreuves : fuite dans la galaxie, confrontation avec le côté obscur, quête à accomplir, lutte désespérée contre une arme surpuissante, etc. Et chaque étape est un succès pour ces nouveaux héros : la station Starkiller est détruite, Finn cesse de fuir son passé et l'affronte, Rey ne cède pas à la tentation et s'éveille à la Force, Luke est finalement retrouvé... A la fin de cet épisode, ces protagonistes ont donc déjà triomphé de la plupart des épreuves que leurs prédécesseurs ont eu tant de mal à surmonter - reste à présent à aller de l'avant, à voir ce que nous réserve la suite.
Le scénario a donc parfaitement conscience de sa filiation et il s'en sert à deux niveaux : rassurer les fans avides de retrouver un certain esprit (d'autant plus après la prélogie...) en leur offrant en grande partie ce qu'ils attendent mais aussi se détacher du passé en le revisitant habilement afin de régler les vieilles dettes. Le récit affranchit ainsi ses héros de leur héritage en un digest aussi ludique que nécessaire à leur parcours initiatique - leur permettant dès lors de trouver leur propre destin dès le film suivant.
Kylo Ren est assez représentatif de cette approche en miroir inversé. Il se veut le nouveau Darth Vader, il le proclame même. Mais il est son double en négatif : un jeune homme décidé à rejoindre le Côté obscur mais toujours tenté par la lumière et qui a besoin d'une dernière étape pour basculer définitivement. Là où Vader redevenait un Jedi en sauvant son fils, Kylo Ren devient un séide du Côté obscur en tuant son père : difficile de faire plus symbolique ! L'acteur parvient d'ailleurs l'exploit de pulvériser en quelques plans l'interprétation de Hayden Christensen dans le rôle d'Anakin en jeune homme tourmenté et déchiré entre les deux aspects de la Force.
La facture technique du film m'a impressionné à deux niveaux.
Tout d'abord, le Réveil de la Force n'en fait jamais trop et ne cède jamais à la surenchère. La Résistance a peu d'hommes et de vaisseaux, on se doute que le Premier Ordre se repose beaucoup sur les acquis de l'Empire et a mis tous ses moyens dans la station Starkiller - du coup, les batailles spatiales impliquent essentiellement des chasseurs. Pas d'armées de Jedi ou de Sith non plus (même si sont évoqués les Chevaliers de Ren) : un seul adapte de la Force de chaque côté, peu de duels au sabre mais bien menés et possédant une imbrication dramaturgique dans le récit. Cette trilogie a l'intelligence de démarrer doucement, à petite échelle (là aussi, peu de planètes visitées) afin de laisser la suite prendre toute son ampleur et de respecter le crescendo que l'on est en droit d'attendre d'une telle saga.
Ensuite, j'ai souvent trouvé la réalisation très élégante. Sobre mais pleine d'à propos : beaucoup d'éléments passent par les regards (l'échange silencieux entre Poe et Finn avant la dernière bataille) et une véritable complicité entre les personnages (reflet de l'alchimie entre les acteurs). Parvenir à deviner les sentiments d'un stormtrooper à travers son masque souillé de sang, bel exploit ! Il y a d'autres exemples, comme le léger travelling arrière durant les retrouvailles entre Han et Leïa - comme pour inviter le spectateur à rester en retrait durant ce moment d'intimité. Cela s'étend aux scènes d'action : des dogfights aussi clairs que dynamiques (et propices, aux belles actions, merci Poe !), des échanges de tirs brutaux (les blasters, ça fait mal !), des combats au sabre plus proches de l'escrime médiévale que des acrobaties hongkongaise, des idées visuelles fortes et marquantes (les X-Wings en rase-motte au dessus d'un lac)... De la retenue et de l'inventivité, au service du film et de ses personnages.
Bref, je suis pleinement satisfait de ce Star Wars épisode VII - le Réveil de la Force.
Sous ses dehors d'opus faussement trop obséquieux, il opère en réalité un basculement vers l'avenir en évacuant le passé et prépare brillamment le terrain pour la suite - que l'on espère pleine de surprises et de révélations inédites (qui est Snoke ? qui est Rey ? comment Kylo Ren a-t-il basculé ?).
A la fois humble et ambitieux, le film excite l'imagination comme la trilogie originelle le faisait (en dessinant un contexte à demi-mot et en ouvrant des pistes multiples, par exemple) et nous rend très dures les deux années d'attente avant de découvrir la suite !