Modérateurs : Magistrats de Jade, Historiens de la Shinri
L'Appel de Mediapart, « Nous ne débattrons pas », est suffisamment explicite pour se passer de commentaires. En revanche, son succès en appelle. Son ampleur, la diversité de ses signataires comme leur croissance ininterrompue en ligne, est un événement qui va au-delà de son propos initial – le refus principiel de cautionner une machine infernale, de division et d'exclusion.
Pour nombre des premiers pétitionnaires qui, de plus, ne sont pas tous dans l'opposition systématique au pouvoir en place, il n'allait pas de soi de proclamer un refus symbolique de débattre alors même que la démocratie suppose la libre discussion et l'entière délibération. S'ils ont franchi ce pas, vaincu leurs réticences et, pour certains, quitté leur silence, c'est qu'ils partagent ce sentiment diffus que, dans cette affaire d'identité nationale, autre chose est en jeu qui nous dépasse et nous requiert : le salut d'une certaine idée de la France et du monde face à un pouvoir qui, l'abaissant et l'humiliant, nous fait honte.
Sans précédent depuis l'élection en 2007 de Nicolas Sarkozy, ce sursaut a pour moteur la compréhension qu'avec ce « grand débat sur l'identité nationale », se donne à voir la nature profonde du régime. Non plus seulement ses apparences et ses tactiques, ses coups ou ses esbroufes, son agitation ou sa personnalisation, mais sa régression essentielle, sa dangerosité véritable. Car cette manœuvre détestable ne se réduit pas à l'évidente fuite en avant d'un pouvoir privé de résultat tangible et confronté à sa propre faillite – quadruple faillite financière, économique, sociale et morale, largement documentée sur Mediapart.
Tout en cherchant à masquer cet échec, cette exacerbation du national comme pathologie de l'identité et fantasme de l'autre, comme fixité et fermeture plutôt que comme mouvement et ouverture, dévoile ce qui est politiquement à l'œuvre derrière le personnage présidentiel, les références partagées qui unifient son propre entourage et celui de son premier ministre, le projet idéologique qui réunit leurs principaux collaborateurs et conseillers.
Ici, deux discours font preuve. Ils ont été pesés, pensés et mûris. L'un a inauguré la séquence « Identité nationale », explicitant la mission confiée à Eric Besson : c'est celui de Nicolas Sarkozy à La Chapelle-en-Vercors, le jeudi 12 novembre. L'autre l'a prolongée, maintenant le cap malgré la polémique croissante : c'est celui de François Fillon, au colloque de l'Institut Montaigne, à Paris, le vendredi 4 décembre. Deux discours, deux moments, deux personnalités, deux fonctions, et, cependant, du président de la République au premier ministre, le même contenu, les mêmes références et la même intransigeance.
Il faut les lire avec attention, mot à mot, ligne à ligne, afin de prendre l'exacte mesure du retour en arrière que MM. Sarkozy et Fillon veulent imposer à la France. Une régression dont le levier est une insidieuse négation historique, révision mensongère de notre passé aux fins de libérer, honorer et banaliser les idées, les hommes et les époques qui ont incarné le refus des idéaux démocratiques et républicains.
Ca rappelle un peu les discours pré-électoraux d'ailleurs où, en chargeant l'Allemagne de tous les maux on exonérait rapidement la France de sa contribution aux horreurs de l'humanité (c'est moi qui ajoute cette citation):Le discours de Nicolas Sarkozy, d'abord. « Depuis deux cents ans, à part l'expérience sanglante de la Terreur, nul totalitarisme n'a menacé nos libertés. C'est que la culture française est irréductible au totalitarisme » : ne se rendant même pas compte de l'énormité de ce qu'il affirme, le président de la République énonce ce mensonge juste avant d'affirmer qu'en 1989, avec la chute du « Mur de la honte », « les valeurs de la démocratie et de la République triomphaient ».
Pour le coup, c'est la France qui, soudain, a honte. Car, d'une phrase d'une seule, l'actuel chef de l'Etat vient d'effacer le souvenir de l'Etat français de Vichy (1940-1944) et des indiscutables crimes du régime incarné par Philippe Pétain – synonyme de dictature personnelle, de terreur policière et de persécution raciale. Lequel régime, on l'oublie trop, issu de la droite extrême plutôt que de l'extrême droite, garda, au grand dam des authentiques fascistes français, trois des symboles nationaux auxquels Nicolas Sarkozy voudrait aujourd'hui, dans le même discours en Vercors, réduire l'« honneur d'être français » : le drapeau tricolore comme oriflamme, La Marseillaise comme hymne et le 14 juillet comme fête. Preuve, s'il en était besoin, que l'espérance républicaine ne s'y résume pas, et forcément les outrepasse.
Ca se poursuit avec l'analyse du discours de Fillon :La France n’a pas commis de génocide, elle n’a pas inventé la solution finale. Elle est le pays qui a le plus fait pour la liberté du monde. Elle est le pays qui a le plus fait rayonner les valeurs de liberté, de tolérance, d’humanisme.
Et les conclusions :Ici, les concessions à la laïcité sont de pure forme, balayées par l'insistance chrétienne : « La France est laïque, mais la France est tout naturellement traversée par un vieil héritage chrétien qui ne saurait être ignoré par les autres religions installées plus récemment sur notre sol. » « Plus récemment » est ici essentiel, affirmation non seulement d'une supériorité faite d'antériorité mais, surtout, d'un devoir de soumission des autres religions et, par extension, des cultures différentes.
« C'est aux étrangers qu'il revient de faire l'effort d'intégrer la France », lit-on quelques phrases plus loin, injonction qui transforme l'espoir de devenir français en épreuve contraignante plutôt qu'en rêve émancipateur : « Être français et vivre en France, c'est une chance mais c'est aussi une charge. » La France de MM. Sarkozy et Fillon n'accueille plus. Au mieux, elle recrute. Dans tous les cas, elle exige. Qu'on s'assimile, qu'on se soumette, qu'on se conforme, qu'on se convertisse, qu'on se noie et qu'on se perde. C'est une France de la ressemblance où la différence n'a pas sa place.
Evidemment, ces deux discours sont aussi parsemés de précautions ou d'allusions qui en masquent ou en atténuent la cohérence. Mais ce ne sont là que dénégations orwelliennes, mots vides de sens et références privées de signification. L'essentiel est ailleurs : pour la première fois depuis 1944-1945 s'énonce, au sommet de la République, l'idéologie de la droite extrême, celle qui fut au pouvoir avec Philippe Pétain sous Vichy, cette droite à la fois maurrassienne, orléaniste et élitiste qui n'avait jamais admis la démocratie libérale et qui vécut la victoire de l'Allemagne nazie comme sa divine surprise, cette droite que seules la victoire des Alliés et la personnalité de Charles de Gaulle obligèrent à admettre le principe de la République et sa devise de liberté, d'égalité et de fraternité.
Quand Alain Badiou se risqua, dès 2007, à évoquer le pétainisme à propos du sarkozysme, la comparaison pouvait surprendre, voire scandaliser. Désormais, c'est le pouvoir lui-même qui y incite avec ses obsessions et ses références qui, loin d'être sans histoire et sans précédents, ont un parcours et des antécédents – des racines en somme.
Axl2Baz a écrit :A Plan for the Improvement of English Spelling
by Mark Twain
For example, in Year 1 that useless letter "c" would be dropped to be replased either by "k" or "s", and likewise "x" would no longer be part of the alphabet. The only kase in which "c" would be retained would be the "ch" formation, which will be dealt with later. Year 2 might reform "w" spelling, so that "which" and "one" would take the same konsonant, wile Year 3 might well abolish "y" replasing it with "i" and Iear 4 might fiks the "g/j" anomali wonse and for all. Jenerally, then, the improvement would kontinue iear bai iear with Iear 5 doing awai with useless double konsonants, and Iears 6-12 or so modifaiing vowlz and the rimeining voist and unvoist konsonants. Bai Iear 15 or sou, it wud fainali bi posibl tu meik ius ov thi ridandant letez "c", "y" and "x" -- bai now jast a memori in the maindz ov ould doderez -- tu riplais "ch", "sh", and "th" rispektivli. Fainali, xen, aafte sam 20 iers ov orxogrefkl riform, wi wud hev a lojikl, kohirnt speling in ius xrewawt xe Ingliy-spiking werld.
Ouais, caricaturons à l'extrême le propos de notre interlocuteur pour le faire passer pour un con, comme ça plus de débat ni de discussion possible.Ouais, écrivons en phonétique, comme ça plus de dyslexie* ou de difficulté à l'écriture.
Ce n'était pas mon propos (à savoir une vanne qui introduisait de vraies interrogations sur les idéogrammes et autres types d'écritures), même si ça peut être compris ainsi. Par contre, je constate que tu es extrêmement doué à ce jeu-là, la suite de ton message est énorme.Ding On a écrit :Ouais, caricaturons à l'extrême le propos de notre interlocuteur pour le faire passer pour un con, comme ça plus de débat ni de discussion possible.
J'admets aisément que les exceptions sauvages non fondées sur une étymologie* ( bande de chacaux ! ) causent plus de problèmes qu'ils n'apportent de richesse à la langue ^^Tetsuo a écrit :Cependant je ne crois pas que notre bon français serait appauvri par une certaine uniformisation de ses exceptions (typiquement choux, hiboux, joujoux, cailloux...).
A dessein.Par contre, je constate que tu es extrêmement doué à ce jeu-là, la suite de ton message est énorme.
Ca fait peur.Kõjiro a écrit :(des trucs craignos)
Bah le langage sms est une mode, comme le verlan à son époque (même si certains ont réussi à se faire une place dans le dictionnaire car fortement utilisés...), pas une évolution de la langue.Ding On a écrit :C'est complexe et ça mérite plus que de balayer les interrogations par un recours à l'argument SMS (je pense que personne ici ne préconise d'officialiser le chatspeak).
Le meilleur commentaire :Kõjiro a écrit :Dommage que le ridicule ne tue pas. Vraiment.
jojototo
C'est pas pour être vache...
...Mais dans le clip, Gilbert Montagné au volant d'un gros 4x4, ça en dit long sur la manière dont le gouvernement conduit la politique de la nation...
Le mur se rapproche, bien droit pile en face.
Pas mieux, j'ai cité et fait tourner.Kõjiro a écrit :Dommage que le ridicule ne tue pas. Vraiment.
Quelqu'un leur a expliqué que l'on venait de doubler la dette en moins de deux ans, que le déficit explose littéralement (et pas uniquement, loin de là, à cause de la conjoncture), qu'on supprime des brassées de postes dans tous les services publiques, dans tous les domaines (éducation, sécurité, santé etc.) pour faire... des économies de bouts de chandelles dont l'addition ne couvre même pas la moitié de la perte engendrée par la seule baisse de tva dans la restauration dont les résultats en matière d'emploi et de baisse des prix sont bien connus, que le taux de défaillance des entreprises ne cesse de s'accroître, que le taux de chômage monte continuellement... Et ils sont content d'eux... En temps normal ce serait juste ridicule mais là...